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Commentaire composé Le Négrier

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eur, met sa tête dans le trou de boulet du pavillon, la situation bascule totalement. C’est à ce moment précis que la destinée des jumeaux se sépare. Leur père et les marins présents y voient dans le geste de l’enfant un quasi message « divin », l’enfant devient l’élu de son père et de la communauté des marins. Le vocabulaire et les expressions employées traduisent ce moment extraordinaire « le plus heureux présage », « les témoins de ce prodige » (l17), « être un jour une des gloires de la marine française » (l.18). On sent qu’à partir de ce moment, l’auteur ne pourra plus se soustraire au monde de son père, le monde marin. « mon père avait voulu qu’on m’appelât comme lui, Leonard » (l.30) et « j’étais l’idole de mon père, qui retrouvait en moi tous les défauts de sa jeunesse »(l.28).

A la manière dont l’auteur décrit son histoire, on a le sentiment qu’il la subit, qu’il est en prise avec des forces qui le dépassent, presque surnaturelles. C’est le cas lorsqu’il décrit sa naissance.

« Les circonstances de ma naissance semblèrent tracer ma vocation » ou « j’ai reçu le jour en pleine mer » (l.2),

L’impression est donnée que c’est la mer et non sa mère qui provoque l’accouchement : « et au moment même où la frégate recevait le choc d’une lame effroyable que ma mère accoucha de nous » (l. 8 et9).

La mer, déchaînée, lieu de l’accouchement réclame avec force ses enfants.

Le champ lexical de la mer, utilisé pour décrire les circonstances de sa naissance, renforce cette impression : « pleine mer « (l.2) ; « traversée » (l.2) ; « marine » (l.3) ; sa frégate (l.4 et 8) ; « roulis » (l.7), « lame » (l.8).

De plus il ne sera fait allusion à sa mère que trois fois dans le texte, à la 4ième ligne de façon très impersonnel « une jolie créole devenue sa femme » puis à la huitième ligne du texte « ma mère accoucha de nous, après sept mois de grossesse » et enfin à la 29 ième ligne « ma mère ne pouvait vivre qu’auprès d’Auguste».

Il a un père et la mer.

Nous remarquerons également que l’auteur ne parle presque jamais de ce qu’il ressent, il s’en tient à relater les faits tels qu’ils se sont passés avec une certaine distance. Ce destin qui lui a échappé lui permet peut-être de justifier les crimes qu’il a commis, élément évoqué dans la préface du roman.

Dès l’enfance, leurs différences s’affirment déjà fortement . Tout les oppose y compris la manière d’exprimer leur amour : « je l’aimais à ma manière avec impétuosité et brusquerie » (l.26) « il me chérissait de son côté ; mais son amitié, douce et caressante… » (l.26, 27). Les adjectifs qualificatifs choisis sont de sens contraire de même nature et de même nombre.

La description de leur différence est vivante. Cela provient de la succession de phrases courtes décrivant alternativement les traits de caractère de l’un des frères puis de l’autre, en les opposant systématiquement .

« je savais nager et je ne savais pas lire » (l.21) ; « j’étais… mauvais petit sujett» (l.22) ; « mon frère remportait tous les prix de ses classes » (l.23) ; » il faisait les délices de ses professeurs » (l23) « J’en étais le tourment » (l/24). L’auteur représente le fils exclusif de son père qui retrouve en lui « tous les défauts de sa jeunesse » (l.28), son frère, celui de sa mère « ma mère ne pouvait vivre qu’auprès d’Auguste». Cette comparaison s’étend sur tout le dernier paragraphe soit presque un tiers du texte ce qui contribue à renforcer l’idée que leurs destins seront forcément

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