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Plan lecture analytique Le pont Mirabeau Apollinaire

Fiche : Plan lecture analytique Le pont Mirabeau Apollinaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  28 Septembre 2016  •  Fiche  •  2 625 Mots (11 Pages)  •  4 428 Vues

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« Le pont Mirabeau »

Introduction

La « Belle Epoque » est la période précédant la Première Guerre mondiale caractérisée par une stabilité politique, une prospérité économique, un développement des sciences, une effervescence au niveau artistique et la naissance de la culture de masse. Apollinaire est un poète de cette période artistiquement foisonnante. Cet auteur mal-aimé et malheureux en amour est un grand créateur en matière de poésie et fait partie intégrante de l’« Esprit Nouveau ». Ce mouvement créé en 1917 lors d’une conférence sur la modernité en poésie donnée par Guillaume Apollinaire pose cinq grands principes : l’effet de surprise, un poète visionnaire et prophète, une inspiration du quotidien, une exaltation du progrès ainsi que l’emploi d’un lyrisme moderne. Dans Alcools publié en 1913, Apollinaire met en pratique ces principes en évoquant une constante opposition entre la tradition et la modernité ainsi qu’une importante part autobiographique notamment par rapport à la perte de ses amours qui lui sont chers.

« Le pont Mirabeau », deuxième poème du recueil situé juste après « Zone » a été écrit peu après la rupture avec Marie Laurencin. Apollinaire évoque dans ce poème la rupture définitive autour de deux thèmes dominants : la fuite du temps et la perte de l’amour. « Le pont Mirabeau » suggère aussi de part son titre un pont parisien. Deux raisons peuvent expliquer ce choix, une première autobiographique avec la traversée régulière du pont par le poète pour rejoindre Marie et une seconde correspondant à l’« Esprit Nouveau ». Mirabeau est en effet un pont métallique qui chante le nouveau monde industriel.

LECTURE

Comment Apollinaire renouvelle-t-il le lyrisme traditionnel ?

La lecture analytique étudiera d’abord l’élégie du poème, puis elle mettra en évidence le renouvellement du lyrisme et des clichés poétiques avec la musicalité du poème et son caractère incantatoire.

  1. Un poème élégiaque
  1. L’expression du temps qui passe
  • Volonté de retenir le temps
  • Enjambements
  • Strophe 2
  • Ambiguïtés sémantiques et syntaxiques
  • Lexique banal et traditionnel
  • « Les mains dans les mains, restons face à face » (v.7)
  • Le poète souffre de ne pas pouvoir retenir le temps
  • Tradition romantique
  • Champs lexical de l’eau qui coule
  • « la Seine », « couler », « l’onde »,
  • Chaque vers s’écoule et mime l’eau qui coule
  • Champs lexical du passage
  • « venir », « passer », « s’en aller »
  • Lié à la disparition de l’amour
  • Fluidité du poème ; fuite du temps et amour perdu
  • Volonté d’accélérer le temps pour moins souffrir
  • Refrain avec oppositions
  • « nuit » (temps de répit) et « jour », « temps », « heure »
  • Ennui
  • « semaines » (élargissement, caractère systématique)
  • Le poète passe son existence à attendre et souffre
  • Jeu sonorité
  • « je demeure »
  • Idée de mort avec la fuite du temps
  • Traitement moderne du temps avec l’approche de la mort en demandant son accélération
  1. Le poème est une complainte sur l’amour disparu
  • Chanson (complainte = chanson)
  • Thème du souvenir
  • Désespoir du poète
  • Strophe 3 sans enjambement
  • Souhait de rester dans les souvenirs strophe 2 → « Restons » évoque ce souhait désespéré
  • Plusieurs imparfaits et de présents à valeur de passé
  • « venait »
  • Souffrance du poète
  • Absence ponctuation (exclamations)
  • Présent de vérité générale
  • Dès la 3ème strophe
  • Le passé est définitivement révolu et ne reviendra jamais
  • Allégorie sur l’espérance vers 16
  • Le poète espère qu’elle revienne
  • Expression plainte avec assonance en « ou » strophe 1
  • Etat suicidaire : il s’approche de la mort en demandant l’accélération du temps
  1. Une image symbolique de la permanence de l’être
  • Refrain répété à quatre reprises
  • Effet cyclique de retour
  • Symbolise la permanence de l’amour/être
  • Comparaisons et symboles
  • Eau = fuite du temps = amour perdu
  • Contrasté avec « je demeure »
  • Continuité du fleuve
  • Pont représente l’éternité et la permanence
  • Solide, statique, figé, immobile
  • Evoqué avec le titre et les strophes 1 et 4
  • Tradition lyrique renouvelée : seul le poète reste au plus près du pont

  1. Le renouvellement du lyrisme et des clichés poétiques : un poème musical et incantatoire
  1. Le refrain et les répétitions : une forme-sens fondée sur la circularité et les répétitions
  • Une forme régulière
  • Quatre strophes interrompues par un refrain
  • Quatre quatrains en décasyllabes
  • Distiques constituant le refrain
  • Cassure du rythme et de la régularité du rythme
  • Décasyllabe central de chaque quatrain disloqué sur deux vers (4/6)
  • Changement effectué tardivement puisqu’il y avait 3 décasyllabes au moment de sa parution dans les Soirées de Paris
  • La forme évoque un pont
  • Deux vers aux extrémités les cotés du pont
  • Les deux vers centraux le passage
  • Perspective d’intégrer le fond et la forme visuellement
  • Une forme sens qui atténue le lyrisme traditionnel
  • Effet cyclique de retour
  • Chanson avec un refrain répété
  • Vers impair du refrain (heptasyllabe)
  • Très musical et symbole de la modernité depuis Verlaine
  • Répétition des vers 1 et 22
  • Thème du souvenir
  • Strophe 2 notamment
  • Occurrences
  • « aller », « venir », « couler » => retour au point de départ
  1. La musicalité du poème : un rythme qui crée des ambiguïtés et des sonorités très travaillées
  • Une chanson
  • Refrain / couplets
  • Répétition sonores
  • Vers 13-14 ; vers 15-15
  • Symétrie vers 7-8 ; vers 19 ; vers 20-21
  • Diérèse
  • « violente »
  • Allitérations et assonances
  • Son « ou » repris 6 fois dans la strophe 1 → douleur, souffrance
  • Allitération en « l » tout le long du poème → fluidité de l’eau et du poème
  • Chiasme
  • « éternel » / « lasse » (v.10)
  • Lassitude des amoureux et éphémérité de l’amour
  • Rimes
  • Régulières
  • Rimes féminines
  • Vibrent  en restant ouvertes
  • Suggèrent l’expression des sentiments
  • Douceur et fluidité du poème
  • Brouillage des pistes
  • Absence de ponctuation
  • Ambiguïté, phrases équivoques, plus grande liberté d’interprétation
  • Points d’exclamations
  • Fluidité du poème
  • Enjambements
  • Vers 1 à 3 : deux possibilités de sens
  • « nos amours » → sujet inversé (comparaison eau et amour)
  • « nos amours » → COI de se souvenir (liaison avec le souvenir et la nostalgie)
  • Création de sens équivoques
  • Ambiguïté refrain
  • « Les jours s’en vont je demeure » : deux possibilités d’interprétation au niveau de la juxtaposition
  • Force vitale → affirmation de la permanence individuelle, addition (et)
  • Mélancolie → fatalité et poète victime de la situation, concession (mais)
  • La conjonction permet de modifier le sens et de brouiller les pistes
  1. La simplicité et la pudeur extrêmes dans l’expression du sentiment
  • Expressions des sentiments
  • Première personne
  • Souffrance et énergie diffuse
  • Référence au romantisme avec dépassement
  • Généralisation
  • Etude des pronoms personnels
  • Début du poème avec la première personne « je », « nos »
  • Emploi progressif de la troisième personne pour généraliser « s’en va », « les »
  • Intégration du lecteur avec « nos »
  • Présent de vérité générale sur son expérience personnelle (strophe 4)
  • Devient pudique en généralisant l’expression de ses sentiments

Conclusion

Ainsi Guillaume Apollinaire renouvelle le lyrisme traditionnel au travers d’un poème élégiaque, musical et incantatoire en employant la modernité de l’«Esprit Nouveau ». Tout d’abord, Apollinaire utilise une forme moderne pour renouveler le lyrisme. Il utilise également les thèmes lyriques traditionnels avec la fuite du temps, la mort, l’amour perdu, la nature et le souvenir en les dépassant. En effet, au lieu de demander à retenir le temps, il souhaite son accélération pour arriver jusques la mort. Sa souffrance exprimée en raison de la perte définitive de son amour se généralise également, pour que le lecteur se sente impliqué et que l’expression de ses sentiments devienne pudique. Enfin il crée un rythme ambigu parsemé de ruptures et accompagné de sonorités très travaillées afin de brouiller les pistes et répondre aux critères de l’«Esprit Nouveau ».

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