L'échec scolaire

à un sujet un peu plus ciblé à savoir, l’échec scolaire plus fréquent que la moyenne constaté chez les CSP dites inférieures.

Quelles sont les causes de l’échec scolaire au sein des CSP dites inférieures ?

Dans un premier temps, nous étudierons l’échec scolaire chez les CSP dites inférieures, plutôt grâce aux éléments statistiques, en ayant préalablement rappelé le contexte de l’apparition de cette notion. Ensuite, nous focaliserons notre étude sur les analyses et explications de différents sociologues. Enfin, nous passerons en revue les dispositifs mis en place, les remèdes à l’échec scolaire ainsi que les conséquences.

Extrait du film Entre les murs (Laurent Cantet) ; Palme d’or au festival de Cannes 2008.

( Dans ce passage, on constate la différence culturelle qu’il peut y avoir entre les élèves issus des classes dominées et ceux provenant des classes dominantes.

Esmeralda, s’exclame en disant qu’elle ne voit pas l’intérêt d’apprendre l’imparfait du subjonctif étant donné que les connaissances acquises à l’école, pour elle, ne peuvent pas être utilisées dans son environnement familial ou dans la vie quotidienne.

I) Echec scolaire chez les Classes Socioprofessionnelles (CSP) dites « inférieures ».

I-1) Historique et définition de l’échec scolaire.

Depuis quand parle t-on d’échec scolaire ?

Il est primordial de contextualiser cette notion. Il faut attendre les années 60 pour voir l’apparition de nombreux articles consacrés à ce phénomène social. Au début des années 50, l’expression « d’échec scolaire » était employée pour désigner les enfants que l’on s’attendait à voir réussir et qui se heurtaient cependant à l’échec, autrement dit, les enfants des classes dites supérieures destinés à poursuivre de longues études et qui n’y parvenaient pas. En fait, l’apparition de l’expression « échec scolaire » résulte d’un changement des mentalités depuis les années 60. Avant les années 60, un échec scolaire était qualifié de tel si et seulement si on s’attendait à ce que l’enfant réussisse, il n’y avait donc pas d’échec scolaire si on ne s’attendait pas à ce que l’enfant réussisse, plus particulièrement concernant les enfants des classes sociales dites inférieures.

Depuis les années 60, l’expression s’est généralisée puisqu’on suppose désormais que chaque élève est capable de réussir. Autrement dit, l’idéal de la réussite scolaire s’est imposé dans notre société. L’évolution rapide des mentalités a donc permis, en quelques décennies, de passer à une prétention de faisabilité restreinte (où les enfants des classes dominantes devaient réussir, et par opposition où les enfants des classes dominées étaient prédestinés à la non-réussite), à une prétention de faisabilité universelle, c'est-à-dire qu’aujourd’hui, en théorie, on considère que le système éducatif permet à chaque individu de réussir selon les principes de la méritocratie, quelque soit son origine sociale. Cependant, on verra dans notre deuxième partie que ce modèle méritocratique, prônant l’égalité des chances, reste contesté, en effet les sociologues sont persuadés de la prépondérance du capital social, économique et culturel et symbolique. (Travaux de Bourdieu). La corrélation statistique forte entre échec scolaire et origine sociale est également un facteur clef pour prouver l’impact de l’origine sociale sur la probabilité d’échec scolaire avant la naissance. Dans notre dossier, nous montrerons qu’il existe des liens de cause à effet entre échec scolaire et catégorie socioprofessionnelle.

La définition officiellement retenue pour la notion d’échec scolaire est celle proposée dans les années 70 par Vivianne Isambert-Jamati (sociologue française de l’éducation), pour rendre compte d’un phénomène lié à la massification du système éducatif français :

« l’élève qui échoue est celui qui n’a pas acquis, dans les temps impartis par l’école, les nouveaux savoir-faire prévus par les programmes ». On peut également retenir une définition plus simple à assimiler, « L'échec scolaire est le phénomène des élèves quittant les systèmes scolaires modernes sans qualification ou diplôme et plus largement ayant des difficultés d'apprentissage. »

Il existe de nombreuses idées reçues sur la notion d’échec scolaire. Pour cette notion nous entendons échec scolaire quand on sort du système éducatif sans aucun diplôme ou qualification.

Pour comprendre la notion d’échec scolaire, nous devons nous focaliser sur le contexte du système éducatif. En 1950-1960, on assiste à un phénomène de massification du système éducatif, notamment par le biais de la démocratisation de l’enseignement secondaire dans la période d’après guerre. La réforme Berthoin de 1959 a rendu l’école obligatoire jusque 16 ans. L’esprit de cette réforme était de démocratiser l’enseignement, pour tenter de l’adapter au plus grand nombre d’élèves, mais surtout une volonté de développer l’économie nationale par une meilleure formation des élèves français en plein milieu des trente glorieuses.

Le bilan chiffré de la massification est impressionnant, on est passé de 1,5 million de collégiens en 1959 à 3,2 millions au début des années 80 en France. Le nombre ayant plus que doublé en l’espace d’une vingtaine d’années.

En revanche, puisque notre sujet s’intéresse plus particulièrement à l’échec scolaire chez les enfants des CSP dites inférieures. Nous allons brièvement nous attarder sur les limites de la massification du système éducatif. On a assisté a une croissance constante du nombre d’élèves entre 1960 et 1980 au collège, cette dernière n’aura pas uniquement eu que des effets globaux positifs. En effet, ce phénomène de massification a créé une plus grande disparité, hétérogénéité de niveau entre les différents élèves. L’uniformisation et l’inadaptation sont en partie responsables. En effet, cette scolarisation de masse, l’enseignement uniforme, ne tiennent pas compte de la diversité des élèves.

I-2) Statistiques.

Les études statistiques permettent de dresser des constats et d’établir une corrélation entre une variable sociale donnée et l’échec scolaire. Dans cette partie, nous allons exposer des statistiques sur l’échec scolaire, en fonction de caractéristiques sociales bien définies, et essayer de montrer le lien de cause à effet entre certains aspects sociaux chez un enfant et l’échec scolaire constaté.

Les problèmes de lecture sont considérés comme une variable efficace pour détecter l’échec scolaire. C’est pourquoi lors de la JAPD, pour les élèves concernés, une aide est proposée.

Durant les journées d’appel de la Défense en 2000-2001, sur plus de 650.000 jeunes de 17 ans concernés, 3,9% des filles étaient encore en difficulté grave de lecture nécessaire à la vie quotidienne, contre 8,5% pour les garçons. 9,4% des filles avaient des difficultés de lecture contre 15,5% pour les garçons. Pour commenter rapidement sans s’éloigner de notre sujet, on expliquera cette différence notable en affirmant que les filles sont considérées comme plus dociles que les garçons à l’enseignement).

Il existe des liens de cause à effet entre échec scolaire et CSP.

Selon l’INSEE, plus les parents sont diplômés, plus les enfants réussissent. A contrario, également, les enfants des parents non diplômés seront les plus touchés par l’échec scolaire.

- Les enfants d’ouvriers non qualifiés ont deux fois plus de risque de sortir sans qualification que les enfants d’employés.

- Près d’un tiers des enfants ayant des parents inactifs sort sans qualification.

- Sur tous les élèves en échec scolaire, sortant sans aucune qualification, deux tiers sont enfants d’ouvriers, personnel de service ou inactifs.

- 1/3 des enfants en échec scolaire appartient à des familles dont aucun des parents n’a de diplôme.

- 84% des enfants en échec scolaire appartiennent à des familles où chacun des parents n’ont pas obtenu un diplôme supérieur au CAP

- Les familles monoparentales et recomposées augmentent le risque de sortie du système scolaire sans qualification de l’enfant.

- Les enfants d’ouvriers non qualifiés ont deux fois plus de risque de sortir sans qualification que les enfants d’employés.

- Lorsque la mère a un diplôme d’études supérieures, un enfant a trois fois plus de chances d’obtenir le baccalauréat que lorsqu’elle n’est pas diplômée

Il en ressort donc que les CSP dites inférieures sont de loin les plus touchées par le problème de l’échec scolaire.

- les conditions de logement ont une forte influence sur les résultats scolaire de l’enfant, si l’on prend 2 enfants dont le père est ouvrier, le fait d’habiter dans un HLM pour un ouvrier augmentera le risque