Fin de la vie privée
Fiche de lecture : Fin de la vie privée. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Gabriella Mpika Kandza • 20 Mars 2019 • Fiche de lecture • 1 343 Mots (6 Pages) • 687 Vues
C’est à l’aube du XXIème du siècle, que Paul Virilio (sociologue et urbaniste français) publie en juillet 2000 l’article Fin de la vie privée, dans la revue bimestrielle française Manière de voir (article n52 p46-49). Créer en 1987, Manière de voir est issue du mensuel « le Monde diplomatique », elle offre à ses lecteurs des articles d’actualités, d’économie, elle répond aussi à des questions d’ordre culturelles et sociales. Ses articles sont pour la plupart destinées à un public de jeune lycéens ou étudiants.
Le titre Fin de la vie privée s’annonce comme une prophétie. En effet, c’est à peine au début du XXIème siècle, que Virilio voit déjà se dessiner l’essor une génération Z aussi appelée C en référence aux mots « communication-connexion-créativité-collaboration ». Une génération connectée, espionnée, pour qui les nouvelles technologies n’ont plus aucun secret, une génération qui peine à trouver les limites du public et privée. Si dès l’an 2000, Virilio nous parle déjà « d’une fin de la vie privée » c’est en partie à cause de la diffusion d’internet aux grands publics dans les années 90. Dans son article, il dresse la critique de ménages « manipulée » sans en être conscient et produit « d’un marché du regard » (p61) où « chacun surveille et inspecte les autres » (p64).
En bref, la question que nous nous poserons lors de cette analyse est : « En quoi le XXIème siècle marque-t-il la fin de la vie privée ? » Afin de répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps la vision sur un plan social de la fin de la vie privée par internet puis sur un plan politique et économique.
Virilio débute son texte par l’histoire de June Houston et ses « Ghost watchers » en français « guetteurs de fantômes ». June Houston est une américaine de 25ans, qui s’est faite installer dans sa demeure quatorze caméras actives vingt-quatre heure sur vingt-quatre afin de vérifier l’existence de fantômes chez elle. Le plus de cette histoire réside dans le fait que les videos enregistrées ne sont pas à des fins personnelles mais diffusées en direct sur la toile. Les internautes peuvent ainsi surveiller, commenter, avoir accès à la vie de June, son environnement en tout temps et ce sans pour autant la connaître ! C’est justement cela que déplore Virilio, une surexposition de la vie privée, de son intimité à une communauté qui n’est rien d’autre que virtuelle. Dans son article, il prend aussi l’exemple de « Earthcam », une plateforme permettant de visiter le monde tout en restant chez soi. Il souligne le fait que nous sommes en train d’adopter une vision panoptique (voir sans être vu) sur le monde, les individus, les foyers et cette vision nous donne une sensation de toute-puissance. A la page 63, il citera même le témoignage d’un ex hacker disant que : « Sur internet la menace terroriste est permanente, car il possible de faire des dégâts en toute impunité ».
Au travers de ce texte, l’auteur essaye de nous alerter, sur les prémices d’une société totalement sous contrôle, transparente, qui n’aurait plus rien à cacher et qui mettrait ainsi en jeu les fondements même de la démocratie. Il prend l’exemple (page 64) du bracelet électronique destinée au prisonnier, permettant de suivre leur déplacement grâce au GPS intégré. L’exemple du bracelet électronique vient en quelques sortes illustrer « la nouvelle prison » dans laquelle nous nous trouvons. Le fait que nous laissions toujours une trace à chaque navigation, déplacement que ce soit par la géolocalisation, l’historique web etc.
Cependant, cette surexposition de la vie privée des ménages est bénéfique aux entreprises sur un point de vue économique. En effet, Virilio est forcé de constaté l’apparition de nombreuse entreprise dans le domaine de la télécommunication. Il parle notamment p63 de la soudaine conversion de l’ancienne firme productrice d’électricité « Westinghouse » en une entreprise de télécommunications à l’échelle mondiale. Ainsi, l’on peut voir que la télécommunication est un secteur qui attire et qui paye. Ce « marché des regards » qu’il évoque p61 a pour principale produit les ménages, les individus. Ils sont en permanence scrutés, leurs centres d’intérêts, goûts, habitudes, il y a une massification des comportements sociaux. Pour désigner ce mouvement Virilio parle du « commerce du visible » jouant sur la transparence des ménages. Les entreprises peuvent désormais proposer des produits en fonction des goûts des ménages et créer de nouveaux désirs en eux par le moyen de la publicité.
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