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L'artificiel

Dissertation : L'artificiel. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  17 Avril 2017  •  Dissertation  •  2 495 Mots (10 Pages)  •  2 445 Vues

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L’artificiel

A l’heure des technologies surdéveloppées, des robots, il est plus que légitime de comprendre ce qu’est l’artificiel et quel rôle il prend dans le fonctionnement de la société humaine. L’artificiel est un art, et pas seulement au sens étymologique, c’est aussi l’art de l’illusion. L’artificiel au sens large suggère pour le commun des mortels l’art du faux, du mensonge, de la construction d’une autre réalité, cette fois entièrement fondée par l’homme. . Mais en réalité, pour comprendre ce terme, il faut d’abord comprendre que « artificiel » n’est pas seulement un adjectif parfois négatif mais que c’est un mot qui englobe une réalité, celle du produit de la technique humaine c’est-à-dire ce que l’homme produit avec les choses naturelles. L’artificiel s’oppose évidemment au naturel car généralement tout ce qui n’est pas naturel est artificiel. La relation qu’a l’homme avec l’artificiel est constante ; tout ce que l’homme met au point, tout ce qu’il produit dans le domaine technique se rapporte finalement à quelque chose d’artificiel, c’est-à-dire non naturel et qui résulte du travail ou du moins de l’influence humains. Le facteur inévitable est donc l’intervention de l’homme. Ce dernier, en produisant des objets artificiels, recherche la plupart du temps à améliorer son existence, or sa quête se cesse jamais puisqu’il ne cesse de faire de nouvelle découverte et de préciser sa science et de ce fait, il n’arrête jamais de faire évoluer sa technique. L’ampleur que prend la notion d’artificiel devient très importante lorsque l’on considère que l’homme peut aller jusqu’à produire des intelligences artificielles et donc des hommes artificiels. Cela représentera alors une sorte d’inversion des rôles entre le naturel et l’artificiel. Surgit en fond la question de la véritable suprématie entre le naturel intouché par l’homme et l’artificiel qui est maitrisé par l’homme, mais qui peut finalement le dépasser. La problématique est alors de comprendre qui de l’homme ou de la technique possède la primauté sur l’autre. Dans un premier temps nous verrons la relation étroite entre le naturel et l’artificiel sous la tutelle de l’homme, puis la différence entre art et technique qui mène à voir un danger dans la technique elle même et enfin nous verrons la quête de l’homme perpétuelle de l’artificiel devenu « naturel ».

 

L’artificiel s’oppose donc au naturel dans le sens où le naturel n’a pas connu de modifications humaines. Mais pourtant ils sont liés d’une façon étroite. En effet, l’artificiel découle forcement du naturel : sans la nature -nature au sens de l’ensemble des ressources dont l’homme dispose sur la terre- l’homme ne peut rien produire de lui-même. Ceci entraine aussi une sorte de correspondance entre les produits de la nature et les mécanismes humains. En effet l’homme s’inspire souvent des phénomènes naturels pour les reproduire dans les techniques qu’il met au point. Ce qui est encore plus évident c’est dans l’art lui-même, car l’homme reproduit ce qu’il voit pour créer un tableau par exemple. Le fonctionnement nature sert de modèle et inspire une grande part des techniques. Aristote dans le livre II de la Physique marque la distinction entre objet de la nature et ceux produits par l’homme. Pourtant on peut dire que les produits de l’homme sont aussi naturels, car ils ont une « nature », ils ont une matière et une forme.  En effet «  la nature se dit de deux façons, au sens de spécificité et au sens de matière ». C’est-à-dire que l’on considère à la fois matière de l’objet, ce dont il est fait, mais aussi ce pour quoi il est fait. L’objet artificiel est fait à partir de matière issue de la nature : un lit est fait de bois. Ainsi les deux sont inévitablement liés.  Et si l’on reprend l’image du lit, on voit bien que le lit est une transformation que l’homme fait subir au bois ; l’artificiel serait alors une façon de faire évoluer la nature. Donc en plus d’être reproduite la nature progresse par l’action de l’homme.

D’une certaine façon l’homme semble être le maitre de tout le naturel et l’artificiel puisqu’il fait évoluer la nature et crée l’artificiel. Selon le mot de Descartes, il cherche à être « le maitre et le possesseur de la nature ». Descartes explique que c’est l’une de ces principales quêtes. L’homme est maitre de la nature au sens il est capable de transforme et d’utiliser des matières naturelles et de s’en servir à profit, pour améliorer son existence et surtout pour préserver le fondement de tout, à savoir la santé. Produire des objets artificiels est donc un moyen pour l’homme de devenir meilleur, de se rendre plus performant, par exemple pour mieux cultiver la terre ou pour voyager plus vite. Il est aussi maitre de l’artificiel justement parce qu’il est maître de la nature. Pour parvenir à fabriquer quelque chose, il faut parvenir à maitriser les matériaux naturels. Mais la nature est si vaste, ses phénomènes si nombreux et si complexes que l’homme, et Descartes l’affirme pour lui-même, qu’il est presque impossible de connaitre la nature entièrement ou parfaitement. Puisqu’il est difficile de gouverner sans  connaitre, alors l’homme ne peut pas devenir le maitre absolu de la nature. Il est possible qu’elle même devienne souveraine de l’homme. Donc il est difficile alors de pouvoir maitriser parfaitement l’artificiel. Et si l’artificiel est aussi naturel, tout phénomène peut se produire dans l’artificiel, phénomène que l’homme ne sait pas forcément maitriser.

Enfin, l’artificiel une façon de comprendre le naturel. Pour Descartes c’est clairement un modèle pour la connaissance claire du fonctionnement de la nature.car dans la reproduction du réel dans l’artificiel l’homme cherche déjà à comprendre certains phénomènes de la nature, qu’il reproduit par des tuyaux ou des rouages. De plus il affirme que les parties sensibles des corps, on peut comprendre les parties invisibles des corps. Cela est illustré par l’horloger alors qu’il observe une montre qu’il n’a pas faite, reconnait son fonctionnement sans voir les parties intérieures qui permettent son fonctionnement. L’homme est cet horloger qui observe la nature et comprend ses processus sans même les voir précisément.

L’artificiel et le naturel marchent ensemble et sont totalement et incontestablement unis. A la fois l’artificiel et une reproduction du naturel, mais si l’homme ne connait pas entièrement la nature, on ne peut pas dire qu’il soit parfaitement maitre du naturel et de l’artificiel. Ici se dresse un problème important qui en entrainera d’autres majeurs. Mais pourtant par ce qu’il fabrique, l’homme réussit à mieux comprendre les phénomènes mystérieux de la nature.

        

        L’artificiel est concrètement une œuvre issue du travail d’un homme. Cette œuvre peut être soit considérées comme de l’art ou comme une œuvre technique. La différence est très importante. Denis Diderot dans l’Encyclopédie montre comment on a l’habitude de dévaloriser « les arts méchaniques » parce qu’ils considérés comme sont le fruit d’un travail déshonorant et difficile. Quant aux arts dits « libéraux », ils sont trop souvent rehaussés. La différence entre l’Art et le résultat d’un travail manuel est très fortement marqué. L’art est un artifice, une illusion du réel. L’artiste reproduit plus ou moins ce qu’il voit dans la nature mais il donne toujours une autre réalité. L’art est l’artifice par excellence, puisque l’intervention de l’homme modifie la réalité. Mais l’artiste ne produit pas quelque chose d’utile, qui a un but bien précis sinon de s’exprimer à travers son art, et de toucher à quelque chose de très spirituel. Au contraire l’œuvre d’un artisan, « les arts méchaniques » ont pour un but précis, celui d’améliorer l’existence des hommes. La technique vient préciser l’art –au sens de production humaine- et vient donner un but précis.

Heidegger dans L’essence de la technique, définit donc cette essence par le « dévoilement », c’est-à-dire que la technique permet de détacher une chose qui était alors dans le domaine des potentialités ce qui est un dévoilement. Mais ce dévoilement devient une provocation quand la technique s’impose à la nature. Elle dicte sa loi et trouve tout ce qu’elle veut dans la nature. Ce n’est plus vraiment l’homme qui voulait être le maitre de la nature pour améliorer sa technique mais c’est bien la technique qui asservit la nature, et qui prive l’homme de sa liberté en même temps car elle s’impose à lui comme l’unique mode de pensée. Pour retrouver sa liberté l’homme est forcé non pas de renoncer à la technique mais à la confiance aveugle qu’il a placé en elle. La technique est véritablement un danger pour l’homme.

Cette notion de danger est aussi développée par Hannah Arendt mais d’une autre façon. Ce n’est plus la technique mais l’œuvre qui est considérée. L’œuvre est pour Arendt le résultat d’une réification, et elle donne à l’homme un monde de sécurité. Ici l’homme est considéré comme le maitre de la nature, et aussi de soi. Le problème est que l’homme devient capable de créer des machines. Ces dernières s’opposent aux outils. L’outil est utilisé par l’homme qui lui donne son rôle et qui agit par lui. La machine, elle, est capable d’agir sans l’homme, d’elle-même, grâce à une source d’énergie. Or la machine est beaucoup plus productive que l’outil et demande beaucoup moins de travail. Et au fur et à mesure que la machine évolue, l’homme se met à son service. Il ne parvient plus à se passer du rôle que jouent les machines. Ainsi se creuse un fossé entre l’outil qui était parfaitement adapté à l’homme, comme « le prolongement de sa main », et la machine qui parvient à asservir l’homme.

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