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Commentaire composé Louise Labé Je vis Je meurs

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Par   •  25 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  1 833 Mots (8 Pages)  •  392 Vues

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BRINI Adam                                                                                                 2de 10

Un œuvre lyrique est une œuvre dans laquelle l’auteur exprime ses sentiments. Louise Labé, poétesse française du XVIe siècle est aujourd’hui connue pour ses nombreux sonnets lyriques tournants autour de la souffrance amoureuse.  Le VIIIème sonnet de son recueil de poésies "Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie" est publié en 1555, et s’inscrit dans la tradition Pétrarquiste de la poésie amoureuse. C’est un sonnet en décasyllabe à rimes embrassées. Ce sonnet lyrique a pour sujet l’amour, mais il prend toute son originalité par la variété des émotions que l’auteur évoque et opère à l’intérieur d‘une forme fixe.                                                                                                                                               De quelle façon Louise Labé, poétesse de la renaissance, parvient-elle à expliquer que l’amour est un sentiment à la fois magique et atroce ? Nous répondrons à cette question par trois axes différents, dans un premier temps, nous analyserons les sentiments paradoxaux que Louise Labé exprime, ensuite nous verrons que Louise Labé est emprise dans une force inexorable la dépassant

        

Tout d’abord, Louise Labé, dans la totalité de son premier quatrain, évoque un mal paradoxal. En effet, on retrouve dans chaque vers de cette première strophe une contradiction dans les paroles de la poétesse. Ainsi, on peut identifier à ces oppositions l’antithèse, qui vient créer une dichotomie entre la vie et la mort « je vis, je meurs » car, en référence à la vanité, tout se termine par la mort, mais aussi avec le feu et l’eau « je me brûle et me noie », et par conséquent le chaud et le froid « j’ai chaud extrême en endurant froidure ». On comprend alors que la poétesse lyonnaise se retrouve déphasée entre la vie et la mort, puisque souffrances lui sont infligées, mais aussi paniques, anxiété, épuisement, nervosité, ce qui lui causera cette sensation de chaud et froid simultanés. De plus, l’utilisation de l’oxymore « la vie m’est et trop molle et trop dure » montre à la fois la monotonie de la vie de Louise Labé, lasse et fastidieuse, mais aussi la dureté du monde qu’elle subit, aigrie et amer. On retrouve en ce parallélisme un « et » supplémentaire, une conjonction de coordination inutile utilisée pour respecter l’équilibre entre les deux états opposés. Louise Labé veut en réalité démontrer ici que la vie lui est froide, noire, sans vie et sans amour réciproque. Finalement, l’apparition de longs mots tels que « entremêlés » et « inconstamment » évoquent la variation et l’instabilité, tout juste opposés par l’accumulation de mot très courts en début de la première strophe « vis », « meurs », « brûle », « noie », « chaud », « froidure », « molle », « dure », « ennuis », « joie ». Or on constate aussi que le positif et le négatif sont déséquilibrés. Les « ennuis » sont au pluriel, tandis que la « joie » est au singulier. Elle semble alors créer une discontinuité pire encore qu’un ennui constant. Cependant, dans les vers V et VI, Louise Labé exprime ici un sentiment de bonheur malheureux, comme le souligne les antithèses « Tout à un coup, je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j’endure ». En effet, la poétesse se retrouve entre joie et souffrance, bonheur et malheur, animée par l’amour et blessée par sa non réciprocité. Enfin, au dernier vers du dernier quatrain, Louise, tout en même temps, « sèche » et « verdoie ». Ces antonymes expliquent le sentiment de sècheresse, d’abandon, de solitude, entremêlés de soulagement, d’un souffle de réconfort dû au renoncement de l’amant de la poétesse. Une sorte de mal pour un bien, un au revoir douloureux pour une vie moins amère.                                                                                                                                         Impossible de rétablir un ordre logique, les phrases s’enchaînent sans relation. C’est ce qu’on appelle une parataxe. Elles sont juxtaposées sans lien logique. L’utilisation des deux points « : » est aussi confuse. Impliquent-ils une cause, une conséquence ? Cela participe à la confusion temporelle, mais, cela permet aussi de créer un effet de mystère qui intrigue le lecteur, la cause de ces symptômes sera retardée le plus possible. On peut donc qualifier le sonnet VIII d’élégiaque, car il laisse paraître un sentiment de mélancolie lié aux tourments que provoque l’amour chez son auteure, comme en confirment les sensations extrêmes et contradictoires qu’elle ressent.

La flamme, en poésie, est utilisée pour parler de la passion amoureuse. Généralement, une flamme amoureuse est romantique, passionnée, mais chez Louise Labé, la flamme est un piège dont il faut se méfier, car une fois prise dans ce piège, difficile est-il de s’en échapper. L’auteure elle-même fait comprendre à travers ses rimes qu’elle fut prise dans les braises de la flamme par sa naïveté et faiblesse. Elle « brûle », elle a « chaud extrême en endurant froidure ». Le verbe « endurer » utilisé ici au gérondif insiste justement sur la durée et la simultanéité de la souffrance de l’auteure. On comprend donc qu’elle est prise au piège malgré elle dans le cercle infernal qu’est la non réciprocité de l’amour.

Au vers 9 apparaît pour la première fois le mot « amour » comme élément perturbateur du poème, qui vient bouleverser sous forme d’allégorie la tournure du poème, faisant donc du « je » un objet et d’« Amour » le sujet. En effet on peut le constater dans les vers 9 « Amour inconstamment me mène » et 14 « il me remet en mon premier malheur ». On comprend donc que « Amour » est une force qui dépasse l’individu, qui contrôle l’âme de la poétesse. En effet les verbes « mener… se trouver hors… être au haut… remettre » forment une métaphore où les mouvements de l’âme sont comparés à une danse qui est dirigée par l’allégorie de l’Amour. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, Louise Labé n’évoque en aucun cas l’être aimé, mais interagit seulement avec l’allégorie de l’Amour, on comprend donc qu’elle est prise au piège par le sentiment amoureux et non par son amant, donc il lui sera plus difficile de s’échapper de ce piège car celui-ci n’est pas physique mais seulement psychologique, dépassant donc l’individu. On retrouve alors une Louise Labé dépassée, incertaine en ses jugements. Elle « pense avoir », elle « croi[t] ». Enfin, on retrouve dans ce sonnet un effet de boucle, de cercle vicieux et sans fin. En effet, Louise Labé, par le dernier vers de son dernier tercet « il me remet en mon premier malheur » nous invite à retourner au début du poème, en renvoyant implicitement à « je meurs », qui d’ailleurs, en plus d’être son « premier malheur », rime avec ce dernier vers. Le poème se referme alors sur lui-même, tout comme le serpent de la mythologie, Ouroboros, qui symbolise le perpétuel recommencement. En outre, cet effet de boucle sans fin est déjà annoncé par la structure du sonnet. En effet, chaque strophe commence et termine par la même rime, sauf le dernier qui forme une rime interne avec le premier vers. De plus, la disposition des rimes ABBA ABBA CDC CDD n’est pas une disposition habituelle du sonnet.                                      Louise Labé est donc dans ce sonnet sous l’emprise d’une force qui la dépasse, l’Amour personnifié considéré ici comme un mal inexorable qui vient la piéger dans une boucle extrême et sans fin.

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