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Commentaire de la scène 7 de l'acte V de Lorenzaccio de Musset

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Par   •  22 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  1 694 Mots (7 Pages)  •  3 669 Vues

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Lorenzaccio est un drame romantique d’Alfred de Musset publié en 1834 dans Spectacle pour un fauteuil. Dans cette pièce, Lorenzo de Médicis, que le peuple appelle Lorenzaccio en raison de sa débauche et de sa couardise apparente, a tué le duc de Florence, Alexandre de Médicis. À cause de ce tyrannicide dont les républicains n’ont pas su tirer parti, la tête de Lorenzo a été mise à prix dans toute l’Italie. La scène 7 de l’acte V est l’avant-dernière scène de la pièce et la dernière scène qui campe Lorenzo et Philippe Strozzi. En quoi cette scène est-elle le dénouement d’un drame romantique ? Pour y répondre, dans une première partie, nous verrons la présence du registre tragique dans cette scène ; puis, nous nous intéresserons aux différences radicales entre les personnages de Lorenzo et de Philippe ; enfin, nous observerons les registres polémique et satirique qu'usent Lorenzaccio qui soulignent le malaise psychologique qu’il éprouve.

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Le registre tragique est très présent dans cette avant-dernière scène de Lorenzaccio. En effet, dans le registre tragique les personnages sont aux prises avec un destin implacable. Bien que le mot « destinée » n'apparaisse qu'une seule fois dans la scène dans la réplique de Philippe « ne tentez pas la destinée » (l. 3-4), l’idée est omniprésente dans le texte.

L’idée de la mort pour Lorenzo comme destinée finale, se traduit par la présence, de nombreuses fois, du champ lexical de la mort : « ma mère est morte », « la mort n’existe pas », etc. Il y a plus de quatorze mots appartenant au champ lexical de la mort dans toute la scène. Cette présence de la mort est bel et bien associée au registre tragique par le fait qu’il est indiqué de nombreuses fois que celle-ci aura bien lieu, avec, par exemple Philippe qui dit « tu te feras tuer dans toute ces promenades » (l.58). Ici, l’usage du « tu » au lieu du « vous » précédemment employé renforce la portée du propos de Philippe.

La fatalité du destin est également accentuée par la répétition implacable de « venez […] faire un tour de promenade » (l.2) dans la bouche de Lorenzo, coupant court à la discussion, plusieurs fois dans la scène. La répétition de cette phrase crée un rythme macabre dans la scène, mais rend aussi la mort de Lorenzo plus tragique. De plus, l’agitation extrême de Lorenzaccio dans cette scène crée une sorte de fébrilité elle-même annonciatrice de la mort.

Le rôle des valets est également intéressant dans cette scène : ce sont eux qui rapportent la nouvelle de la mort de Lorenzo ; ils sont donc des agents du destin. Mais plus que cela, le « ne voyez-vous pas » (l. 86) en réponse à l’espoir exprimé par Philippe que Lorenzo ne soit « que blessé » (l. 85) a pour but d’achever l’espoir que Philippe avait sur la grandeur de l’homme qui n’est dorénavant plus rien. Peut-être pourrions-nous comparez le rôle de Pippo à celui du coryphée dans les pièces de Sophocle.

Ainsi, il s’agit d’une scène tragique par la présence de la mort à laquelle Lorenzo est destinée. Comment cette tension est-elle accentuée par les différences entre les deux personnages ?

Philippe a, comme nous l’avons vu juste avant, espoir en l’avenir. Cet espoir était incarné par la jeunesse de Lorenzo : « vous êtes jeune » (l. 28). Celui-ci cherche à trouver dans Lorenzo ce qui pourrait soigner son « cœur » (l. 66). Lorenzo a « beaucoup fait » (l.28) et par ce meurtre se sent devenu « plus vieux que le bisaïeul de Saturne » (l. 29), comme il le dit dans une hyperbole. Mais plus que cela, cette vieillesse d’âme est un indice de plus qui le rapproche de la mort, laquelle est évoquée comme chose certaine dans la deuxième réplique de Lorenzo. Il existe donc un contraste entre la jeunesse physique de Lorenzo qui n’a « point encore fini sur Terre » (l. 46) et le fait qu’il soit aussi proche de la mort, donc vieux.

Cette scène pose également la question du libre arbitre de l’homme. Selon Lorenzo, l’homme est enchaîné à sa destinée, c’est « une machine » (l. 47) – ce qui induit l’idée d’une déshumanisation , et Lorenzo a été programmé pour « un meurtre seulement » (l. 47). La machine n’ayant plus aucune raison d’être, ayant fait ce pour quoi elle était programmée, elle doit donc être détruite et Lorenzo doit mourir. Cette idée est également exprimée avant par « je suis plus creux et plus vide qu’une statue de fer blanc » (l. 25-26). Il se compare là aussi à un objet qui a été vidé de sa substance par le meurtre. Philippe pense toujours qu’il y a espoir, veut que Lorenzo se détache de son destin, maintenant qu’il l’a accompli, et qu’il redevienne « un honnête homme » (l. 51) car son masque de débauche est tombé.

Mais la réplique de Philippe « ton cœur est très malade » (l. 67) est sûrement l’explication du fait que Lorenzo soit dans cet état de malaise psychologique, le cœur étant considéré comme le siège des sentiments nobles et humains. Notons d’ailleurs que le romantique n’est jamais dans un état psychologique stable ; cela se traduit par le fait que Lorenzo a tout le temps envie de sortir, et littéralement ne tient pas en place, tandis que Philippe est beaucoup plus calme.

Ainsi, le contraste entre les deux personnages, Philippe Strozzi et Lorenzo, donne une intensité dramatique au texte. Mais Lorenzo use également d’un registre polémique et satirique. Comment l’usage de ces registres met-il en valeur la folie du personnage romantique Lorenzo ?

Lorenzo, sur un ton ironique, critique l’inaction des « Républicains » (l. 38) qui n’ont qui plus est laissé « une centaine de jeunes étudiants […] se [faire] massacrer en vain » (l. 40-41). Cela fait ressortir le fait que l’assassinat du duc par Lorenzo a été complétement inutile. Il répond donc par l’usage d’un registre polémique, de manière purement rhétorique [« ce sont là des travers impardonnables qui me font

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