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La Jalousie

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s novel. Influenced by the art of cinema, the romanesque art of Robbe-Grillet can be likened to the art of poetry and also to the art of painting. For Robbe Grillet, what is essential in a novel is the structure. The meaning of the work is hidden in its structure. Key words: Metaphoric structure, writing, language, repetition, description, placing into the abyss (mise en abyme). Özet: Robbe Grillet’nin La Jalousie adlı romanındaki metaforik yapı. Yeni roman tekniğinin en iyi örneklerinden biri olan La Jalousie, Robbe-Grillet’nin teorik görüşlerinin mükemmel bir uygulamasıdır. La Jalousie’de kullanılan yazının amacı düz

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Synergies Turquie n° 2 - 2009 pp. 79-86 Muharrem Şen çizgide ilerleyen bir öykü anlatmak değil, kıskanç bir kocanın yaşam sahnelerini, onun kıskançlığını esinleyen metaforik bir yapı içerisinde sergilemektir. Robbe-Grillet’nin kullandığı yazı anlatmaya değil, yaratmaya, üretmeye yöneliktir. Robbe-Grillet, benzer sahneleri benzer tümce ve sözcüklerle, şimdiki zaman içerisinde, saplantılı bir şekilde yeniden küçük değişkenlerle sunarak, okuyucunun romandaki asıl konuyu dolaylı olarak sezinlemesini sağlar. Sinema sanatından da etkilenen Robbe-Grillet’nin roman sanatı, bize yapısıyla mesajlar veren şiir sanatına veya çağdaş resim sanatına benzer. Onun için önemli olan romanın yapısıdır. İçerik romanın yapısında gizlidir. Anahtar sözcükler: Metaforik yapı, yazı, dil, yineleme, betimleme, erken anlatım.

Déja en 1852, Flaubert écrivait : “L’art est une représentation: nous ne devons penser qu’à représenter.” Dans Madame Bovary, pour montrer la médiocrité de la maison où Emma vivait avec son père, Flaubert se contentait de décrire quelques mouches se noyant au fond des verres, dans le cidre resté. Flaubert ne disait rien d’explicite en décrivant cette scène; pourtant avec cette description, il voulait nous faire saisir qu’Emma ressemblait à ces mouches, et qu’elle voulait se sauver de cette maison médiocre comme les mouches voulaient se sauver du cidre resté dans le fond des verres. Flaubert voulait faire un livre “à partir de rien” et comme “le mur de Parthénon.” Dans Madame Bovary, l’art de Flaubert était exposante, mais ce roman nous présentait quand même un récit progressif. Dans L’Education sentimentale, l’intrigue devenait “la dérisoire recherche d’une intrigue”; le roman ne se nouait jamais et Frédéric ne parvenait “à aucun moment à devenir personnage de roman.” En réalisant avec Bouvard et Pécuchet un rêve de sa vie, Flaubert disait que c’était “un livre sur rien, un livre sans attache extérieure qui tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue en rien en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet où le sujet serait presque invisible si cela se peut.” (Jean, 1971: 106) Au début du XX e siècle, Proust rejettait l’action à la périphérie du roman, mais il ne renonçait pas tout à fait au récit. Il nous représentait le monde tel qu’il apparaissait à la conscience du narrateur. Chez Proust, tout s’ordonnait par rapport au narrateur; celui-ci ne nous représentait que ce qu’il avait vu ou ce qu’il avait entendu. Robbe-Grillet avouant la modernité de Flaubert, a voulu faire comme lui un roman sur rien, un livre “qui tiendrait de lui-même par la force interne de son style.” Et il nous représente tout, comme l’auteur d’A la recherche du temps perdu, tel qu’il apparaît dans l’esprit du narrateur. Et, comme chez Proust encore, chez RobbeGrillet, tout gravite autour du narrateur. Le Nouveau Roman, considéré comme une nouvelle école, n’est donc pas un événement sans précédent. Pourtant, il y a beaucoup de divergences entre le roman de Robbe-Grillet et ceux de Flaubert et de Proust. Robbe-Grillet a voulu aller jusqu’au bout de l’entreprise de ces deux romanciers. Dans une certaine mesure, il a développé et refait, en exagérant parfois, ses points de vue littéraires. La parution de La Jalousie en 1957 avait fait beaucoup rire certaines critiques; car, pour eux, ce roman qui n’avait ni queue et ni tête ne ressemlait jamais

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La structure métaphorique dans la Jalousie de Robbe-Grillet

aux romans qu’ils étaient habitués. On disait même qu’il était “fou.” Le roman de Robbe-Grillet n’était pas pourtant tout à fait sans précédent; nous l’avons dit, il avait des précurseurs comme Flaubert et Proust. Mais dans les romans de Flaubert et de Proust, bien qu’ils fussent considérés comme des anti-romans, il y avait des récits qu’on pouvait suivre et le récit continuait à jouer un rôle important dans la construction de leurs oeuvres. Chez Robbe-Grillet, le narrateur ne raconte aucune histoire; c’est la structure du roman qui remplace le devoir du narrateur. Le rôle de l’écriture dans La Jalousie n’est pas de raconter un récit progressif ou de donner des informations, mais de décrire ce que le narrateur voit et ce qui se passe dans son esprit, afin de faire éprouver un certain ordre de sensations. Le narrateur de La Jalousie ne fait qu’une chose: il expose; il ne nous informe pas, il n’interprète pas, il ne nous explique pas ses idées. Dans les premières pages du roman, le lecteur ne sait même pas qui est le narrateur. Comme un peintre expose ses tableaux dans un musée, Robbe-Grillet expose ses écritures sans dire rien; ce sont les lecteurs qui doivent les déchiffrer. Pour lui, “les valeurs d’un art ne sont jamais des valeurs idéologiques, sociologiques, politiques; elles résident au contraire dans les formes et les structures” (Morrissette, 1963: 35). Au point de vue de la langue, cette écriture ne présente aucune difficulté particulière de lecture. Les phrases de Robbe-Grillet sont courtes et faciles à lire; mais derrière cette écriture simple en apparence, il existe une grande profondeur. Le thème du roman est communiqué “non pas par un langage qui signifie, mais par une forme récurrente, obssessionnelle”( Bernal, 1964: 246). Son langage ressemble beaucoup à celui de la poésie . On peut dire donc qu’il est poétique. Ce langage nous rappelle aussi une peinture non représentative. Le narrateur de La Jalousie, devenant un peintre, peint tout ce qui est devant ses yeux; ou bien ses yeux se transforment en un caméra d’un cinéaste qui enregistre. Il nous montre, mais il ne dit presque rien. Il pense comme Paul Klee qui dit: “L’oeuvre d’art ne restitue pas le visible. Elle rend visible.” “La réalité pour le romancier, c’est l’inconnu, l’invisible.” Cet invisible que l’oeuvre littéraire rend visible, “n’est pas la réalité évidente, banale, déjà dévoilée, connue, prospectée en tout sens, et que chacun peut percevoir sans effort.” (Sarraute, 1996: 1644) Bien que, dans La Jalousie, on ne trouve pas une histoire racontée, on y trouve une histore cachée que la structure de l’oeuvre rend visible. Pour Genette, reconstruire “un roman de Robbe- Grillet, comme ‘traduire’ un poème de Mallarmé, c’est l’effacer” (Genette, 1969: 79). Pourtant , nous pouvons, dans une certaine mesure, reproduire le thème de La Jalousie. Mais c’est la forme du roman qui nous fait le saisir. Les événements se passent entre trois personnages: un mari, sa femme et leur voisin. Le mari qui est le narrateur du roman a un tempérament jaloux et il craint une relation amoureuse entre sa femme et leur voisin qui vient presque chaque jour chez eux. Il guette sa femme, il l’épie dans les moindres de ses occupations. Mais ce n’est pas le narrateur qui nous raconte tout ça, c’est le lecteur qui le déduit de l’écriture du roman. Dans La Jalousie, Robbe-Grillet ne reproduit pas la jalousie d’un mari; à travers les jeux d’une écriture, il la crée. Il la crée “sans jamais employer un seul mot du vocabulaire

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habituel utilisé pour la décrire.” (Bourneuf, 1972: 191) Le sens de l’oeuvre est “inséparable de sa forme.” (Genette, 1966: 79) Quels sont donc ces jeux de l’écriture ? Ce sont d’abord les jeux de répétition. L’organisation de La Jalousie repose sur la répétition obsédante des scènes et des phrases semblables comportant en général “de légères variantes” (Raimond, 1989: 110). Comme l’a dit Robbe-Grillet lui-même, ce roman est “un des exemples les plus évidentes de ce systèmes de répétions à variantes” ( Şen, 1996: 45). La plus célébre de ces répétitions, c’est la scène de l’écrasement des millespattes. Cette scène a été reprise cinq fois dans La Jalousie. Quand leur voisin Frank est chez le Narrateur pour le dîner, la femme du narrateur voit un millepattes sur le mur. Frank se lève de la table et l’écrase. Ce mouvement de virilité de son voisin rend le narrateur jaloux. Chaque fois qu’il voit la tache du mille-pattes écrasé sur le mur, le narrateur se rappelle Franck. Cette tache est devenue dans le Roman un signe de présence continuel de Frank et un signe exitant la jalousie du narrateur. La tache du mille-pattes change selon le degré de la jalousie du narrateur. Quand la jalousie atteint son paroxisme, la tache du mille-pattes devient gigantesque. Sans cette écriture obsessionnelle, le lecteur ne pourrait pas comprendre la jalousie du narrateur. La répétition obssesionnelle de la scène de l’écrasement des mille-pattes rend d’une part visible cette jalousie; d’autre part, elle la rend vivante et

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