Commentaire linéaire : La mort de Manon
Analyse sectorielle : Commentaire linéaire : La mort de Manon. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar 44255031 • 20 Avril 2025 • Analyse sectorielle • 2 096 Mots (9 Pages) • 13 Vues
Commentaire linéaire : La mort de Manon
Pardonnez, si j'achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer.
Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et je n'osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m'aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d'une voix faible, qu'elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d'abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je n'y répondis que par les tendres consolations de l'amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N'exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait. C'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement.
Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse.
Rappel Passage de l’oeuvre
Manon est déportée en Louisiane et Des Grieux la suit jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Ils se font passer pour mari et femme, et sont bien traités par le gouverneur de la ville. Des Grieux lui apprend finalement la vérité car il veut épouser Manon, mais son neveu, Synnelet, entend la conversation et convainc son oncle de refuser à Des Grieux l’autorisation d’épouser Manon. Synnelet et Des Grieux se battent en duel et le chevalier, pensant avoir touché mortellement le neveu du Gouverneur, s’enfuit avec Manon. Après avoir longuement marché, les jeunes gens passent la nuit dans la forêt. Manon se trouve de plus en plus affaiblie et, le lendemain matin, elle meurt. La mort de Manon est racontée par Des Grieux avec un décalage temporel qui n’atténue pas le pathétique. Les deux amants semblent réunis comme jamais au moment même où la mort les sépare.
Rappel Passage de l’oeuvre
Manon est déportée en Louisiane et Des Grieux la suit jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Ils se font passer pour mari et femme, et sont bien traités par le gouverneur de la ville. Des Grieux lui apprend finalement la vérité car il veut épouser Manon, mais son neveu, Synnelet, entend la conversation et convainc son oncle de refuser à Des Grieux l’autorisation d’épouser Manon. Synnelet et Des Grieux se battent en duel et le chevalier, pensant avoir touché mortellement le neveu du Gouverneur, s’enfuit avec Manon. Après avoir longuement marché, les jeunes gens passent la nuit dans la forêt. Manon se trouve de plus en plus affaiblie et, le lendemain matin, elle meurt. La mort de Manon est racontée par Des Grieux avec un décalage temporel qui n’atténue pas le pathétique. Les deux amants semblent réunis comme jamais au moment même où la mort les sépare.
Rappel Passage de l’oeuvre
Manon est déportée en Louisiane et Des Grieux la suit jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Ils se font passer pour mari et femme, et sont bien traités par le gouverneur de la ville. Des Grieux lui apprend finalement la vérité car il veut épouser Manon, mais son neveu, Synnelet, entend la conversation et convainc son oncle de refuser à Des Grieux l’autorisation d’épouser Manon. Synnelet et Des Grieux se battent en duel et le chevalier, pensant avoir touché mortellement le neveu du Gouverneur, s’enfuit avec Manon. Après avoir longuement marché, les jeunes gens passent la nuit dans la forêt. Manon se trouve de plus en plus affaiblie et, le lendemain matin, elle meurt. La mort de Manon est racontée par Des Grieux avec un décalage temporel qui n’atténue pas le pathétique. Les deux amants semblent réunis comme jamais au moment même où la mort les sépare.
Commentaire linéaire
MOUVEMENT 1: La difficulté de DG à raconter cet épisode
Pardonnez, si j'achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer.
[pic 1]
"Pardonnez"/ "je vous raconte" | Adresse à Renoncour | Emotion de DG encore intacte Adresse à Renoncour qui est, en réalité, une adresse à tout lecteur dont Renoncour est un symbole: création d'une relation de proximité avec le public qui pourra ainsi s’identifier plus facilement aux souffrances du chevalier. |
"j' achève... tue... raconte...porte...semble...entreprends" | Présent d'énonciation | Rupture dans le récit par une retour au présent qui a pour effet de remobiliser l'attention du lecteur et de relancer son intérêt pour la suite du récit. |
j'achève | Verbe | Qui indique que la mort de Manon est le premier élément de la fin du récit |
« un récit qui me tue », « un malheur qui n’eut jamais d’exemple » | Périphrases hyperboliques désignant la mort de Manon | Expression du désespoir profond de DG + mention d'une mort symbolique du narrateur qui est la conséquence de la mort de Manon |
« j'achève en peu de mots » | Contratse entre la longueur du récit que vient de faire DG et la brièveté de la fin qu'il peine à raconter | Effet de sobriété dans le récit qui en accentue le pathétique car souligne le profond désespoir de DG |
pleurer », « me tue »« horreur », « malheur » | Lexique des pathétique, sentiments , violents | Désespoir extrême de DG suscite la pitié du lecteur. |
« Toute ma vie est destinée à le pleurer » | Hyperbole | DG se présente en martyr --> personnage pathétique + tragique comme si sa souffrance était l'aboutissement d'une destinée sur laquelle il n'a aucun contrôle. |
« quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer » | PSC de concession | Tiraillement caractéristique du héros tragique |
Tout le passage | Phrases assertives, aucune exclamation | Sobriété , retenue dans les sentiments comme si DG était vidé, à bout. |
MOUVEMENT 2: Le récit de la mort de Manon
Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et je n'osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m'aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d'une voix faible, qu'elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d'abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je n'y répondis que par les tendres consolations de l'amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait.
« je croyais » | Modalisateur | Montre que DG ne comprend pas que Manon est en train de mourir/ Mauvaise perception |
« ma chère maîtresse | Périphrase affective | Profond amour de DG pour Manon |
« endormie...sommeil » | Vocabulaire du /euphémismes sommeil | Désignant déjà la mort de Manon |
« Je m'aperçus dès le point du jour » | Verbe au passé simple Symbole du jour qui revient | Action qui permet à DGH de réaliser l'état de Manon. |
« mais [...] froides et tremblantes » | Adjectifs | Annonciateurs de la mort prochaine de Manon |
« en touchant ses mains... je les approchai de mon sein, pour les échauffer... faisant un effort pour saisir les miennes » | Langage du corps passant par les mains | Rapprochement qui montre l'amour sincère qui unit les amants. |
« faisant un effort ... d'une voix faible » | Signes physiques | Annonciateurs de la mort prochaine de Manon --> effet pathétique |
« elle me dit [...] qu'elle se croyait à sa dernière heure » | Discours indirect | Perpception de Manon elle-même sur son état qui ne laisse plus de place au doute. |
« sa dernière heure » | Euphémisme désignant la mort | Renvoyant à la sobriété de ce moment du récit |
« je ne pris d'abord... je n'y répondis » | Modalisateurs | Montre encore que DG est qq peu dans le déni, qu'il ne comprend pas les signaux morbides que lui envoie Manon |
« un langage ordinaire de l'infortune » « je n'y répondis que... » | Adjectif « ordinaire » + négation restrictive | DG banalise l'événement, ne veut pas croire à la mort de Manon, il est aveuglé par l'amour |
mais | Conjonction de coordination | Marque changement d'attitude de DG qui bascule de l'aveuglement à la prise de conscience |
« ses soupirs fréquents .... les miennes » | Énumération | Étapes de l'agonie de Manon |
« soupirs...silences » | Langage corporel | Montre que Manon ne peut plus s'exprimer que par le corps → mort imminente/ effet pathétique |
« le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes » | Reprise du motif des mains/ symbole | Union et amour sincère des amants dans la mort même + symbole de fidélité aussi → idéalisation du coupe Manon / héros tragiques et pathétiques ( écho à d'autres amants maudits : Roméo et Juliette ou Tristan et Yseut par ex) |
« la fin de ses malheurs » | Euphémisme | Pour nommer la mort / toujours sobriété du style+ mort vue comme une délivrance par la jeune femme (ce qui sous-entend les souffrances de son agonie) |
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