La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette
Commentaire de texte : La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar swanndemuynck • 2 Février 2022 • Commentaire de texte • 1 990 Mots (8 Pages) • 793 Vues
Oral français texte 7 :
Mme de LAFAYETTE, La Princesse de Clèves
INTRODUCTION :
Mme de La Fayette est une autrice du XVIIe siècle, à la croisée des mouvements précieux et classique. Figure emblématique des salons mondains de l’époque, elle s’intéresse notamment dans ses romans à la question de la passion amoureuse, qu’elle explore notamment dans La Princesse de Montpensier ou La Princesse de Clèves. Dans ce roman historique publié anonymement en 1678, Madame de La Fayette narre le destin tragique de Mademoiselle Chartres, devenue princesse de Clèves suite à son mariage avec Monsieur de Clèves, un homme qu’elle respecte et estime mais qu’elle n’aime point. Cet extrait est un moment d’introspection au cours duquel la princesse tente de voir clair en elle, car elle vient de faire l’expérience des effets dévastateurs de la jalousie (elle a cru être trompée par le duc en raison de la lettre d’une femme qu’elle pensait être destinée à Nemours)
Lecture expressive du texte
En quoi ce moment d’introspection, cet examen de son cœur, traduit surtout l’impuissant combat de la princesse face à la passion qu’elle ressent pour le duc de Nemours ?
Nous verrons dans un premier mouvement un constat amer : les affres de la jalousie qu’elle vient d’éprouver (de la ligne 1 à la ligne 16) puis dans un second mouvement l’irrésolution : l’aveu de faiblesse d’un cœur vaincu (de la ligne 17 à 25).
un constat amer : les affres de la jalousie qu’elle vient d’éprouver
Par la focalisation interne, la narratrice nous invite à l’intérieur du coeur de Mme de Clèves ; le plus-que parfait dès la première phrase renvoie à un passé de tranquillité « elle avait ignoré jusqu’alors », à la vie même de la jeune femme avant que la lettre ne dérange cette quiétude; l’hyperbole «inquiétudes mortelles » l.1/2 souligne la situation de rupture en accentuant la souffrance liée à la peur de la trahison que Mme de Clèves vient d’éprouver, cette jeune femme ne pensait pas possible de souffrir ainsi ; les deux substantifs « défiance » et « jalousie » dessinent une gradation ascendante, car les doutes implicitement associés au premier terme sont vite remplacés par la certitude plus marquée associée au second :si l’on peut encore espérer avec la défiance, la jalousie se nourrit d’éléments plus tangibles.
La tournure restrictive « n’avait pensé qu’à se défendre d’aimer », au plus-que- parfait également, renvoie Mme de Clèves à un passé plus récent qui commence avec la rencontre du duc de Nemours ; le rapprochement temporel s’accompagne d’un étrange constat traduisant tous les paradoxes de la jeune femme : se défendre d’aimer a finalement occupé son esprit, ce qui dit assez l’attachement éprouvé, le verbe « défendre « rappelant la lutte que l’âme vertueuse doit mener afin de ne pas succomber, alors que la suite de la phrase contredit cette idée ; la négation partielle « elle n’avait point encore » souligne l’étape suivante qu’elle vient de connaître, à savoir la possible infidélité de celui qu’elle refuse d’aimer ; le mot « craindre » renvoie aux inquiétudes évoquées précédemment, donc à sa souffrance ; en fait, la peur d’aimer a été remplacée par la peur de ne pas être fidèlement aimée ; on peut souligner aussi le positionnement du duc comme sujet de la complétive « qu’il en aimât », ce qui traduit sa responsabilité, et donc accentue sa possible trahison.
La proposition d’opposition « quoique les soupçons que lui avait donnés cette lettre fussent effacés » souligne le choc éprouvé, le mot « effacés » exprimant de manière détournée le soulagement de la princesse qui cherche ainsi à détruire symboliquement les causes de sa souffrance; la valeur métonymique de ces soupçons est perceptible : » ils ne laissèrent pas de lui ouvrir les yeux » car l’expérience vécue laisse une trace ; la répétition des deux termes « défiance et jalousie « permet d’insister sur la découverte bouleversante de Mme de Clèves à propos des choses de l’amour, avec la relative négative au plus-que-parfait « qu’elle n’avait jamais eues » qui accentue l’idée d’un passé d’ignorance ; ainsi la jeune femme est confrontée à l’épreuve du réel, son cœur lui offre un terrain d’investigation afin de vérifier les mises en garde de sa mère Mme de Chartres concernant l’amour et les hommes.
La litote « elle fut étonnée »insiste encore sur le choc émotionnel éprouvé, l’infinitif passé « n’avoir point encore pensé » par sa forme négative restrictive souligne la même idée ; le choix du verbe « avoir pensé »qui appartient au lexique de la réflexion souligne le contraste entre sentiment et raison: perturbée par cette passion, Mme de Clèves n’a pas eu le recul nécessaire pour en envisager les éventuels dangers, finalement l’expérience nouvelle du sentiment l’a laissée bien démunie ; une fois le choc de la jalousie passé, elle peut enfin retrouver ses esprits ; la complétive « combien il était peu vraisemblable» insiste sur l’aveuglement qui été le sien jusqu’alors : Nemours lui avait été décrit comme un séducteur, comme le rappelle la relative « qui avait toujours fait paraître tant de légèreté parmi les femmes » ; on peut noter le contraste entre le peu de discernement de la princesse et sa réelle connaissance de la réputation de Nemours accentuée par l’adverbe « toujours » ; le subjonctif « fût » indice du doute, de la méfiance, dans la complétive, rappelle que ce contexte de galanterie plaide en la défaveur du duc, alors que l’on devine derrière la formulation « un attachement sincère et durable »la conception idéalisée de l’amour de la princesse ; ce contraste est souligné par l’opposition entre le pluriel « les femmes » et l’article « un » qui met en valeur la singularité, tout comme la « légèreté » ludique et insouciante des amours éphémères, celles que vivent les femmes habituellement avec Nemours, est incompatible avec l’idée d’un « l’attachement » qui symbolise l’ancrage d’une relation véritable dans le temps.
Le verbe « elle trouva » traduit la réflexion poursuivie par Mme de Clèves, le passé simple insistant sur la modification de ses perceptions : cet examen de conscience l’oblige à reconnaître son malaise intérieur, car l’épisode de souffrance qu’elle vient de vivre, même achevé, n’a en réalité rien réglé ; la complétive : « qu’il était presque impossible qu’elle pût » insiste sur l’honnêteté qu’elle se doit à elle-même ; la restriction apportée par l’adverbe « presque » ne trompe personne, le subjonctif « pût » renforce le sentiment d’insatisfaction amoureuse en éloignant l’idée d’apaisement contenue dans « être contente », ce qui est d’autant plus évident que le mot « passion » apparaît brutalement pour désigner ce qu’elle éprouve pour Nemours ; en plus l’allitération en [p] associe une impression douloureuse à l’amour ; le mot « passion « évoque la puissance du sentiment, mais aussi l’aspect inévitable que prend un amour auquel on ne peut résister, et même les tourments auxquels il expose, comme le rappelle l’étymologie latine du mot ; et c’est bien là le problème de Mme de Clèves, l’oxymore « contente de sa passion » traduisant le désarroi de la jeune femme.
II. l’irrésolution : l’aveu de faiblesse d’un
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