Un Personnage Médiocre D'Un Roman Peut-Il En Être Le Hero ?
Note de Recherches : Un Personnage Médiocre D'Un Roman Peut-Il En Être Le Hero ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoireset des idéaux, et d’inculquer des valeurs morales et sociales au lecteur, et de créer des aventures extraordinaires.
Les héros mythiques et légendaire illustrent généralement des valeurs telles la détermination et le courage, l’intrépidité et la bravoure. Ulysse, héros de L’Odyssée de Homère (VIIème siècle avant J.-C.), présente toutes ces qualités au cours de son périple pour rentrer à l’île d’Ithaque où sa femme Pénélope l’attend. Partant vainqueur de la guerre de Troie, il a un statut de conquérant, de héros de guerre. Commence alors son voyage : de nombreux obstacles se dressent devant lui, obstacles naturels ou commandés par les dieux, obstacles qu’il brave et vainc armé de courage et de volonté, d’esprit et d’habileté. C’est ainsi le récit d’un combat épique mené par un héros exceptionnel et dont la force peu commune et les aventures extraordinaires exaltent, transcendent le Moi du lecteur : on nous présente un personnage héroïque par ce qu’il accomplit, et par ses qualités humaines, voire surhumaines.
Au-delà du rêve et de l’exaltation, l’auteur peut chercher à transmettre un message, une opinion à travers son personnage. Rabelais, contrairement à de nombreux de ses contemporains, n'écrit pas en langue latine. Il utilise la langue barbare, s’adresse au peuple peu instruit et lui transmet son idéal humain : un homme libre, généreux, pacifiste, mais également cultivé et sage. Ainsi il présente deux oeuvres qui traverseront l'Histoire littéraire : Gargantua (1534) et Pantagruel (1532). Derrière un langage grossier et un ton léger, Rabelais peint le tableau de ces personnages tels que devraient l'être l'ensemble de l'Humanité à son goût. Ceux-ci débordent de qualités et ne présentent aucun défaut, on assiste alors à des histoires épiques qui font de leur héros des hommes parfaits.
Cette perfection et cette situation peuvent également être atteintes à partir de peu de moyens. Dans Zadig ou la Destinée de Voltaire (1747), le héros est simple, bien que cultivé et respectueux, mais confrontés à de nombreuses mésaventures, sa persévérance et son courage sont mis à l’épreuve. A la recherche du bonheur, il s’instruit, cultive sa curiosité et offre ses conseils à ceux qui en ont besoin ; il finit reconnu de tous, roi de Babylone. Contrairement aux héros mythologiques, il construit lui-même sa voie, ses aventures surviennent, engendrées par les qualités qu’il développe, et atteint le prestige. Il est finalement héros malgré lui.
L’emploi de tels personnages vertueux semble incontournable pour donner son sens au roman. Cependant, de nombreux auteurs n’ont pas hésité à mettre en scène des antihéros, médiocres personnages, particulièrement depuis le XIXème siècle. Ce choix vise généralement à se rapprocher de la réalité, et peut également adresser un message ou exprimer une opinion. Une telle œuvre est alors également porteuse de caractéristiques de son époque. En 1857 paraît le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert, dont l’héroïne reste aussi célèbre que l’ouvrage ; et pourtant Emma Bovary est un personnage médiocre, qui rêve d’une vie exaltante de conte de fées qu’elles lisait dans son enfance, mais se retrouve mariée à un homme qui ne la satisfait en aucun point, malgré sa situation aisée. Flaubert dénonce ainsi à travers ce roman sans grandes péripéties ni aventures trépidantes les « mœurs de province », par l’intermédiaire d’un personnage bien peu attachant. Madame Bovary stigmatise les stéréotypes féminins de la bourgeoisie de l’époque.
Pour sa part, Zola place la médiocrité de ses héros au service de sa thèse sur l’incidence de l’hérédité et du milieu sur le destin de ses personnages. Ainsi, dans L’Assommoir, l’alcool précipite Gervaise dans la déchéance, et sa fille Nana ne connaîtra pas un meilleur sort. Tout au long de ses romans, Zola met l’accent sur les défauts de ses héros. Il met aussi en scène la cruauté, comme dans Thérèse Raquin où les deux amants assassinent le mari afin d’atteindre un hypothétique bonheur qui restera inaccessible. Ses personnages subissent leur destin plus qu’ils ne le maîtrisent, comme ils subissent le poids de la société et de la condition humaine. Cette dernière est révélée médiocre à travers le réalisme de Zola.
Lorsqu’elle est poussée à son paroxysme, la médiocrité révèle chez Céline l’absurdité de l’existence. Dans Voyage au bout de la nuit, Ferdinand Bardamu que rien ne prépare à devenir un héros est précipité dans les bassesses humaines, et avance de déception en déception du fait du destin qu’il est amené à vivre. Aux brillantes qualités du héros grec, Céline répond par la vilenie de son antihéros. Sachant que son roman est en partie autobiographique,
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