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Cours sur la notion d’Autrui

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e retrouve.

- Cela veut dire que c’est par les réactions (remarques, observations ou même non verbal – mimiques, gestes…) des autres que nous pouvons mieux nous connaître.

- Il n’y a pas de connaissance directe de soi, et l’amitié est une expérience privilégiée pour atteindre la connaissance de soi. (ex : parfois, une remarque faite par un ami nous fait prendre conscience d’un trait de notre caractère ou de notre personnalité – qualité ou défaut – que nous ignorions ou dont nous n’avions pas pleinement conscience).

Quelques précisions sur l’amitié selon Aristote :

- Trois sortes d’amitié selon Aristote :

1. Selon le plaisir : amitié qui nous fait du bien dans le sens où elle nous rend la vie belle. Nos amis nous paraissent agréables et c’est pour cette raison que nous les fréquentons.

2. Selon l’utilité : Aristote prend l’exemple des jeunes et des vieillards. Les vieillards ont besoin des jeunes, ils vont donc développer de l’amitié selon l’utile. Les jeunes, eux, trouvent une utilité dans le fait que les vieillards ont une sagesse, des compétences qu’ils n’ont pas.

Pour Aristote, ces deux premières formes d’amitié se recoupent en ce sens qu’elles sont fragiles, elles ne sont pas appelées à durer dans le temps. Le plaisir et l’utile sont des notions qui varient avec le temps.

3. Selon le bien : seule cette dernière est véritable et désirable par elle-même. Dans cette amitié, j’aime l’autre pour lui-même, au-delà de l’intérêt qu’il présente ou du plaisir que je peux avoir à être à son contact. Pour Aristote, nous n’avons que 4 ou 5 amis selon le bien.

- L’amitié est une vertu, c’est-à-dire une disposition stable qui s’actualise dans la vie commune : la présence de mon ami est nécessaire, il n’y a pas d’amitié sans la présence de mon ami auprès de moi. Si l’on s’accommode d’une absence de vie commune, Aristote appelle cela une amitié paresseuse.

- En outre, l’amitié n’atteint sa perfection que si elle relie des amis égaux en valeur (je ne peux pas être ami avec un dieu : il est trop éloigné de moi). Pour Aristote, une amitié serait difficile entre un grand patron et son employé.

- Enfin, pour aimer son ami, il faut s’aimer soi-même (Aristote appelle cela la philautia). Il y a pour Aristote une forme positive d’égoïsme qui consiste à cultiver et à aimer le meilleur de soi-même. Ainsi, nous dit Aristote, « l’homme de bien sera suprêmement égoïste » parce qu’il a « le devoir de s’aimer soi-même ».

2. Thomas Hobbes (1588-1679)

A. Eléments de contexte historique

* Graves troubles économiques et religieux au Royaume-Uni, qui dégénèrent en guerre civile.

* Charles Ier est décapité en 1649 et Olivier Cromwell (calviniste puritain) prend le pouvoir.

* Hobbes est partisan de la royauté, contre Cromwell. Fuit l’Angleterre pour Paris en 1640. Il ne regagnera son pays qu’au retour du roi Charles II.

* C’est Dieu qui est à la source de ces conflits politico-religieux qui bouleversent Hobbes il entreprend de refonder la société sur de nouvelles bases.

Philosophie de Hobbes très liée au contexte historique de son époque. Quand il dit que l’état naturel de l’homme est la guerre de tous contre tous, cela évoque clairement l’état de guerre dans lequel se trouve plongé son pays.

B. L’impossibilité d’une vie purement égoïste

Question de départ : Selon vous, qu’est-ce que l’homme recherche dans la vie ?

Au contraire d’Aristote qui considère autrui comme l’alter ego amical, T. Hobbes (1588-1679) le voit plutôt comme un ennemi naturel.

1. La nature humaine selon Hobbes

- Pour Hobbes, tout être vivant cherche à se conserver (on dit aussi : à persister dans son être) en retenant ce qui est favorable à sa conservation ou au contraire en écartant et en fuyant tout ce qui y fait obstacle. Hobbes appelle cet effort pour se conserver le conatus. Cette tendance à désirer un bien pour soi, l’homme l’a en commun avec l’animal.

Question : Mais qu’est-ce qui distingue l’homme de l’animal dans sa façon de satisfaire ses besoins ?

- Cependant, Hobbes ne réduit pas l’homme à l’animalité parce qu’il y a quelque chose qui distingue le désir humain du désir animal : le désir animal est borné à l’immédiat et au présent ; le désir humain, lui, se projette dans l’avenir (l’homme est le seul être à avoir faim « au futur »). Cela signifie que l’homme est en mesure de concevoir et de mettre en œuvre, grâce à sa raison, des stratégies qui vont favoriser le développement de son bien-être. L’animal répond à une situation présente et immédiate par une solution immédiate, tandis que l’homme, non seulement anticipe la situation, mais aussi la solution. (Ex : lorsque l’animal a faim, il chasse. Nous, nous prévoyons que l’on aura faim à nouveau et donc nous faisons réserves de nourriture, etc.).

- Le problème est toutefois que cette capacité qu’a l’homme de se projeter dans l’avenir et d’élaborer des stratégies grâce à sa raison va se transformer en un appétit de pouvoir ainsi que d’honneur et de gloire. Les humains ne se contentent pas des besoins fondamentaux ; ils ont besoin d’être reconnus et valorisés par autrui. L’homme cherche donc non seulement à disposer de la puissance nécessaire à l’obtention des biens qu’il convoite, mais il veut aussi que cette puissance s’impose aux autres, afin que les autres le reconnaissent et l’honorent (ex : aujourd’hui, dans la société actuelle, on ne se contente plus d’avoir le minimum d’argent pour assurer notre survie. On a le besoin d’accumuler de l’argent et de le montrer aux autres, par exemple en achetant une belle voiture, en faisant construire une grosse villa, en faisant des voyages… Ainsi, on acquiert le respect des autres qui admirent les signes visibles de notre réussite).

Question : Cette situation que je viens de décrire peut-elle selon vous fonctionner ? Est-ce que l’homme peut survivre, perdurer en fonctionnant ainsi ?

- Pour répondre plus précisément à cette question, penchons-nous quelque peu sur la théorie politique de Hobbes.

2. La théorie politique de Hobbes : l’homme à l’état de nature et le contrat social

- La théorie politique de Hobbes est construite sur son étude de la nature humaine.

- Or, comme nous l’avons vu, l’homme tel que l’a forgé la nature n’est doué, selon Hobbes, d’aucune sociabilité naturelle. L’homme naturel est égoïste et intéressé, uniquement soucieux de sa conservation et de son bien propre (ex : L’homme qui veut acquérir un important troupeau de bêtes ne le fait pas dans l’intérêt collectif mais pour le prestige et la sécurité alimentaire que ça peut lui rapporter à lui et à lui seul).

- Ce caractère d’égoïsme de l’homme qui le pousse à rechercher uniquement son bien propre va être à la source du malheur de l’homme dans ce que Hobbes appelle l’état de nature, c’est-à-dire cette situation fictive antérieure à la société civile. L’homme y mène une vie solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale et de surcroît brève.

- En effet, l’état de nature se caractérise essentiellement par trois traits :

1°) Par nature l’homme ne connaît pas d’autre loi que celle de son désir, qui porte sur toutes les choses susceptibles d’assurer sa conservation et son bien-être. De ce point de vue, il y a un droit naturel (= liberté naturelle qui n’a rien à voir avec la justice) égal et illimité de chacun sur tout. Cela veut dire que chacun est libre de faire tout ce qu’il estime nécessaire à sa conservation et à son bien-être (« la fin justifie les moyens » : l’homme peut mettre en œuvre tous les moyens qu’il estime nécessaires à l’obtention de ce qu’il convoite).

2°) Il y a une égalité au niveau des désirs (ils sont les mêmes chez chacun), mais aussi au niveau des forces en présence entre les différents individus humains (par exemple, le faible pourra compenser son manque de force par la ruse).

3°) Il en découle que le type de rapport qui se développe entre les hommes dans l’état de nature ne pourra être que des rapports de rivalité et de défiance. Ce sera un état de lutte constante de chacun contre tous (homo homini lupus : « l’homme est un loup pour l’homme »). Mais cette formule peut être trompeuse : elle ne signifie pas que l’homme à l’état de nature vit comme les animaux. On a vu en effet que ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est qu’il se fait du souci pour son avenir. Or c’est précisément cette différence qui va faire que l’homme va sans cesse vouloir accroître sa puissance pour s’assurer les instruments de son bien-être et de sa sécurité (ex :

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