Commentaire composé François le Champi
Commentaire de texte : Commentaire composé François le Champi. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Camille Flo • 28 Mars 2023 • Commentaire de texte • 2 414 Mots (10 Pages) • 412 Vues
Commentaire composé François le Champi
(p201-203)
François le champi est un roman réaliste éponyme écrit par Georges Sand, qui a d’abord été publié en feuilletons dans le journal des débats en 1848. Ce roman raconte l’histoire de François Fraise, aussi appelé « François le Champi » car ses parents l’ont abandonné à la naissance. Il est rapidement recueilli par Madeleine qui l’élèvera comme son fils, et avec lequel elle finira par se marier.
L’extrait qui nous est proposé d’étudier est le début du chapitre 20, qui arrive après l’analyse des dettes faîtes par François ainsi que sa manigance afin de piéger la Sévère. Au début de ce chapitre, survient une dispute entre François et Mariette. Mariette est un nouveau personnage, présent depuis seulement 4 chapitres, et dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’elle est la sœur du défunt Cadet Blanchet.
Nous pouvons nous demander, comment cet extrait parvient t-il à nous dévoiler la véritable personnalité des personnages ? Afin de répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps que cela se fait grâce à la structure du texte, ensuite nous verrons que c’est à l’aide d’un dialogue vigoureux et comique.
Cet extrait débute par une intervention du narrateur qui nous annonce le décor, cette intervention permet de nous donner le cadre de la potentielle raison de la dispute future. Il nous explique le jour était « déjà grand », l’utilisation de l’adverbe déjà suivi de l’adjectif grand insiste sur le fait que la journée était déjà bien entamée, ce qui souligne la paresse de Mariette, qui vient de sortir de son « nid ». Mariette est animalisée et comparée à un oiseau : c’est une « petite pie », ce qui est réaffirmé par le parallélisme syntaxique : « du si beau noir et du si beau blanc », ainsi qu’avec les deux adverbes d’intensité « si », ce qui insiste sur l’apparence de Mariette, qui ressemble à une pie volant de courtisans en courtisans. On dit d’une pie qu’elle est bavarde, voleuse… Dès le début nous assistons à une présentation péjorative de Mariette. Le narrateur, ici extradiégétique, se moque de Mariette : il l’a décrit comme « bien attifée dans son deuil ». Attifer est un mot qui a une connotation péjorative et qui veut dire s’habiller avec mauvais goût, il utilise « bien » qui ici est un adverbe de manière, ce qui vient renforcer sa critique. Le narrateur utilise beaucoup d’adjectif pour qualifier Mariette : il y en a huit en seulement neuf lignes. Beaucoup d’entre eux sont utilisés pour se moquer d’elle : il emploie « grand » en parlant de son souci (qui ici est ne pas pouvoir aller danser dans les assemblées), ce qui est bien sûr moqueur, puisqu’au vu de la situation, c’est-à-dire la mort de son frère et la maladie de Madeleine, cela devrait être le cadet de ses soucis, or ça ne l’est point, ce qui montre bien les considérations de Mariette : mais ce souci n’est seulement que « pour un temps » comme le dit le narrateur : Mariette compte bien rattraper le temps perdu lorsqu’elle ne sera plus en période conventionnelle de deuil. Les deux adjectifs suivants (bon et grandement) sont encore utilisés par le narrateur pour satiriser Mariette : elle qui a un si « bon » cœur, elle plaint « grandement » ses galants qui ne peuvent pas profiter d’elle, ce qui montre que Mariette a une considération pour elle-même démesurée.
A la suite de l’intervention du narrateur, le dialogue entre François et Mariette commence : il nous permet d’en apprendre plus sur la situation des personnages. Ce dialogue porte, dans un premier temps, sur le rôle de chacun dans la maison : Mariette voit François ranger des papiers dans la chambre de Madeleine, ce qui prouve qu’il n’est pas un simple domestique : il est dans la chambre, le lieu du coucher, et aussi celui du couple, c’est un lieu intime, ce qui peut déjà évoquer le futur mariage avec Madeleine, et peut-être susciter une certaine jalousie chez Mariette. De plus, il se préoccupe de « ranger les papiers » de Madeleine, ce qui est le travail du maître de la maison. François ne s’affère pas seulement aux papiers, comme dit Mariette « vous faites la farine, vous faites les affaires, vous faites la tisane… », l’anaphore insiste sur le nombre de tâches que François accomplit, et l’allitération en f peut traduire un soupir ou un soufflement de Mariette voyant que François s’occupe de toute la maison, ainsi que du travail des femmes. En effet, dans un second temps, ce dialogue s’oriente vers Mariette : vu qu’elle se lève trop tard et qu’elle ne se préoccupe que d’elle, elle a laissé Catherine veiller seule sur Madeleine pendant quinze nuits, c’est donc François, ne pouvait compter que sur lui-même, qui veille sur Madeleine, en plus du travail qu’il doit assurer. Mariette est une jeune femme sur laquelle on ne peut pas compter, et qui est irresponsable. Elle se permet même d’accabler François en voyant que c’est lui qui garde Madeleine lorsqu’elle dit « Mais où est donc passée la Catherine, que vous êtes là à garder la malade ? » Mariette ne semble avoir que peu de considération pour Catherine, elle parle d’elle comme si c’était une chose devant se trouver toujours au même endroit, alors que ce n’est pas plus le travail de Catherine que de Mariette de veiller sur Madeleine : au contraire, Madeleine est la belle-sœur de Mariette, elle devrait donc veiller plus que la domestique sur elle. Au lieu de cela, elle appelle Madeleine « la malade », comme si c’était une personne sans importance. Plus tard dans le dialogue, elle feindra l’attention pour Madeleine en l’appelant à plusieurs reprises « ma belle-sœur », mais seulement lorsqu’elle se verra prise de court par François.
Par sa structure particulière, ce récit nous permet d’avoir, dans un premier temps, une vision plus approfondie des personnages ainsi que leurs rôles dans la maison : on comprend que François s’occupe de toutes les tâches dans la maison, tandis que Mariette, elle, semble être une invitée qui ne se soucie pas des affaires de la demeure. Cette opposition entre les deux personnages se fait, dans un second temps, à travers un échange musclé et railleur que nous allons aborder.
Le dialogue commence par une exclamation de Mariette, ce qui donne immédiatement le ton de du dialogue, puisque ce n’est pas une exclamation de joie, mais plutôt de questionnement, elle semble choquée que François s’occupe des affaires personnelles de Madeleine. Elle l’appelle même « Monsieur le meunier », ce titre peut faire écho au nom du maître de maison, qui jusqu’ici était son frère, Cadet Blanchet, ce qui pourrait être un reproche : François se prend pour le maître de la maison, or il n’en est rien. Elle le sous-entendra à la fin de l’extrait : « vous agissez trop comme si vous étiez le maître de maison, et pourtant… » Les points de suspension donnent l’effet de doute et d’hésitation, Mariette semble être prête à se laisser déborder par sa colère, et devenir outrageante en disant à François qu’il a de la chance d’être là, et qu’il n’est qu’un simple domestique, bien que cela aille à l’encontre de l’avis de Madeleine, qui ne cesse de répéter que François est comme son fils. Mariette se sent supérieure socialement à François et elle n’accepte pas qu’il se permette de la réprimander ou de lui répondre comme il le fait. En effet, François ne se laisse pas démanteler par les moqueries de Mariette, il n’est plus un enfant qui ne sait rien, on nous dit « qu’il vit bien qu’on le regardait d’un bon œil tout en le taquinant de la langue », ce qui prouve qu’il a de l’esprit, et qu’il est capable d’avoir de la répartie : il renvoie à Mariette sa moquerie, et lui rappelle sa paresse. Il ne se laisse pas intimider par ses tentatives de gouvernes, et la mets même au défit lorsqu’il lui dit « J’attends votre plaisir, demoiselle », après qu’elle l’ait menacé, d’a son tour, se moquer de lui. Cette résistance de François finit par agacer Mariette, on peut le voir par les deux interjections « bon ! bon ! » : elle tente de changer de sujet, puisqu’elle a perdu la bataille contre François. Elle l’accuse de « mal prendre son temps », ce qui est impudent, puisque c’est elle qui passe son temps à ne rien faire, tandis que François passe ses journées à travailler. Mariette incrimine François : il parle trop et trop fort, ce qui ne peut donner de repos à Madeleine. Dans la suite du dialogue, une opposition forte se fait alors entre Mariette et François dans leurs façons de parler : en effet, François, et cela jusqu’à la fin de leur discussion, parle à Mariette « bien doux », l’adverbe de manière bien insiste sur l’opposition entre sa manière de parler et celle de Mariette, il lui parle également « sans s’échauffer autrement », ce qui montre bien sa maturité et sa grandeur d’esprit. Effectivement, Mariette utilise l’impératif « assez », qui est le ton de l’ordre, mais semble se résigner puisqu’elle ajoute « s’il vous plaît », se rappelant que c’est elle la première qui a dit à François de parler moins fort. Mariette est présentée « rouge de dépit », voyant qu’elle a, une seconde fois, perdue la lutte contre François, on voit ici une opposition claire avec le début de la discussion : au début de l’échange, on peut déceler une veine tentative de séduction de la part de Mariette, qui le taquine et qui l’appelle « beau meunier », mais cette volonté de séduire est vite remplacer pas de l’agacement pour Mariette. La nervosité est grandissante, elle ne fait que s’accroître tout au long du récit. Le summum de la colère de Mariette est à la fin de l’extrait : celle-ci change « subitement » de ton, voyant que François l’accuse de ne pas avoir aider Catherine pour veiller sur Madeleine.
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