Le numérique transforme l’emploi

Le numérique transforme l’emploi

Le travail nous permet de nous réguler au quotidien, de s’organiser et surtout d’acquérir une position sociale. Source de revenu, c’est également le moyen principal dans notre société, de gagner de l’argent régulièrement afin d’acquérir un pouvoir d’achat, nous permettant de nous nourrir, nous divertir, nous habiller, etc., au quotidien. Seulement, depuis quelques années, les nouvelles forment d’emploi et le numérique transforment les conditions de travail et brouillent les frontières entre travail et non-travail. Sachant cela, nous pourrions donc nous poser la question suivante : Dans quelle mesure le numérique transforme-t-il l’emploi ?

Tout d’abord, nous verrons les multiples dimensions du travail et de l’emploi, puis, l’évolution des formes d’organisation du travail à l’ère du numérique.

1/ Les multiples dimensions du travail et de l’emploi

Par rapport au travail, qui consiste à produire des biens et services destinés à satisfaire ses propres besoins ou ceux d'autrui, l'emploi suppose une activité professionnelle rémunérée. Contrairement à l'indépendant, le salarié vend contre rémunération son temps de travail, et non plus sa production, à un employeur qui peut disposer comme il l'entend du produit de ce travail. A partir de la révolution industrielle, le développement du salariat accentue le partage du monde du travail entre deux statuts: les salariés et les indépendants (les non- salariés). Cette salarisation progresse tout au long du XX° siècle et particulièrement après 1945. La part des salariés, qui était de 56 % au début du XX° siècle, s'approche des 90 % dans les années 2000. Aujourd'hui, l'Insee définit la population active comme l'ensemble des personnes qui exercent ou cherchent à exercer une activité professionnelle rémunérée. Elle comprend donc non seulement les actifs occupés mais aussi les personnes à la recherche d'un emploi, les chômeurs. En 2020, on comptait 29,35 millions de personnes actives, dont 27 millions d'actifs occupés et 2,35 millions de chômeurs. Mais une telle définition de l'activité pose quelques problèmes. Ainsi, de nombreuses personnes qui travaillent ne sont pas considérées comme de véritables actifs, comme dans le cas du bénévolat.

Par ailleurs, l'augmentation de la part des indépendants depuis 2008, dissimule en réalité l'émergence de nouvelles situations incertaines à l'égard de l'emploi. Les pouvoirs publics ont en effet créé depuis 2009 le statut d'auto-entrepreneur pour inciter les chômeurs de longue durée à retrouver un emploi en créant leur micro-entreprise. Et les employeurs, en quête de flexibilité, préfèrent proposer aux travailleurs un contrat avec l'entreprise en tant qu'indépendants, simple contrat commercial aux contraintes moins lourdes que celles d'un contrat de travail. Ce type de contrats est particulièrement fréquente dans le monde des plates-formes numériques, et en plein essor depuis 2007. En effet, nous pouvons le voir sur le document 2, un tableau représentant l’évolution des emplois dans l’économie numérique francilienne entre 2007 et 2016, réalisé par l’Insee en 2019, et basé sur les Analyse Île-de-France n°111. En outre, en 9 ans, nous avons pu constater une augmentation de 2,5% des emplois du numériques, passant de 508 400 en 2007, à 521 200 en 2016. La part des non-salariés dans le numérique a également augmenté. Constituant une hausse de 3,8 points de pourcentage (9,3% à 13,1%). Malgré cet essor, ces situations suscitent des protestations de plus en plus nombreuses des actifs concernés, qui se considèrent dans une situation de totale dépendance à l'égard de la plateforme et réclament la requalification de leur activité en contrat de travail salarié. Mais les décisions de justice rendues récemment en Californie et au Royaume-Uni à propos des conflits entre la société Uber et ses travailleurs semblent plutôt pencher en faveur de la création d'une nouvelle forme d'emploi : un statut intermédiaire, entre l'auto-entrepreneur et le salarié, pour offrir plus de protection sociale à ses chauffeurs sans avoir à les embaucher. Pour résumer, il est devenu de plus en plus difficile de tracer des frontières précises entre inactivité, emploi et chômage, notamment avec l’émergence d’innovations numériques depuis les années 2000.

2/ L’évolution des formes d’organisation du travail à l’ère du numérique

Le développement des technologies numériques permet maintenant de travailler à distance. En effet, grâce aux téléphones et aux ordinateurs portables, il est possible de communiquer via des courriers électroniques ou encore des visioconférences, permettant ainsi aux salariés d'exercer leurs fonctions hors de l'entreprise : à leur domicile, en télécentre, ou dans des tiers-lieux comme les espaces partagés de travail (coworking). Même si ces nouvelles façons de travailler peuvent paraître avantageuses et source de praticité, d’optimisation de temps et d’efficacité, cela a également de nombreux points négatifs cachés.

En outre, cela contribue au brouillage des frontières spatiales du travail. Le télétravail (en dehors des locaux de l'entreprise) met en cause l'unité de lieu du travail traditionnel. Le risque d'isolement personnel par rapport aux collègues « normaux » existe, et leur intégration dans les collectifs de travail s'avère plus difficile. Par ailleurs, le mélange entre vie privée et vie professionnelle est également présent, depuis que les outils numériques effacent la séparation entre la sphère domestique et la sphère professionnelle. Ils maintiennent, entre autre, une connexion quasi permanente avec le monde professionnel, et, inversement, l'univers privé a fait irruption dans le quotidien professionnel via ces mêmes outils.

Une des autres conséquences du numérique dans l’organisation du travail, est qu’une même activité peut être menée dans des cadres différents. Par exemple, prendre sa voiture pour accompagner un voisin au travail est une activité domestique. C'est un travail amateur lorsqu'un individu va chercher