Jean-Batiste Grenouille: Héros ou Anti-Héros ?

3.3 LE XVIe SIECLE – RENAISSANCE et HUMANISME

1. L’appellation

La Renaissance : une époque

On appelle traditionnellement « Renaissance » la période qui commence avec les trois faits suivants :

- découverte de l’Amérique (1492)

- invention de l’imprimerie (1455)

- chute de Byzance (actuelle Istanbul) devant les Turcs (1453).

La Renaissance est une période de l’époque moderne (16e-18es.) associée au renouveau des arts, de la philosophie et des sciences. Elle ne se situe pas au même moment suivant le pays. Elle trouve son origine en Italie au 15ème siècle et se répand ensuite à travers l’Europe au cours du 16ème siècle. La période de la Renaissance s’est voulue comme un âge de « lumière » succédant aux « temps obscurs » du Moyen Age.

L’Humanisme : un mouvement

Dans l’histoire de l’Occident, l’appellation « humanisme » désigne un large mouvement intellectuel, lié à la redécouverte de l’Antiquité. Ce mouvement est né dans l’Italie du 14esiècle puis a gagné toute l’Europe aux 15 et 16esiècles. Les humanistes sont les érudits qui étudient les belles-lettres, la littérature, les textes antiques. Ils contribuent à la redécouverte de l’Antiquité et aux nouveaux commentaires des textes. En effet, les textes antiques sont lus dans leur langue d’origine afin d’être le plus fidèle possible au texte et de ne pas travailler sur des mauvaises traductions ou des commentaires approximatifs (d’où la nécessité d’étudier le grec, le latin et l’hébreu).

L’humanisme est un courant de pensée qui met l’homme au centre des préoccupations (anthropocentrisme) et qui vise à développer ses qualités essentielles. Pour les humanistes de la Renaissance, c’est le retour aux sources de la culture gréco-latine qui permet à l’homme d’accéder à sa dignité, de s’accomplir. Il s’agit d’un courant de pensée optimiste, qui croit au progrès, ce qui explique le foisonnement de la vie intellectuelle à cette époque.

2. Influences

a. La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 (qui marque la fin de l’Empire romain d’Orient et qui provoque un afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne) et les guerres d’Italie (11 guerres menées par les souverains français en Italie de 1494 à 1559). Ces deux évènements ont profondément ébranlé le monde chrétien et ont fait connaître la Renaissance italienne en France avec un siècle de retard. A leur tour, les humanistes français se sont mis à étudier le grec et le latin, à éditer et à traduire des manuscrits anciens.

b. La Réforme protestante s’oppose à la tradition catholique, notamment en retournant aux versions originelles des textes sacrés et en diffusant largement ceux-ci : l’arrivée de l’imprimerie va permettre la traduction et la diffusion de la Bible dans les principales langues de l’Europe, soit en langues vulgaires (ce qui était interdit au Moyen Age). Les premières traductions ont été réalisées par des protestants (Martin Luther traduit la Bible en allemand). Le conflit doctrinal dégénère en une guerre civile qui ensanglante la France (de 1562 à 1598) et met fin à la domination religieuse présente depuis le Moyen-âge.

c. Les grandes découvertes se multiplient :

- En géographie, avec les expéditions de Christophe Colomb, Magellan (l'expédition commandée par Fernand de Magellan, navigateur et explorateur portugais, est la première à effectuer le tour de la Terre en 1522) ou Vasco de Gama (un navigateur portugais, premier Européen à arriver aux Indes par voie maritime en contournant le cap de Bonne-Espérance) qui explorent de nouveaux mondes.

- En anatomie et en chirurgie, avec Ambroise Paré (le chirurgien des champs de bataille, le père de la chirurgie moderne. Il est l'inventeur de nombreux instruments. La généralisation alors relativement récente de l’usage des armes à feu rend les chirurgiens familiers avec des plaies d'une sorte nouvelle, que l’on cautérise au fer rouge ou à l’huile bouillante au risque de tuer le blessé. Paré met au point la ligature des artères1, qu'il substitue à la cautérisation2, dans les amputations) et Vésale (grand anatomiste brabançon ; ce dernier ne craignant pas de disséquer un corps humain).

- En astronomie, avec Copernic (astronome connu pour sa théorie astronomique selon laquelle le Soleil est au centre de l’univers, la Terre tournant autour de ce dernier. C’est un système que l’on appelle « héliocentrisme ») et Galilée (ses réalisations comprennent le perfectionnement de la lunette astronomique, ardent défenseur du système de l'héliocentrisme) qui bouleversent la vieille conception selon laquelle le soleil tournait autour d’une terre immobile.

3. La littérature française du XVIesiècle et ses auteurs

C’est à ce moment-là que s’établit la langue française comme une grande langue littéraire. D’importants auteurs fondent les principaux genres de la littérature moderne : François Rabelais (date indéterminée entre 1483 et 1494-1553) la prose narrative, Pierre de Ronsard (1524-1585) et Joachim du Bellay (1522-1560) la poésie, Michel de Montaigne (1533-1592) la littérature d'idées.

Le pouvoir royal œuvre à unifier la langue française (et par là même le territoire), le rôle de François Ier est déterminant. Il est un important mécène, offre sa protection aux savants (Léonard De Vinci), écrivains et artistes. En 1539, il promulgue l’édit de Villers-Cotterêts qui rend l’usage du français obligatoire dans les actes administratifs et juridiques. Le français

1 Opération chirurgicale qui consiste à serrer un lien autour d’un vaisseau sanguin pour prévenir ou arrêter l’écoulement du sang.

2 Technique médicale basée sur l’utilisation de la chaleur ou de produit chimique pour détruire des cellules anormales ou obturer des vaisseaux sanguins.

devient donc la langue officielle du droit et de l’administration en lieu et place du latin utilisé jusque-là.

Les écrivains ont alors pour rôle d’enrichir (lexicalement et syntaxiquement) la langue française (enjeu majeur aux 16eet 17esiècles) pour qu’elle puisse répondre à son nouvel emploi. Cet enrichissement se fait via l'imitation des auteurs italiens, romains et grecs, qu’on veut égaler, voire surpasser. La poésie lyrique (genre dominant de la Renaissance) occupe de loin la première