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Bérénice, de Racine

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tant de pleurs, tant d’amour, tant de persévérance » ! que l’on remarque d’ailleurs, au travers des répliques de Titus : « Mais, de grâce, écoutez » ; ou encore « Dans quel trouble elle jette mon âme ! » ; sans oublier la tirade la plus pertinente dans l’expression de ses sentiments et de son incapacité :

« Non, je n’ai rien promis. Moi, que je vous haïsse !

Que je puisse jamais oublier Bérénice !

Ah ! dieux !dans quel moment son injuste rigueur

De ce cruel soupçon vient affliger mon cœur !

Connaissez-moi, madame, et depuis cinq années,

Coptez tous les moments et toutes les journées

Où par plus de transports et par plus de soupirs

Je vous ai de mon cœur exprimé les désirs :

Ce jour surpasse tout. Jamais, je le confesse,

Vous ne fûtes aimée avec tant de tendresse (…) »

Ce n’est qu’autre ce dilemme, auquel est confronté Titus entre l’homme, représentant l’être sensible, et le titre d’empereur qu’il détient depuis la mort de Vespasien ; qui fait l’enjeu de la discussion entre les personnages ainsi que celui de la pièce et dès lors ce qui fait le ressort du tragique.

[Transition]

Amour ou Etat, tel est le moteur de la conversation entre- coupée, formée de longues tirades et de brèves répliques, caractéristiques propres au dialogue de la scène 5, de l’acte V formant l’impossible dialogue.

[2ème axe : L’impossible dialogue]

D’emblée, le premier hémistiche : « Non, je n’écoute rien » nous renseigne sur l’Etat d’âme de Bérénice. Prononcé hors d’attente de toute réponse « non, rien », la reine de Judée ne veut plus rien entendre après avoir tant recherché son amant. Elle décide, dès lors, de s’éloigner de lui « Allons, Phénice » / « Et cependant, je pars (…) », de fuir Rome et de rompre tout ce qui l’y relie. Ainsi, dominée par Bérénice, la scène 5, de l’acte V est caractérisée par la succession de brèves répliques au début du dialogue. Définies sous « stichomythie », ces mêmes paroles rapportent la vivacité de l’affrontement, le brio du personnage et la menace d’une rupture du dialogue. Je cite :

« - Mais, de grâce, écoutez.

-Il n’est plus temps

-Madame, un mot.

-Non. »

Nous constatons donc, « une impossibilité de dialogue ». Bérénice évite tout contact avec son conjoint, ce qui amène Titus à un aparté :

« Dans quel trouble elle jette mon âme »

où il s’adresse au public sans pour autant être entendu par sa malheureuse reine. Et pourtant, cet homme déchiré arrive à faire progresser le, dialogue par sa prière « Demeurez », qui entraîne une reprise des paroles de Titus, par Bérénice, malgré que ce soit dans un autre mode et un autre registre. Je cite :

« Demeurez. / Que je demeure »

En addition, le vers 10 : « C’en est fait. Vous voulez que je parte » peut être conçu comme étant la transition entre une tension totale et une première forme d’union. L’étude de la versification nous permet de constater que les reprises de paroles et les rimes, qu’elles engendrent, sont les moyens qui permettent à Titus de faire parler Bérénice et d’essayer d’étayer sa décision par des arguments affectifs :

« Non, je n’ai rien promis. Moi, que je vous haïsse !

Que je puisse jamais oublier Bérénice. »

Ici d’ailleurs, la reprise du « haïr » : « haïr / haïsse » avec la rime impossible de « haïsse / Bérénice » ont pour fonction d’unifier les deux amants, ce qui permet néanmoins à Titus de s’exprimer.

Enfin, le nombre affligeant d’interrogations posées par Bérénice, nous amèneront à voir une femme en colère, hors d’elle mais surtout indignée. Elle ne s’attend à aucune réponse, elle veut seulement fuir cette Rome qui lui afflige ce triste sort. En ce qui concerne Titus, nous garderons l’image d’un homme abattu d’une part, et révolté de l’autre, face à l’injustice qui lui est faite :

« Ô ciel, que vous êtes injuste ! »

[Transition]

Qui est qui ? Entre « orgueilleux » et « cruel » à qui des deux personnages pouvons- nous attribuer ces adjectifs ? Dépit et incompréhension, l’extrait de la scène 5 de l’acte V, renferme une certaine notion de « tragique » que l’on relèvera dans ce qui suit.

[3è axe : Dépit, incompréhension, l’essor du tragique]

« L’honneur c’est comme la virginité, ça ne sert qu’une fois » (Georges Clemenceau). C’est cet honneur qu’à préférer sauver Titus à la place d’un pur amour, ce qui provoque une déception amoureuse des deux cotés (Titus et Bérénice). Abattu par cette décision, Titus est perdu tandis que la reine tente de le fuir indignée. D’ailleurs, elle ne cesse de dire « je pars » :

« 1- Je veux partir (v.2)

2- Et moi, j’ai résolu de partir tout à l’heure. (v. 11)

3- Et, je pars

4- Allons, Phénice (v.26)

5- Je pars (v.46) »

Ainsi, la reine affirme à cinq reprises qu’elle s’en va retrouver son pays natal, ses racines mais sans pour autant se déplacer. Elle ne fait que parler, elle insiste sur son désir de quitter les lieux, mais qu’importe, le déplacement (mouvement) reste impossible. La scène est immobile, aucun des deux personnages ne bougent, nous pouvons même imaginer des regards perdus, fuyant tout en se cherchant, ce qui est typique à la « maladie d’amour » dont on ne connaît pas le remède ! « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment

Chagrin d’amour dure toute la vie » (Florian, Célestin)

Les deux amants sont touchés dans le plus profond de leur amour propre : se sentant

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