Le Mépris Critique
Dissertation : Le Mépris Critique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresParmi ces comportements, l’un d’entre eux frappe particulièrement Emilia d’ailleurs. Il s’agit du fait que la charmante jeune femme juge Riccardo obsédé par l’argent. Pour elle, il serait capable de tout accepter au simple nom de l’argent allant même jusqu’à insinuer que celui-ci serait même capable de la proposer en échange de rémunération garantie par Battista son ami de producteur. Or, cette place si importante qu’accorde Riccardo à l’argent au sein de son foyer, c’est clair pour lui, c’est pour les plus grand bonheur et confort d’Emilia qu’il sait très désireuse d’avoir un beau foyer, bien organisé, bien rangé et dont elle peut prendre soin. C’est donc pour elle qu’il a fait le choix de « courir » après l’argent et c’est ce qu’elle lui reproche justement.
Intervient ici donc un nouveau thème présent dans Le Mépris, c’est celui de la place à accorder au désir de l’autre dans la relation de couple. Car ici, il apparaît évident que Moravia veut nous faire comprendre que tout accepter de l’autre jusqu’à remettre ses principes, ses idéaux voire ses motivations professionnelles à plat est très loin de n’avoir que du bon. D’ailleurs on voit bien que le personnage principal est préoccupé par les échéances au sujet de l’appartement, il ferme les yeux sur la qualité de son travail, il est prêt à collaborer à un projet auquel il n’adhère pas. Tout ceci au nom de la motivation financière.
Pour justifier ce mépris, Emilia ne s’arrête pas là. Elle précise que lorsque par deux fois, Battista, l’a fait monter dans son automobile et que Riccardo n’a daigné manifester un quelconque agacement, refus ou même une alternative différente, elle a jugé que son époux « n’était pas un homme ».
Or, dans l’esprit de Riccardo, ces épisodes sont des épisodes anecdotiques. Ils revêtissent en réalité une importance capitale dans le cheminement qui a conduit sa femme à le mépriser. On parlera alors de deux thèmes que l’on pourra rapprocher à savoir, la propre perception de ses actes et l’interprétation par le monde extérieur de ceux-ci. Ces deux thèmes sont aussi liés qu’ils sont différents car comme l’exemple précédent le prouve, si la perception que l’on a d’un acte que l’on réalise est diamétralement opposée à l’interprétation qu’en aura l’interlocuteur, cela crée un fossé. Dès lors, la situation de communication est beaucoup plus hardie à établir.
Aussi, on peut évoquer l’influence exercée par chacun des personnages sur les autres. Influence liée au sentiment amoureux ou alors à la position sociale ou bien même issue d’une argumentation forte. Celle-ci se retrouve à chaque instant du livre lorsqu’il est question de rapports humains. On peut coupler cette notion d’influence avec la manipulation et le mensonge dont Battista fait montre à l’égard de Riccardo qui se retrouve pieds et poings liés tant il fait confiance à Battista et tant il a besoin de lui car il est la source même de son revenu.
Notre personnage principal se retrouve même pendant le livre à mentir par omission, à se rassurer tant qu’il peut, à minimiser la situation, à croire pouvoir la résoudre. Or, il n’en est rien de tout cela car Riccardo est simplement inconsciemment aveuglé par l’amour qu’il éprouve pour son épouse. Cela lui fait par exemple imaginer qu’à part lui, Emilia ne voit personne car aime trop sa solitude. Il ferme les yeux d’une manière étrange sous prétexte qu’Emilia n’est pas du genre à mentir quand il se rend compte qu’au lieu d’avoir dîné avec sa mère, celle-ci est resté à l’appartement. Il ne voit même pas l’affection à peine dissimulée de Battista à l’encontre de sa femme Emilia : « Bien entendu, vous ramènerez votre femme. »
Pour compléter notre étude, il apparaît indispensable de rappeler les épisodes les plus marquants de l’ouvrage. Nous commencerons bien évidemment par exposer la scène de la voiture. On apprendra par la suite que cet évènement est le déclencheur du malaise se créant au sein du couple. Il s’agit du moment où suite à un diner au restaurant en présence d’Emilia, de Riccardo et de Battista, ce dernier propose à Riccardo de ramener sa femme car ne possédant que deux places au sein de son automobile. Au lieu de refuser et de trouver un autre moyen de rejoindre Battista pour continuer la soirée, Riccardo accepte au détriment de la tristesse visible au visage d’Emilia. De plus, Riccardo mettra un temps fou à les rejoindre ce qui créera la première incompréhension pour Emilia quand pour Riccardo ce passage « parut sur l’heure insignifiant ».
Par la suite, nous est conté le moment de la visite de l’appartement du couple. En s’y rendant et en sentant son désir de posséder son chez soi, Emilia s’ouvre d’une manière toute nouvelle à Riccardo. Elle prend les devants et excitée par le moment, demande à son mari de la « prendre ». De l’aveu même de Riccardo, « c’est au donateur qu’elle se livrait, non au mari ». C'est-à-dire qu’à cet instant, on commence à deviner la personnalité d’Emilia quelque peu intéressée par la possession matérielle. On nous précise également que tous les contrats de vente sont réalisés au nom d’Emilia tant ce plaisir est grand pour elle.
Vient ensuite le refus de dormir et de coucher avec son mari formulé clairement et oralement par Emilia. C’est à compter de ce jour que Riccardo se met en tête que sa femme ne l’aime plus. Et ce malgré les paroles d’Emilia qui feint des ronflements qui la gênent notamment. De plus, le refus de l’acte sexuel venant s’additionner à ce refus, c’est le début des interrogations et de l’introspection de Riccardo.
La rencontre avec le couple Pasetti fait partie des moments importants car c’est là que se rend compte Riccardo de ce que peut vraiment être l’amour. Ne serait-ce que par les regards jettés entre les Pasetti, Riccardo semble découvrir ce qu’il n’a pas chez lui. Il les envie même.
Un moment charnière du roman est celui où Emilia annonce à Riccardo son intention de manger chez sa mère or il rentre et la trouve sur le canapé, les restes d’un diner à ses côtés. Ainsi, Emilia lui aurait menti ? Celle-ci rétorque que non, sa mère l’appelle à ce moment là et confirme ses dires, une longue explication s’en suit entre les deux protagonistes qui voit Emilia faire le tout pour le tout pour rassurer Riccardo sur ses sentiments avant que Battista appelle pour avoir Riccardo et sa réponse au sujet du film qu’il allait produire. Riccardo doute à ce moment de tout mais ne prend tout de même pas la peine de relever ce genre de phrase prononcée par Emilia au moment du coup de fil du producteur : « Oui,oui nous nous reverrons comme avant.. ».
Le coup de fil de Battista intervient à ce moment pour sonder l’envie ou non de Riccardo de participer à la confection du scénario de l’Odyssée, oeuvre que Battista voit en grand à la manière de “King Kong” c’est peu dire. Mais celà est loin de la vision qu’en a Riccardo qui a une interprétation plus rationnelle de cet ouvrage. Il accepte finalement cette proposition à laquelle se couple la proposition de venir loger dans sa somptueuse villa pour la raison officielle du paysage plus propice au travail mais pour une raison officieuse tout autre. C’est une sorte de changement de “propriétaire” pour Emilia qui passe de l’appartement à la villa et c’est en ce lieu que tout va s’éclaircir pour Riccardo qui ainsi verra l’idylle entre sa femme et son ami de producteur se confirmer par un baiser volé entre les deux protagonsites.
Avant le départ à Capri, Riccardo, toujours dans sa quête de vérité et de compréhension, se rend compte qu’un évènement qu’il avait jugé anodin était peut être la cause de ce “mépris”. Or, il n’en semblait rien, il s’agissait d’un baiser entre sa secrétaire et lui et d’ailleurs il s’agit d’une situation dont il se sentait véritablement confus or, c’est aux trois quarts du roman que ce souvenir vient réheurter sa mémoire. Pour Emilia, ce n’est pas là que remonte le mépris dont elle est emplie mais qui sait ?
Aussi une scène marquante avant la disparition d’Emilia se situe sur le trajet aller de Capri. C’est la deuxième fois où Battista insite pour que la jeune Emilia monte à ses côtes. Elle feint la peur de la vitesse, résiste quelque peu mais devant la-non réactio de Riccardo, celle-ci part avec Battista, s’arrête sur la plage. On se doute alors de la tournure que les choses ont l’air de prendre et on sait qu’à Capri, tout va se jouer.
Venons-en à l’analyse des personnages. Commençons par le principal d’ailleurs, il s’agit de Riccardo Molteni. Scénariste par défaut. Il devient un homme en quête d’argent qui satisferait ainsi sa femme du mieux qu’il le peut. Or, c’est cette situation qui va causer la cassure au sein du couple. sa femme le juge trop attiré par l’argent, presque prêt à tout endurer pour y parvenir. C’est un homme qui tout au long de son introspection à la recherche de la cause des maux du couple va faire preuve d’un aveuglement le plus complet sur la situation tout en gardant une sorte d’espoir qui plus le livre avance le quitte. Cet aveuglement se manifeste à plusieurs niveaux. Il ne voit pas que sa femme change, lui ment, il ne voit pas ce que Battista lui veut réellement (sa femme), il ne s’imagine même pas qu’il est possible qu’elle voit d’autres hommes. Il cherche absolument à mettre des mots sur ce qui ne peut pas forcément être exprimé. Emilia parle de mépris
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