Commentaire Les Précieuses Ridicules Molière Acte I Scène 4
Commentaire de texte : Commentaire Les Précieuses Ridicules Molière Acte I Scène 4. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Julia Guerin • 1 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 4 468 Mots (18 Pages) • 8 818 Vues
L’objet de nos études est « Les Précieuses Ridicules », une pièce de théâtre
comique écrite pas Molière. Cette pièce met en scène la critique de la préciosité au
XVIIème siècle. Dans la scène 4, on trouve Magdelon et Cathos, fille et nièce d’un
bourgeois Gorgibus. Les deux filles reviennent de leur rencontre avec La Grange et
Du Croisy (deux nobles avec qui Gorgibus souhaite les marier) mais ne sont pas
satisfaites de l’entrevue. Gorgibus leur demande donc des explications.
Dans quelle mesure Molière arrive-t- il à divertir en mettant en scène deux partis
qui ne se comprennent pas, tout en amenant le spectateur à réfléchir sur les
fondements du mariage ?
Trois aspects de cette scène sont : la comédie avec les exagérations des
attentes des précieuses ainsi que le contraste entre deux partis qui ne se
comprennent pas, dans un deuxième temps la critique de la préciosité et de la
conception irréaliste de l’amour, et enfin la réflexion de l’auteur sur le mariage arrangé,
et l’ignorance des précieuses quant à la passion.
Dans un premier temps nous allons étudier l’aspect comique de cette scène
reposant sur l’utilisation d’exagérations et de l’incompréhension entre les deux partis.
Les deux jeunes filles rejettent l’idée du mariage arrangé ; elles veulent vivre une
histoire d’amour passionnée. Elles attendent d’un amant qu’il leur fasse une cour en
bonne et due forme. La tirade de Madelon contient une utilisation exagérée du lexique
de la passion : « aventures », « tendre », « doux », « passionné » « amoureux »,
« mélancolique ». Elles imaginent un parcours presque balisé auquel doit s’astreindre
chacun de leurs prétendants: il doit d’abord « cacher un temps sa passion », puis faire
sa « déclaration ordinairement dans une allée de quelque jardin », laquelle est suivie
d’un « courroux […] qui bannit l’amant de notre présence », puis de rivalités entre
l’amant et la famille, se terminant pour n’atteindre le mariage qu’à l’issue de ce long
parcours. Cette succession d’étapes s’apparente tellement à ce que l’on trouverait
dans un roman fictif qu’elle en est irréaliste et divertissante. L’homme doit être non-
seulement parfait, patient, amoureux, mais doit aussi pouvoir lire dans les pensées de
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la jeune femme à qui il fait la cour, afin de connaître le parcours qu’il doit suivre. Le fait
que les précieuses aient planifié le parcours avec tant de détails est aussi comique.
Cette énumération et la vision idéaliste qu’ont les précieuses de l’amour sont
comiques à une époque où le mariage arrangé est fréquent et les sentiments des
mariés l’un pour l’autre sans importance. Gorgibus, surtout, étant beaucoup plus
pragmatique, ne comprend pas ces attentes.
Un second aspect du comique de cette scène est le contraste de caractères et
d’idées entre les personnages de Gorgibus d’une part, et de sa fille et sa nièce d’autre
part. Gorgibus est un bourgeois, un commerçant, souhaitant marier sa fille et sa nièce
pour ne plus avoir à supporter le charge financière de leur présence chez lui, et afin
qu’elles obtiennent un titre de noblesse. Inversement, Magdelon et Cathos n’ont aucun
désir d’épouser des hommes pour lesquels elles n’ont à ce jour aucun sentiment. Cet
aspect est comique car les précieuses ont une attitude prétentieuse, même
méprisante envers Gorgibus qui les héberge et les entretient. On notera ainsi les
tirades « cela me fait honte de vous ouïr parler de la sorte » ou encore « que vous
êtes vulgaire ». Elles utilisent un langage également un langage méprisant vis-à- vis de
La Grange et Du Croisy par l’emploi d’expressions telles que « ces gens-là », « quelle
frugalité d’ajustement » et « sécheresse de conversation », apportant un comique de
caractère et de mots. L’usage de ces expressions ne manque pas d’ironie, puisque les
deux hommes sont d’une classe sociale supérieure à celle des deux filles. Enfin,
Gorgibus ne tente même pas de comprendre les deux jeunes filles. Pour lui, il est
naturel que les filles épousent des hommes choisis par lui. Il trouve que Du Croisy et
La Grange sont deux hommes convenables. Gorgibus considère les attentes des
jeunes filles comme irrecevables. Il prend un ton sec et exaspéré : « Que me vient
conter celle-ci ? » et menace de les envoyer dans un couvent si elles ne se sentent
pas prêtes à se marier. Les demandes et explications des précieuses sont très males
reçues par Gorgibus : « Je pense qu’elles sont folles toutes deux, et je ne puis rien
comprendre à ce baragouin », apportant un comique de mots à la pièce. Ceci nous
mène à étudier la critique de cette vision idéaliste de la passion, et la préciosité des
deux jeunes filles.
Dans un deuxième temps nous pouvons étudier la critique de la préciosité à
travers la scène. La préciosité est représentée par Magdelon et Cathos, deux jeunes
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filles issues de la bourgeoisie. Leur préciosité est présentée dans leurs manières de
s’exprimer et de se comporter. Cette critique est mise en valeur tout d’abord par
l’exagération de la préciosité du langage de Magdelon et de Cathos. Elles utilisent des
tournures de phrases et des expressions qui semblent trop recherchées – précieuses
– telles que : « souffrez qui nous prenions… », et « apprendre le bel air des choses ».
Les deux jeunes filles font également une description très hautaine de Du Croisy et La
Grange, deux nobles qu’elles devraient épouser. Elles disent d’eux « venir en visite
amoureuse avec une jambe toute unie, un chapeau désarmé de plumes, une tête
irrégulière en cheveux, et un habit qui souffre une indigence de rubans ». Les
expressions « une tête irrégulière en cheveux » pour dire une tête chauve, et « un
habit qui souffre une indigence de rubans » pour exprimer l’idée d’un habit simple sont
exagérément précieuses. De plus, la condescendance qui ressort de cette description
ajoute à la préciosité de leurs propos : elles s’expriment comme si elles ne faisaient
pas partie du même monde que Du Croisy et La Grange et ne sauraient donc
envisager un mariage avec eux. Cette critique sur le physique des hommes a aussi
plusieurs significations. Tout d’abord, elle montre le manque de profondeur de
réflexion des jeunes filles. En critiquant le physique et l’apparence, elles montrent
qu’elles n’ont pas appris à connaître les hommes, et n’ont rien à commenter à part la
première impression qu’elles ont d’eux, à savoir la manière dont ils s‘habillent. Cela
dénote également que les deux jeunes filles s’intéressent avant tout aux possessions
matérielles. Ceci est de nouveau ironique, étant donné que les jeunes
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