Faut-il nécessairement se débarrasser de la peur de la mort, comme le soutient Épicure, afin de mieux apprécier les joies que la vie nous offre ?

La mort fait partie des sujets à l’étude depuis bien des époques. Pour sa part, Épicure, un grand philosophe grec, qui fut fondateur de l’école du Jardin ainsi que du courant Épicurisme en avait d’ailleurs fait son analyse. Épicure s’était donné comme rôle, comme bien d’autres de cette époque, de procurer la paix à l’humanité. En ce sens, il disait entre autres qu’il ne fallait pas craindre la mort. Dans une lettre laissée à son disciple Ménécée (Lettre à Ménécée). Il y expose justement bien sa théorie ainsi que les conditions pour atteindre le bonheur. Un exemple était justement de se débarrasser de nos peurs comme celle de la mort. Est-ce donc ça la clé pour vivre une vie complètement épanouie ? Doit-on littéralement éliminer de notre esprit la pensée effrayante de notre décès ou même celle de ceux qui nous entourent ? Absolument. Nous sommes tous mortels, personne ne peut ou ne pourra changer notre sort, ainsi attendre après sa mort ne fera que nous causer plus de mal. Vivre dans la peur nous empêche aussi de vivre pleinement notre vie et peut contribuer au non-accomplissement de certaines choses ce qui pourrait causer entre autres des regrets face au choix que nous avions pris dans notre blocage.

Premièrement, rappelons-nous que la mort fait partie intégrante de notre existence, c’est le cycle naturel de la vie des êtres vivants. En effet, le dictionnaire Le Petit Robert définit bien le mot «mort» comme « cessation de la vie, considérée comme un phénomène inhérent à la condition humaine ou animale». Alors, que nous la craignions ou non, le résultat restera toujours le même, il y aura une fin un jour ou l’autre. Alors d’où nous vient cette peur ? La mort ne nous fait pourtant rien, comme disait Épicure «Car si une chose ne nous cause aucun trouble par sa présence, l’inquiétude qui est attachée à son attente est sans fondement. Ainsi, celui des maux qui fait le plus frémir n’est rien pour nous puisque tant que nous existons la mort n’est pas, et que quand la mort est là nous ne sommes plus». Au fond, tout revient donc à notre perception négative et aux inquiétudes que nous nous créons qui sont certes sans fondement. Car la mort ne nous cause point de mal, c’est son attente qui est responsable de nos maux. Malheureusement plus nous nourrissons nos inquiétudes plus elles prennent de l’ampleur telle un feu qui brûlent et grossi à mesure qu’ont lui donne du bois. Alors plus vite nous comprendrons qu’il ne sert à rien de nourrir nos angoisses et de s’accrocher à celle-ci plus vite nous pourrons atteindre la paix intérieure. La peur estompée nous laisse place au bonheur.

En parlant de vivre en paix avec nous-mêmes, de s’épanouir dans la vie, de s’accomplir en tant que personne, il n’en serait rien si nous décidions de vivre de nos peurs. La plénitude et la zénitude sont 2 choses que nous pouvons ressentir lorsque nos pensées ne sont pas figées dans nos inquiétudes, que nous croyons fermement que la mort n’est rien pour nous. Nous devons comprendre la différence entre être en vie et être mort, l’un est fait de sensation et l’autre n’en a point. Effectivement Épicure disait « Familiarise-toi avec l’idée que la mort n’est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or la mort est la privation complète de cette dernière.» Autrement dit, en ayant fait la paix avec le fait qu’il y aura une fin, cela aura pour conséquence de mieux profiter de ce que nous offre la vie sans se priver des joies qu’elle peut nous apporter. La joie