Analyse linéaire : les obsèques de la lionne
Analyse sectorielle : Analyse linéaire : les obsèques de la lionne. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar c.mazon • 19 Janvier 2023 • Analyse sectorielle • 1 490 Mots (6 Pages) • 2 083 Vues
Explication 4 : les obsèques de la lionne VIII 14 - 14 ème fable du livre 8 de La Fontaine
La femme du Lion mourut :
Aussitôt chacun accourut
Pour s'acquitter envers le Prince
De certains compliments de consolation,
Qui sont surcroît d'affliction.
Il fit avertir sa Province
Que les obsèques se feraient
Un tel jour, en tel lieu ; ses Prévôts y seraient
Pour régler la cérémonie,
Et pour placer la compagnie.
Jugez si chacun s'y trouva.
Le Prince aux cris s'abandonna,
Et tout son antre en résonna.
Les Lions n'ont point d'autre temple.
On entendit à son exemple
Rugir en leurs patois Messieurs les Courtisans.
Je définis la cour un pays où les gens
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu'il plaît au Prince, ou s'ils ne peuvent l'être,
Tâchent au moins de le parêtre,
Peuple caméléon, peuple singe du maître,
On dirait qu'un esprit anime mille corps ;
C'est bien là que les gens sont de simples ressorts.
Pour revenir à notre affaire
Le Cerf ne pleura point, comment eût-il pu faire ?
Cette mort le vengeait ; la Reine avait jadis
Etranglé sa femme et son fils.
Bref il ne pleura point. Un flatteur l'alla dire,
Et soutint qu'il l'avait vu rire.
La colère du Roi, comme dit Salomon,
Est terrible, et surtout celle du roi Lion :
Mais ce Cerf n'avait pas accoutumé de lire.
Le Monarque lui dit : Chétif hôte des bois
Tu ris, tu ne suis pas ces gémissantes voix.
Nous n'appliquerons point sur tes membres profanes
Nos sacrés ongles ; venez Loups,
Vengez la Reine, immolez tous
Ce traître à ses augustes mânes.
Le Cerf reprit alors : Sire, le temps de pleurs
Est passé ; la douleur est ici superflue.
Votre digne moitié couchée entre des fleurs,
Tout près d'ici m'est apparue ;
Et je l'ai d'abord reconnue.
Ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi,
Quand je vais chez les Dieux, ne t'oblige à des larmes.
Aux Champs Elysiens j'ai goûté mille charmes,
Conversant avec ceux qui sont saints comme moi.
Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi.
J'y prends plaisir. A peine on eut ouï la chose,
Qu'on se mit à crier : Miracle, apothéose !
Le Cerf eut un présent, bien loin d'être puni.
Amusez les Rois par des songes,
Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges,
Quelque indignation dont leur coeur soit rempli,
Ils goberont l'appât, vous serez leur ami
INTRODUCTION :
La Fontaine, grande figure du classicisme, remet au goût du jour le genre de la Fable au
XVIIème siècle, en s'inspirant des Anciens, notamment d'Esope et de Phèdre. Dans ses
fables dédicacées au Dauphin (l'héritier de Louis XIV), il utilise souvent le monde animal
pour dénoncer les injustices de son temps. La forme de la fable correspond parfaitement à
l'idéal classique de brièveté, et du « plaire et instruire ».
Les obsèques de la Lionne est la 14ème fable du livre 8 de La Fontaine. Elle obéit évidemment à ces principes du classicisme, mais tire son originalité de sa longueur et de ses multiples rebondissements. La fable conte le décès de la reine et ses réactions à la cour notamment clle d’un des courtisans qui se démarque en ne manifestant aucun chagrin, le Cerf. face à un pouvoir autoritaire, abusif, seule la ruse permet à celui qui refuse d’être sensible de sauver sa vie
On se demandera en quoi la fable de la fontaine se fait une satire de l’hypocrisie de la Cour par opposition à une valorisation des capacités d’adaptation de l’honnête homme incarné par le cerf.
Composition : récit allégorique qui se développe dans un schéma narratif => entretien la vivacité du récit / dramatisation du récit
- Situation initiale (v.1 à 24) : mort de la lionne – obsèques et réactions à la cour
- Élément perturbateur (v.25 à 27) : le cerf se démarque des autres courtisans en ne montrant aucune émotion
- Péripéties (v.28 à 38) : le comportement du cerf est dénoncé (1) puis condamner (2) par le roi
- Élément de résolution (v.39 à 49) : le cerf invente une fable pour amadouer le bien et sauver sa vie
- Situation finale (v.49 à 59) : le cerf parvient à renverser la situation à son profit.`
Outre ce récit qui se transforme dans un récit narratif, la fable comporte une moralité
SITUATION INITIALE | ||
Le fabuliste met en place une allégorie qui rappelle la Cour du roi Louis XIV | ||
« Le Prince » v.3 | = le lion | Le fabuliste met en place un registre merveilleux : caractéristiques de l’anthropomorphisme (personnification des animaux) |
« la femme du Lion » v. 1 | Périphrase pour la femme de lion | |
représentation minutieuse de la vie de cour qui rappelle l’étiquette versaillaise | ||
Le lion représente symboliquement le souverain | ||
« Messieurs les courtisans » v.16 | Apostrophe | Animaux = ses courtisans/sujets |
« Prevost » v.8 | >< | = les officiers du roi |
« les lions n’ont point d’autre temple » v.14 | Évocation du temple métaphore | Reference au caractère sacré de la monarchie absolue de droit divin dans laquelle le roi est le représentant de dieu |
Les obsèques de la lionne sont théâtralisées | ||
« il fit avertir sa province » v.6 | le lion apparait comme le metteur en scène de la cérémonie religieuse | |
Métonymie | La province désigne l’étendu du territoire sur lequel l’annonce de la mort de la lionne est relayée | |
« en tel jour, en tel lieu » v.8 | parallélisme | Suggère une cérémonie minutieusement réglée, planifiée dans ses moindres détails |
« pour placer la compagnie » (v.10) | ? | Les courtisans sont placés dans un rôle de spectateur : ils semblent assister à cette cérémonie religieuse comme à un spectacle |
« Le Prince au cri s’abandonna » v.12, « et tout son antre en résonna » v.13 | Verbe pronominal | Le lion se donne le premier rôle, éclipsant en partie sa défunte épouse, il se laisse dominer par ses émotions qu’il surjoue peut être |
Assonance en « a » | Souligne la puissance de sa voix et la théâtralisation de ses émotions | |
Satire du roi lion | ||
« il fit avertir sa province » v.6 | ? | L’autorité du roi apparait implacable sous des apparences courtoises- l’invitation lancée aux sujets a enfaite valeur de convocation |
« pour s’acquitter envers le Prince » v.3 | ? | Le roi prétend dicter à ses courtisans leur comportement, voir même meurs émotions- leur présence apparait comme un devoir qu’ils doivent remplir envers le roi |
« jugez si chacun s’y trouve » v.11 | Commentaire ironique du moraliste | Créer un lien de complicité entre le lecteur, au détriment du roi, dont l’autorité tyrannique, abusive est ainsi soulignée |
« on dirait qu’un esprit anime mille corps » v.22 | Antithèse | Le roi porte une part de responsabilité puisqu’il met en place un système qui semble anéantir toute possibilité d’esprit critique chez ses courtisans/ Uniformation de la pensée à la Cour |
Satire des courtisans | ||
« aussitôt » v.2 | adverbe | Ponctualité de la réaction des courtisans (adv) met en relief leur servilité motivée par leur soucis de plaire au roi ou par la peur de susciter sa colère |
« consolation (…) affliction »v.5,4 | 2 diérèses | La déférence dont font preuve les courtisans semble excessive, artificielle, hypocrite (émotions surjoués) |
« tristes gais, prêts à tout, à tout indifférents » v.18 | 2 antithèses et 1 chiasme | Les courtisans sont présentés comme des êtres inconstants, versatile, dénués de caractère : leurs émotions varient au gré de celles du roi |
« s’ils ne peuvent l’être (…) au moins de le paraitre » v.19-20 | Rime qui oppose l’être et le paraitre | Suggère que les courtisans construisent eux-mêmes une image qui ne correspond pas à ce qu’ils sont vraiment |
« peuple caméléon, peuple singe du maitre » v.21 | métaphore | Les courtisans se déshumanisent par les passions qui les dominent qui s’exacerbe dans un environnement aussi concurrentiel que la Cour : ils se perdent eux-mêmes a force de vouloir plaire au roi |
« les gens sont de simple ressorts » v.23 | Doctrine de Descartes « animaux machines » (voir métaphore de la machine de LB dans les caractères) | Souligne l’artificialité de ceux qui ressemblent à des machines |
Analyse sociologique | ||
« je définit la cour un pays ou les gens …» v.17 | Interruption du récit par le fabuliste pour proposer une analyse sociologique de la Cour | |
Métaphore « un pays » | Cour présenté comme un microcosme qui vivrait en autarcie dans lequel les passions humaines s’exacerberai | |
LF invite son lecteur à porter un regard critique sur une Cour dont il ne cautionne pas le fonctionnement |
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