Regard sur le scandale Lafarge en Syrie
Analyse sectorielle : Regard sur le scandale Lafarge en Syrie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Jean-Jojo Tsw Le Bargeot • 12 Novembre 2020 • Analyse sectorielle • 745 Mots (3 Pages) • 617 Vues
Le scandale Lafarge en Syrie :
En 2016, le journal Le Monde révèle une coopération entre le géant du ciment Lafarge et différents groupes armés de l’Etat Islamique à proximité de l’usine de Jalabya. Ces informations poussent le ministère des finances puis l’ONG Sherpa à porter plainte contre des cadres de cette entreprise pour mise en danger des ouvriers, commerce interdit et complicité de crimes contre l’humanité. [pic 1]
En effet, en 2010, Lafarge inaugure sa cimenterie de Jalabiya. Les printemps arabes de 2011 font éclater une guerre civile en Syrie. L’Etat islamique profite de ces instabilités pour accroître sa zone de contrôle. Malgré les risques encourus par les employés de la cimenterie, Lafarge continue son exploitation. Entre Juin 2013 et mars 2014, Daech prend le contrôle de toute la zone qui cerne la cimenterie : d’Alep à l’ouest à Deir ez-Zor à l’est. Lafarge négocie alors des laissez-passer avec l’Etat Islamique pour toute personne se rendant à l’usine ou en sortant de l’usine. Son activité se poursuit jusqu’au 19 septembre où Daech finit par attaquer l’usine. On découvrira lors de l’enquête que le cimentier achetait des matières premières à l’Etat Islamique et versait chaque mois des centaines de milliers d’euros pour que les djihadistes assurent la sécurité. Ces actes illégaux ont soutenu un ennemi de la France et ont mis en danger des dizaines d’employés.
Néanmoins, selon plusieurs hauts responsables de Lafarge, le quai d’Orsay aurait poussé l’entreprise à rester en Syrie. L’ONG Sherpa réclame donc l’audition de Laurent Fabius, ancien ministre des affaires étrangères de mai 2012 à février 2016. Le ministère des affaires étrangères dément cependant ces affirmations en rétorquant que « jamais le ministère des Affaires étrangères n'a demandé à Lafarge de rester, bien au contraire. » Pourtant, en 2018 un agent de la DGSI avoue qu’une collecte d’informations « opportuniste» par l’intermédiaire de Lafarge avait été réalisée mais qu’aucune consigne n’avait été donnée au géant.
Cette situation révèle donc toute l’ambiguïté de cette inculpation. Alors que Lafarge assure que la cimenterie tournait à perte, elle aurait décidé de rester en Syrie malgré les dangers encourus. En 2019, La cour d'appel de Paris annule la mise en examen pour "complicité de crimes contre l'humanité". Lafarge aurait-elle été influencé par le gouvernement ou s’assurait-elle une place en Syrie après la fin du conflit ? [pic 2]
Dès 2017, l’accusation présente des risques économiques et politiques pour l’entreprise. Bruno Lafont est obligé de démissionner de son poste, plusieurs cadres sont mis en examens puis sanctionnés. Lafarge doit donc repenser une partie de sa hiérarchie. La société est aussi poursuivie pour "financement d’une entreprise terroriste" et "mise en danger de la vie d’autrui » jusqu’en 2019. Elle est susceptible d’être condamnée à s’acquitter de lourdes amendes. En outre, Le scandale syrien n’a fait que renforcer l’image négative du fleuron français. La Mairie de Paris a rompu son partenariat de longue durée avec l’entreprise suite au dévoilement de l’affaire. Ce procès a aussi indirectement participé à l’amplification d’actes menés contre ses projets. En 2020, Extinction Rébellion, un mouvement social écologiste international, choisit Lafarge comme cible d’une de ses actions d’envergures. Le passé de l’entreprise a influencé le choix de la cible. Mais cet événement a déjà eu des conséquences économiques et structurelles pour Lafarge. Elle a dû repenser sa répartition du pouvoir. Le siège parisien a en effet été fermé en 2017. Cette conséquence, associée à la perte de valeur de l’action en bourse, a conduit à la sortie du CAC 40 en 2018 au profit de l’entreprise Hermès. Les révélations d’implication de la DGSI en 2019 renforce le parti civil et permettent à Lafarge d’espérer la fin du scandale.
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