La Discussion Est-Elle Source De Vérité ?
Compte Rendu : La Discussion Est-Elle Source De Vérité ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiress, ou qu’on porte des jugements hasardés et qui ne reposent sur aucune base solide. Tout ceci démontre comment il se fait que l’arithmétique et la géométrie sont de beaucoup plus certaines que les autres sciences, puisque leur objet à elles seules est si clair et si simple, qu’elles n’ont besoin de rien supposer que l’expérience puisse révoquer en doute, et que toutes deux procèdent par un enchaînement de conséquences que la raison déduit l’une de l’autre. Aussi sont-elles les plus faciles et les plus claires de toutes les sciences, et leur objet est tel que nous le désirons ; car, à part l’inattention, il est à peine supposable qu’un homme s’y égare. Il ne faut cependant pas s’étonner que beaucoup d’esprits s’appliquent de préférence à d’autres études ou à la philosophie. En effet chacun se donne plus hardiment le droit de deviner dans un sujet obscur que dans un sujet clair, et il est bien plus facile d’avoir sur une question quelconque quelques idées vagues, que d’arriver à la vérité même sur la plus facile de toutes. De tout ceci il faut conclure, non que l’arithmétique et la géométrie soient les seules sciences qu’il faille apprendre, mais que celui qui cherche le chemin de la vérité ne doit pas s’occuper d’un objet dont il ne puisse avoir une connoissance égale à la certitude des démonstrations arithmétiques et géométriques. »
Explication :
Pour Descartes l’arithmétique et la géométrie sont les seules sciences dont les raisonnements soient certains. Une déduction menée par un esprit peu habitué aux raisonnements sera toujours juste. Selon lui les raisonnements dialectiques qui mettent en jeu la discussion et le dialogue par un procédé ou un autre sont beaucoup moins fiables. L’induction est considéré comme l’un des procédés dialectiques. Elle part d’expériences et entend dégager de ces expériences des généralisations. Mais ces expériences restent confusent et cette confusion de départ conduit à des généralisations erronées. Ce qui caractérise un élément d’un raisonnement mathématique est sa simplicité et sa clarté. Pour Descartes notre entendement quand il saisit de façon distincte et clair une idée peut en être certain. Si je me représente dans mon esprit un segment vertical de façon claire et distincte puis un autre à côté identique, je ne peux pas douter du fait que j’en saisisse alors deux. Cette expérience de l’esprit ne suppose alors rien qui ne puisse être mis en doute. Une véritable intuition claire et distincte est donc par définition indubitable : ceci est le gage de la certitude et donc de la vérité. Seule l’inattention peut susciter l’erreur en mathématiques c’est-à-dire une intuition qui perd de sa distinction en devenant confuse et de sa clarté en devenant obscure. Certes quand les intuitions se multiplient l’esprit ne peut toutes les contenir, il doit les mettre en mémoire et les relier alors par des déductions. Une figure à mille côté ne peut être saisie de façon claire et distincte en une fois : il faudra conjuguer plusieurs opérations, les mémoriser et les relier par des déductions. Ainsi pour Descartes il faut totalement reconsidérer les sciences sur le modèle mathématique. Une mathesis universalis sera seule pour Descartes la méthode pour atteindre la vérité.
2 – L’observation et l’expérimentation brisent la discussion théorique.
Toutefois le modèle cartésien de la mathesis universalis ne répond pas du fait que la science d’aujourd’hui se batit à partir des faits observés et des faits expérimentés. L’activité théorique est très importante mais elle rassemble des faits, elle essaie de produire des algorithmes à partir de ce fait qui permettent d’en déduire et d’en prévoir de nouveaux. La science ne consiste pas en une somme de faits, elle serait plutôt à la recherche de formules mathématiques, de lois, de processus qui les expliquent. Une théorie est comme une synthèse tirée de l’induction que Descartes ramenait à la dialectique (une forme de discussion). Mais il ne faut pas confondre le procédé inductif de formation d’un énoncé scientifique en science de la nature avec ce qui caractérise une théorie scientifique. Comme Descartes le pressentait, la force déductive d’une théorie est par excellence ce qui teste la validité d’une théorie. Etant issue de l’induction, toute théorie scientifique non mathématique n’est qu’une conjecture, une approximation de la réalité qui permet à partir de conditions initiales de déduire et prévoir approximativement des conditions terminales. Plus une théorie résiste à l’expérience plus elle est fiable. Et surtout plus une théorie prête le flanc à l’expérience plus elle est falsifiable ou réfutable, plus si elle résiste, sa force théorique sera avérée. Karl Popper fait de ce critère de falsifiabilité des théories le critère de scientificité par excellence. La discussion n’est pas alors le fait prédominant en science. C’est l’expérience et l’observation qui en dehors des sciences mathématiques semble être le critére présominant. Si un scientifique exhibe une expérience reproductible invalidant une théorie, celle-ci devra être corrigée ou bien une autre théorie devra s’y subsituer.
Par exemple, quand on s’est aperçu qu’un rayon de lumière émis depuis la terre avait la même vitesse qu’on la mesure sur terre ou de puis l’espace, il est apparu que la vitesse de la terre n’entrait pas dans le calcul. En effet cette vitesse depuis la terre est c (environ 300000km.s-1), et depuis l’espace selon la théorie de Newton elle devrait être c + ou - un facteur vitesse vt (vitesse de la terre dans l’espace). Or la vitesse constatée reste c. L’expérience de Morley-Mickelson qui a constaté ce fait a entre autre relancé la recherche scientifique d’une théorie autre que celle de Newton : ceci aboutît à la théorie de la relativité de Einstein.
La discussion scientifique est donc canalisée par des critères de vérité extérieurs à la discussion théorique et qui précèdent ou déplacent la discussion théorique. La discussion participe à la recherche de la vérité scientifique mais en fait l’induction part des faits observés ou expérimentés et d’une activité purement théorique sur le mode d’une mathesis universalis indiscutable.
3 – Il y a des normes logiques, pragmatiques et éthiques inhérentes aux conditions de possibilité d’une discussion.
Une discussion sincère suppose en fait des normes indiscutables. Ces normes sont des préambules à la discussion. Pour la cohérence d’une discussion il faut respecter la règle logique de non contradiction. Cependant certaines normes sont performatives. Lorsque j’affirme « je mens toujours » il y a une indécidabilité de la proposition à cause de l’affirmation de toujours mentir et du fait que je propose comme vraie mon affirmation. Mais certaines normes performatives concernent l’action même de dialoguer. Habermas ou Apel parle d’une contradiction performative pragmatique, c’est-à-dire d’une contradiction entre l’énoncé et l’existence agissante de son énonciateur. Ils évoquent un Démon qui participerait à un dialogue relevant d’une quête éthique en niant l’aboutissement du dialogue à une éthique. Lorsque par exemple « il n’y a pas de discussion possible entre toi et moi » auquel on ajoute « je vais te le prouver en discutant avec toi », il sabote visiblement le dialogue en faisant des contradictions performatives.
III. La discussion démocratique et la création de valeurs
1 - Transition critique : l’insuffisance culturelle des normes logiques et expérimentales.
Pour certains critiques contemporains du scepticisme comme Habermas ou Karl Oto Apel, le sceptique aura toujours une position inauthentique dans un dialogue dont l’enjeu est la constitution d’une éthique de la discussion puisqu’il niera toute forme de vérité inhérente à la discussion même si par ailleurs il participe à la discussion. Dans cette perspective on dénonce justement des versions du scepticisme qui ressembleraient de près ou de loin à quelqu’un disant : « il n’y a pas de discussion possible entre toi et moi ». Toutefois le scepticisme dont nous montrerons ici la pertinence ne s’établit pas forcément dans une position solipsiste et donc monologale, c’est-à-dire sur une position isolée et fermée au dialogue. Un scepticisme qui se veut authentique pointe pour nous la réalisation d’une étape obligée dans une démarche dialectique de discussion authentique.
Un historien ancien, Aristoclès, en rapportant la doctrine de Pyrrhon telle qu’elle est présentée par Timon écrit : « Quelle que soit la chose dont il s’agisse, nous dirons qu’il ne faut pas plus l’affirmer que la nier, ou bien qu’il faut l’affirmer et la nier à la fois, ou bien qu’il ne faut ni l’affirmer ni la nier. Si nous sommes dans ces dispositions, dit Timon, nous atteindrons d’abord l’aphasie, puis l’ataraxie. »
Remarque : l’ataraxie désigne une absence de trouble, d’inquiétude, de malaise quelles que soient les circonstances. L’aphasie désigne ici un silence mental positif parce qu’il ne nécessite plus d’effort, un calme que les idées ne peuvent plus troubler qu’en surface.
Pour être sceptique, il s’agit donc d’après Pyrrhon et Timon non seulement d’exercer un doute simple
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