FICHE DE LECTURE Sylvie OCTOBRE Les techno-cultures juvéniles : Du culturel au politique
Fiche de lecture : FICHE DE LECTURE Sylvie OCTOBRE Les techno-cultures juvéniles : Du culturel au politique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Amaya - Laurine - Lucie - Maria Alejandra • 31 Janvier 2024 • Fiche de lecture • 14 523 Mots (59 Pages) • 306 Vues
Lucie LETOURNEAU / n° étudiant : 1900086
OCTOBRE, Sylvie, 2018. Les techno-cultures juvéniles : Du culturel au politique. Paris : L’Harmattan. Logiques Sociales. ISBN : 978-2-343-14529-7.
Dans le cadre de mon mémoire, je travaille actuellement sur la réception par des enfants de CM2 des films proposés par le dispositif Ecole et Cinéma dans l’école primaire Adolphe Pajeaud de la ville d’Antony. J’ai choisi ce livre dans l’optique de mieux comprendre dans quel espace culturel évolue les enfants que je vais suivre. Bien qu’ayant conscience que cet ouvrage aborde sûrement d’avantage les pratiques adolescentes, il me semble tout de même intéressant car en CM2 les enfants sont âgés de 10 ou 11 ans. Dans La culture de la chambre paru en 2010, le sociologue Hervé Glevarec avance que : « les 7-13 ans sont cœur d’un changement, le passage de l’enfance à la préadolescence ou à l’adonaissance, pour reprendre le néologisme forgé par François de Singly. Avoir 11 ans et entrer en classe de sixième semblent produire un « grand changement » dans l’enfance, comme le dit un père rencontré, et introduire une plus grande autonomie »[1]. Les enfants de CM2 se trouvent dans une période de transition avec l’entrée au collège qui implique une projection vers un nouvel espace/ temps scolaire, social et de construction de leur individualité. Ainsi, il me semble intéressant de m’intéresser autant à l’enfance qu’à l’adolescence dans les premiers temps de mon étude. Puisque je m’intéresse aux rapports de ces enfants au cinéma, je me suis tournée vers une autrice qui questionne le rapport des jeunes à la technologie et à la culture.
Dans un premier temps, je souhaiterai présenter l’auteur et son ouvrage.
Dans une seconde partie, j’exposerai les grandes lignes de l’ouvrage.
Enfin, je mettrai en lumière les éléments de l’ouvrage qui m’ont paru pertinents à relever pour mon travail de recherches.
Présentation de l’auteur et de l’ouvrage
Sylvie Octobre
- Discipline : Sociologie,
- Affiliation : Ministère de la culture et de la communication, chercheuse associée du Groupe d’Etude des Méthodes de l’Analyse Sociologique (GEMASS).
- Spécialité : Pratiques culturelles des enfants et adolescents, mutations technologiques sur les inégalités culturelles, effets du genre.
- Carrière :
- Chargée d'études au département des Études, de la Prospective et de Statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Communication,
- Chercheuse associée au Centre Max Weber-ENS Lyon/CNRS,
- Chargée de cours à Sciences Po Paris,
- Rédactrice en chef, avec Vincenzo Cicchelli, de la revue de langue anglaise Youth and Globalization7
- Coéditrice de la collection d'ouvrages Youth in a Global World.
Les techno-cultures juvéniles : Du culturel au politique
- Type : livre,
- Discipline : sociologie,
- Collection : Logiques Sociales,
- Série : Etudes Culturelles (dirigée par Bruno Péquignot). « Le champ des pratiques culturelles est devenu un enjeu essentiel de la vie sociale. Depuis de nombreuses années se sont développées des recherches importantes sur les agents sociaux et les institutions, comme sur les politiques, qui définissent ce champ. Le monde anglo-saxon utilise pour les désigner l’expression cultural studies. Cette série publie des recherches et des études réalisées par des praticiens comme par des chercheurs dans l’esprit général de la collection. »
- Genre : recherche fondamentale, état de l’art, enquête stat, etc ?
- Thème : Son texte interroge les mutations sociales de la jeunesse en « régime techno-culturel » : représentation de la jeunesse, lien entre loisirs et travail ou école, construction de l’identité, métier de consommateur culturel.
- Thèse : Selon l’autrice les techno-cultures engendrent de nouvelles normes dans la construction individuelle des jeunes. Ces normes se structurent notamment autour de « l’empowerment par les émotions » et modifie le rapport des jeunes au temps, à l’espace mais aussi aux institutions traditionnelles.
- Mots clés : techno-cultures juvéniles, éducation, consommations culturelles, médias, institutions, individualisme, réseaux sociaux.
Fiche de l’ouvrage
L’ouvrage de Sylvie Octobre aborde les mutations qui entourent le passage des média-cultures de l’audiovisuel aux techno-cultures numériques. Elle présente la culture juvénile qui née et évolue dans ce contexte. Les nouvelles technologies et la convergence numérique permettent aux jeunes des capacités d’interventions sur les contenus culturels et de création. L’autrice met également en lumière comment, ancrer dans le champ du culturel, ces changements influencent les relations sociales, le rôle des institutions, l’engagement collectif, le rapport à la politique.
Introduction
Sylvie Octobre introduit son propos en se demandant comment les technologies ont réussi à s’imposer dans les cultures juvéniles. Selon elle, cela s’explique par la capacité d’intervention (création, médiation, réception) par les objets, notamment le smartphone, premier terminal culturel. Elle met en avant un changement de paradigme, les objets technologiques diffèrent des médias par l’action aux contenus culturels et plus seulement à l’accès. De plus, se développe le métier de consommateur culturel : le jeune n’est plus enfant et élève mais aussi consommateur.
Les technocultures ré agencent les temps de diffusion, d’accès aux contenus mais aussi l’espace sous l’effet de la globalisation de la culture qui favorise une hybridation des contenus. Les jeunes ont ainsi accès à des contenus provenant de n’importe dans le monde à tout instant.
« Les familles populaires ont été les premières à équiper leurs enfants d’ordinateur pour les faire entrer dans la modernité et accélérer autonomisation alors que les catégories favorisées protègent l’enfance et la font durer plus longtemps. »
La consommation culturelle qui a lieu dans le régime techno-culturel permet d’observer des mutations sociales : jeunesse, éducations, loisirs, travail, école, construction de soi. Etudier les techno-cultures juvéniles c’est repenser la jeunesse qui voit émerger de nouvelles lignes de fractures ou émergence sociale mais aussi de nouvelles créativités culturelles autour du réseau. Les techno-cultures apportent d’autres changements liés par exemple à la notion de loisirs conçus à l’origine en rapport au travail dans un cadre national et façonnés par les parents. Dans la même dynamique, que devient la passion caractéristique d’un attachement « sacrifice » à un objet ou une activité ? La techno-culture juvénile semblerait ainsi caractérisée par une forme de liberté mais aussi par l’addiction. Ainsi, le cadre global construit par les Industries Culturelles est remis en question et l’analyse des imaginaires culturels juvéniles nourris à des contenus globaux devient un enjeu de recherches. L’autrice revient très brièvement sur les discours paniqués récurrents autour de la jeunesse. Ceux-ci, rappelle-t-elle se nourrissent de peurs démographiques et éducatives liées à la décroissance des naissances et à propos de l’éduction, du nouveau rôle des mères, de psychologisation de l’éducation, de la conscientisation de la socialisation différenciées. Par ailleurs, les loisirs durant les activités périscolaires forment les lieux d’une sécurisation ainsi que du développement personnel des enfants.
« Les techno-cultures désignent donc un ensemble de contenus, de modes opératoires des contenus, de techniques de construction et de présentation de soi, de savoirs, de normes, d’idéologies. »
De plus, il est à noter que l’école selon l’autrice, dans un contexte où la culture légitime semble moins rentable que les mathématiques, ne s’ouvrirait pas pour autant aux formes culturelles plus récentes comme les séries ou la bande dessinée. Si les techno-cultures juvéniles sont analysées sous l’angle du danger, de la perte ou de la pathologie, Sylvie Octobre porte plutôt son intérêt sur les rapports culturels qui s’y édictent en se focalisant sur les mutations et permanences plutôt que sur une comparaison avec d’autres générations. Cette réflexion porte sur la société française caractérisée par une centralité de l’école comme lieu de transmission culturelle, une grande abondance de contenus et équipements culturels mais aussi la raréfaction d’une jeunesse qui connaît des tensions quant à son intégration sociale.
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