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Stendhal, Le Rouge et le Noir, première partie 1 chapitre 9

Commentaire de texte : Stendhal, Le Rouge et le Noir, première partie 1 chapitre 9. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  2 Novembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 466 Mots (10 Pages)  •  2 403 Vues

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Introduction:

   Le R. et le N. est un roman qui se place en marge de la littérature telle qu'on la conçoit en 1830 ( Nous sommes trop habitués à le considérer comme un "classique" du roman du XIXe si bien que nous avons oublié le scandale qu'il a représenté pour la plupart des contemporains lors de sa parution). En effet, c'est un roman réaliste qui s'inspire d'un fait réel, un crime passionnel jugé à Grenoble en 1827 et qui dresse une image atroce de la société sous la Restauration; c'est de plus,un roman à l'aspect décousu  qui renvoie au genre de la chronique et un roman qui désenchante car il met en scène un héros qui est prêt à tt même les plus ignobles actions, pour s'extraire de sa condition de fils de charpentier.

   J. Sorel devenu précepteur des 2 enfants du maire de Verrières, est avec la famille de Rénal ds son chateau de Vergy. Un soir alors qu'il s'est assis ss le tilleul du jardin pr converser avec Mmes de Rénal et Derville, Julien effleure par hasard la main de Mme de Rénal qui la retire précipitamment.Se croyant méprisé, J. se fait un devoir de la reprendre le lendemain.

En quoi cette scène de séduction amoureuse est-elle originale/ surprenante?

On peut repérer 3 mouvements: L.1 à 8: Cadre et dramatisation de la scène;

                          L. 9 à 23: Agitation intérieure de Julien et combat contre sa nature;

                          L. 24 à fin:Triomphe du héros

 Cadre de la scène et dramatisation: (l.1 à 8):

 < Le cadre exposé ds ces premières lignes pourrait être un cadre propice à l'amour, un cadre romantique:

- C'est la nuit "Le soleil se couche (l.1), "La nuit vint" (l.2). On remarque une insistance sur l'obscurité avec la présence de l'adverbe d'intensité "fort" répété deux fois "fort obscure (l.3) ou " fort tard" (l.4)

- La scène se situe dans le jardin de la propriété de la famille de Rénal, sous un tilleul, à Vergy.

- C'est l'été, le temps est orageux et il fait chaud "Le ciel chargé de gros nuages, promenés par un vent très chaud, semblait annoncer une tempête""(l.3-4) (cette tempête annonce-t-elle aussi l'agitation intérieure de Julien? Paysage-état d'âme caractéristique de la littérature romantique).

Bref, ce cadre "pour certaines âmes délicates, semble augmenter le plaisir d'aimer"

<  Ce ne sont pourtt pas ces contingences qui vont motiver le geste de J. car celui-ci l'a prémédité la veille. Ayant effleuré la main de Mme de Rénal sans le vouloir et celle-ci l'ayant retirée brusquement, Julien s'est senti humilié. Il décide alors de prendre une revanche.

- Julien est donc attentif à tt ce qui l'entoure "Il observa.." (l.2): tt est vu par lui comme un moyen de parvenir à ses fins ou au contraire comme une entrave: d'où ce sentt de joie face à cette obscurité (l.2) car cela signifie pour lui que la prise de la main pourra passer inaperçue auprès de Mme Derville; d'où le sentt d'inquiétude d'une éventuelle tempête (l.3-4), source d'échec si obligation de rentrer dans la maison et de quitter le jardin.

 -Julien est impatient: "La conversation languissait" (l.8) "On s'assit enfin.." (l. 7) ( l'adverbe "enfin" indique le soulagement de Julien)  

< Il y a une dramatisation de la scène:

- un effet d'attente ressenti avec acuité: imparfait de durée "languissait" "elles jouissaient"+ adverbes "fort" ou "très" (l.3) + silence de J. " Julien ne trouvait rien à dire" (l. 8) + acuité des sensations: vue "il observa"; "Mme de Rénal à côté de J. et Mme Derville près de son amie" et ouïe "la conversation" + " Tt ce qu'elles faisaient semblait singulier à Julien" (l.5 )

- le pronom personnel indéfini "On" (l. 7): Julien Sorel ne semble éprouver aucun sent, il est tt à son défi. Mme de Rénal est objectivée, elle est est objet.

Accès à l'agitation intérieure de J. (l. 9 à 23):

< Scène vue à travers le regard, les émotions de Julien. Cela se justifie par le fait que J. est le spécialiste de l'introspection. Il y a là un effet de vraissemblance, une absence d'artifice: Stendhal veut rendre ce monologue de Julien le plus naturel possible. L'accès aux pensées de Julien est rendu possible grâce au discours direct "Serai-je...qui me viendra?" (l. 9) et " Au moment précis où...la cervelle" (l. 18 à 20). Le verbe pronominal "se dit" indique que Julien se parle à lui-même. L'accès aux pensées de Julien est aussi rendu possible grâce au discours indirect libre " Que de fois...quitter le jardin!" (l. 11 à 13) ( Rappel: le DIL mêle discours direct (point d'exclamation) et discours indirect (3ème personne et temps du récit)

< La conquête de Mme Rénal est vue comme un combat, comme un défi:

-Julien est vu comme un personnage orgueilleux qui se fait un devoir de séduire une femme mariée à un notable de Verrières, tandis que lui, est fils de charpentier. D'où la présence du vocabulaire de la guerre et de l'honneur: "duel" "dangers" "affreux combat", "devoir","lâcheté", "exécuter" ,"duel"  Il s'est imposé cela "depuis tte la journée" (l. 18), il s'en est fait la promesse"je me suis promis..." (l.19); il en va en effet de son honneur + futur des lignes " j'exécuterai..ou je monterai.."(l.18-19) qui insiste sur sa volonté de réussir et sur sa détermination à y parvenir.

- C'est aussi un combat contre lui même, contre sa nature:sa  timidité (l.15). Il est incapable d' agir, de parler ou même d'écouter (l.13-14-15-16).Les nombreuses phrases négatives accentuent cette incapacité. Julien ne veut pas se sentir humilié une nouvelle fois, il ne veut pas'être considéré comme faible de peur de ne pas répondre à son modèle: Napoléon.

- C'est aussi un combat contre le temps: répétition des heures ( l. 16,17 et 18 à relever); personnification du temps "cette cloche fatale"(22-23) " l'horloge qui était au-dessus de sa t^te" comme une menace, une épée de Damoclès.

< Source de profonde angoisse:

- Julien est dans un terrible état d'angoisse: les hyperboles montrent que son émotion est paroxystique: "Dans sa mortelle angoisse, tous les dangers lui eussent semblé préférables." (l.11) La violence que Julien était obligé de se faire était trop forte" (l.13 ) "l'excès de l'émotion", "hors de lui"(l.22), "pénible" (l.16). L'enjeu est de taille car il envisage de se tuer s'il échoue à prendre la main de Mme de Rénal "ou je monterai me brûler la cervelle" (l. 20)

- Cette angoisse est physique: il ne peut plus agir et les dix coups de l'horloge lui cause "un mouvement physique"

- L' horloge qui ponctue le texte l. 23,29 et 33 accentue l'angoisse de J. Le temps presque personnifié devient un personnage sadique qui torture Julien. Julien lui-même s'est posé un ultimatum: ou il exécute le défi qu'il s'est lancé ou il se brûle la cervelle.

- Stendhal se moque de la tendance théâtrale de Julien Sorel à grossir la réalité; ce sont les hyperboles qui nous le montrent " mortelle angoisse" "affreux combat"...

Triomphe de J.(23 à 29):

< Passage à l'action motivé par le coup de 10 h:

- Soulagement de Julien marqué par l'adverbe "Enfin"en début de phrase

- Julien devient actif: le pronom  "il" est en position sujet + Passé Simple + vbes d'action " "étendit" " prit""saisit"

<  C'est une nouvelle lutte mais physique cette fois ci: effet de répétition:  "à nouveau", "un dernier effort" "REtira" + "ss trop savoir ce qu'il faisait","force convulsive" (caractère involontaire violent)

< Julien ne profite de rien, il ne semble éprouver aucun sentt envers Mme de Rénal: Mme de Rénal est désigné par les mots " la main" ou le pronom indéfini "on". Il n'agit pas par amour mais parcequ'il s'est lancé un défi " non qu'il aimât Mme de Rénal"

-  Intervention de Stendhal ds la dernière phrase et métaphore hyperbolique "Son âme fut inondée de bonheur"  St. est quelque peu ironique, il se moque ici encore gentiment de son personnage "mais un affreux supplice venait de cesser"

Conclusion:

   Scène de séduction amoureuse originale: vécue essentiellement à travers le regard de J.  (Mme de Rénal presque inexistante aux yeux de Julien) + énergie déployée par J. pr séduire qui l'amène à détourner les codes de la scène de séduction: la conquête amoureuse d'une femme de la haute société doit lui conférer un prestige équivalent à une victoire militaire. Elle est un défi d'ordre social, une revanche de la pauvreté sur la richesse et revêt un caractère épique et une victoire sur lui même: elle violente sa nature et s'impose à lui comme un devoir cf Don Quichotte +  Rapports complexes de St. avec son pers: un mentor qui regarde ses illusions et enfantillages avec une distance ironique et moqueuse.

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