Stendhal, le Rouge et le Noir, chapitre XXXV, "Un orage"
Commentaire de texte : Stendhal, le Rouge et le Noir, chapitre XXXV, "Un orage". Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Les colegiens • 23 Avril 2020 • Commentaire de texte • 1 417 Mots (6 Pages) • 9 128 Vues
TEXTE 3 partie II, chapitre XXXV, “un orage” page 493-494
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 | Julien était parti pour Verrières. Dans cette route rapide, il ne put écrire à Mathilde comme il en avait le projet, sa main ne formait sur le papier que des traits illisibles. Il arriva à Verrières un dimanche matin. Il entra chez l’armurier du pays, qui l’accabla de compliments sur sa récente fortune. C’était la nouvelle du pays. Julien eut beaucoup de peine à lui faire comprendre qu’il voulait une paire de pistolets. L’armurier sur sa demande chargea les pistolets Les trois coups sonnaient ; c’est un signal bien connu dans les villages de France, et qui, après les diverses sonneries de la matinée, annonce le commencement immédiat de la messe. Julien entra dans l’église neuve de Verrières. Toutes les fenêtres hautes de l’édifice étaient voilées avec des rideaux cramoisis. Julien se trouva à quelques pas derrière le banc de madame de Rênal. Il lui sembla qu’elle priait avec ferveur. La vue de cette femme qui l’avait tant aimé fit trembler le bras de Julien d’une telle façon, qu’il ne put d’abord exécuter son dessein. Je ne le puis, se disait-il à lui-même ; physiquement, je ne le puis. En ce moment, le jeune clerc qui servait la messe sonna pour l’élévation. Madame de Rênal baissa la tête qui un instant se trouva presque entièrement cachée par les plis de son châle. Julien ne la reconnaissait plus aussi bien ; il tira sur elle un coup de pistolet et la manqua ; il tira un second coup, elle tomba. |
Lecture linéaire 3
Le réalisme est un mouvement artistique et littéraire apparu en France vers 1850. Né du besoin de réagir contre le sentimentalisme romantique, il est caractérisé par une attitude de l’artiste face au réel, qui vise à représenter le plus fidèlement possible la réalité, avec des sujets et des personnages choisis dans les classes moyennes ou populaires.
Dans Le Rouge et Le Noir, Stendhal nous raconte le parcours de Julien Sorel, un jeune paysan de province, qui rêve d’appartenir à la haute société. Pour s’élever au sein de cette hiérarchie, et faire une ascension sociale, il va s’aider de femmes telles que Mme. de Rênal, la femme du maire de Verrières, et Mathilde de la Mole, cette dernière la fille du Marquis de la Mole, dont Julien est son secrétaire.
Après avoir été anobli par Monsieur de la Mole et devenu lieutenant pour se marier avec sa fille Mathilde, le marquis reçoit un lettre de Madame de Rênal dans laquelle Julien est présenté comme un séducteur opportuniste et sans scrupule. Monsieur de la Mole annule donc le mariage entre sa fille et Julien, et Mathilde finit par le lui communiquer. Dans cet extrait, Julien emporté par la colère, va à la chasse de Madame de Rênal à Verrières, et il tire sur elle.
Comment Stendhal parvient-il à nous présenter ce fait divers dans le roman?
Nous allons voir dans un premier mouvement l’arrivée de Julien à Verrières, puis dans un deuxième mouvement son entrée dans l’Église où le héros est hypernerveux, et enfin, dans un troisième mouvement, nous allons nous intéresser au moment des tirs.
1- Julien arrive à Verrières déterminé
- “Julien était parti pour Verrières”: Julien revient à sa ville natale, après que son mariage soit annulé à cause de la lettre de Mme de Rênal, où elle expliquait les intentions de Julien. 1er indice de la chute du héros: retour à Verrières, sa ville natale.
- Julien est très inquiet et nerveux car il va essayer de tuer quelqu’un, et encore plus car il va tuer son premier amour. “il ne put écrire à Mathilde comme il en avait le projet, sa main ne formait sur le papier que des traits illisibles”. Les traits illisibles qu’il formait lorsqu’il essayait d’écrire à Mathilde, montrent bien sa préoccupation, mais aussi qu’il est déterminé et qu’il veut à tout prix atteindre son but. D’ailleurs on le voit avec le groupe nominal “Dans cette route rapide”.
- Changement de temps (de l’imparfait au passé simple ). L’auteur nous plonge dans la scène, en nous introduisant le cadre spatio-temporel “Il arriva à Verrières un dimanche matin”.
- Il rentre chez l’armurier pour s’emparer d’armes. L’armurier le reçoit avec grand honneur à cause de la richesse obtenue par Julien. Cela est marqué par l’hyperbole “l’accabla de compliments sur sa récente fortune”.
- Le mot nouvelle “C’était la nouvelle du pays” nous indique que Julien fait fureur à Verrières. Il montre aussi la présence de fait divers dans l’oeuvre. En effet, le cas de Julien est inspiré de deux fait divers, dont l’auteur nous fait preuve surtout dans cet extrait.
- Le style utilisé par Stendhal est aussi très journalistique dans ce passage, qui contraste avec les longues phrases d’autres passages de l’oeuvre: Les phrases de ce passage ne sont pas très développées. La présence de ce style marque davantage le fait divers raconté.
- Julien a du mal à faire comprendre à l’armurier qu’il voulait prendre deux pistolets. “Julien eut beaucoup de peine à lui faire comprendre qu’il voulait une paire de pistolets”. En effet, l’image de jeune paysan devenu un noble lieutenant qui demande deux pistolets à l’armurier de son village déconcerte ce dernier.
2- Le héros devient de plus en plus nerveux lorsqu’il rentre dans l’Église
- le passé simple est réemployée et nous replonge dans l’action “Julien entra dans l’église neuve de Verrières”.
- “Toutes les fenêtres hautes de l’édifice étaient voilées avec des rideaux cramoisis” l’intérieur de l’église est obscure et la couleur est rougeâtre, on retrouve encore une référence au titre, que l'on pourrait également rapporté au noir de l’église et au rouge de la colère de Julien envers Madame de Rênal. Les rideaux et leur couleur rougeâtre fait aussi référence au caractère théâtrale de l’extrait: le rideau des théâtres. Ce caractère théâtrale laisse aussi entrevoir une fin tragique.
- Certains indices ont été laissés lorsque Julien rentre pour la première fois dans cette église, il aperçoit une flaque de sang , c’est en réalité une prémonition.
- “ La vue de cette femme qui l’avait tant aimé” au moment de la prononciation cette phrase peut avoir 2 sens (qui l’avait/ qu’il avait), celui qui prétend que Madame de Rênal était amoureuse de Julien ou bien que Julien était amoureux de Madame de Rênal, cette réciprocité est d'ailleurs confirmée à la fin du roman ou Julien éprouve un amour quasi maternelle envers elle.
- “fit trembler le bras de Julien d’une telle façon, qu’il ne put d’abord exécuter son dessein” Julien ne peut viser Madame de Rênal car il tremble trop: il est de plus en plus nerveux au fur et à mesure qu’il atteint son objectif.
- Je ne le puis, se disait-il à lui-même ; physiquement, je ne le puis. Ici, la répétition de la négation en début et fin de phrase montrent l’incapacité de Julien, il essaye néanmoins de se convaincre dans un dialogue intérieur que c’est physiquement qu’il est incapable, alors qu’en réalité c’est la vue de cette femme qui l’empêche.
3- Le moment des tirs
- “le jeune clerc qui servait la messe sonna pour l’élévation.” Le mot élévation, qui est d’ailleurs mis en italique, indique le début du rite liturgique, mais aussi, il renseigne sur l’élévation sociale de Julien. Nous pouvons remarquer un parallélisme avec le jeune clerc et Julien (Le jeune clerc est une image de Julien).
- Madame de Rênal baissa la tête qui un instant se trouva presque entièrement cachée par les plis de son châle. C’est justement au moment ou le visage de Madame de Rênal se voile que “ Julien ne la reconnaissait plus aussi bien” et qu’il peut lui tirer dessus.
- “ il tira sur elle un coup de pistolet et la manqua ; il tira un second coup, elle tomba.” On peut une fois de plus voir la figure d'anti-héros en Julien, il essaye de tuer une femme qu’il a aimé, et quand bien même il rate sa première balle, il est assez froid pour tirer à nouveau dans une situation de nervosité extrême. Cela fait preuve de l’esprit ambivalent de Julien, qui à la fois est un jeune sensible mais aussi froid et calculateur.
CONCLUSION
- femme “qu’il aime”
- Fait divers de Julien Sorel : marquée par le style journalistique (phrases courtes)
- Il est représenté comme un anti-héros
- Début de la chute du personnage
- Ambivalence de son caractère très marquée
- OUVERTURE:
Jean-Claude Romand:
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