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Par   •  25 Novembre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 980 Mots (8 Pages)  •  4 772 Vues

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Introduction :

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, La Fontaine vécut sous le règle de Louis XIV. Ce dernier, monarque « absolu » était entouré par de nombreux courtisans qui le flattaient afin d’obtenir ses faveurs.

En réaction contre le courant baroque, la littérature du XVIIe siècle voit donc avec La Fontaine l’un de ses brillants esprits classiques composés de Boileau, La Bruyère et quelques autres.

Ainsi, en 1668, l’écrivain va écrire ses fables, courts récits en vers comportant une morale critiquant la société de son époque.

La fable intitulée « L’Enfant et le Maître d’école » met en scène un maître d’école qui donne une leçon à un enfant tombé dans l’eau au lieu de le sauver. Cette fable critique les intellectuels qui parlent avant d’agir.

Nous nous demanderons donc de quelle manière l’écrivain fait une citrique dans cette fable. Pour cela, nous étudierons d’abord le personnage de l’enfant puis celui du maître d’école. Et enfin, nous analyserons la morale de cette fable.

I –

  1. Pour commencer, étudions le personnage de l’enfant.

Il est d’emblée présenté comme un personnage innocent par l’appellation « jeune » devant « enfant » au vers 3. Cette appellation n’a aucune raison d’être puisqu’un enfant est forcément jeune. Elle sert donc à innocenter l’enfant.

De plus, l’expression « se laissa choir » au vers 3 et le gérondif « en badinant » au vers 4 indiquent que sa chute est inconsciente et accidentelle. Les deux renforcent donc une certaine disculpation de l’enfant. Ses paroles « Au secours ! Je péris » au vers 9 et l’indication du lieu de la scène « sur les bords de la Seine » au vers 4 donnent un effet de réel et donc accentuent l’innocence de l’enfant.

Par ailleurs, Dieu entre en scène à travers « le Ciel » et « Dieu » aux vers 5 et 6, ce qui est très rare dans les fables de l’auteur. Cette référence à Dieu qui « permit qu’un saule » « sauva » l’enfant prouve que la chute de l’enfant dans l’eau n’était pas une faute ni un péché et ridiculise encore le maître qui n’a pas une attitude chrétienne. L’expression « permit qu’un saule se trouva » donne l’idée de providence suprême dans une logique du 17e siècle où Dieu intervient dans les vies.

  1. De plus, le personnage de l’enfant est critiqué par le maître d’école durant toute sa tirade des vers 12 à 17.

Ainsi, à l’annonce du discours du maître, le narrateur dit qu’il va « tancer » l’enfant alors qu’il ne s’agit, comme le dit La Fontaine, qu’un « jeune Enfant ». Ceci est confirmé par le fait que l’auteur dit que le discours du maître n’est qu’une « remontrance vaine ». Durant toute sa tirade, le maître périphrase l’enfant qui est d’abord considère comme un petit « babouin » au vers 12, puis comme un « fripon » au vers 14 et enfin comme une « canaille » au vers 16. Il est ainsi dévalorisé par une gradation de plus en plus péjorative. Sa chute est même qualifiée comme une « sottise » au vers 13. Cette critique de l’enfant est donc totalement disproportionnée pour une simple chute « dans l’eau ».

II – Le maître d’école

Etudions ensuite le personnage du maître d’école.

  1. Des deux personnages, le maître d’école est le plus intéressant.

En effet, dès le début de la morale, l’auteur nous présente le maître d’école par la périphrase « un certain Sot » au vers 2. Le fait que l’appellation « Sot » soit en majuscule indique que le personnage est résumé à cette seule caractéristique.

Dans l’apologue, le maître d’école est désigné par les termes « maître d’école » au vers 8 et « le Magister » au vers 10. Grâce à l’utilisation de ces deux appellations, De La Fontaine créé une fausse piste. En effet, on s’attend à un sauveur comme le saule. Cela créé un effet d’attente mais également un effet comique car nous savons maintenant qui est « le Sot ».

L’appellation latine « Magister » est ironique puisque le latin est la langue des intellectuels et cela fait du maître d’école un personnage qui se croit hautement intellectuel. Cette périphrase a donc une valeur péjorative. Son arrivée est totalement inattendue « par cet endroit passe un maître d’école » et ne semble pas bénéfique par rapport à celle du saule qui est présenté comme un don du « Ciel ».

Ensuite, le maître d’école est critiqué de manière très explicite par l’expression « d’un ton fort grave » au vers 11 qui indique une sorte de caricature de ton doctoral. Cette hyperbole péjorative ironise le propos du maître d’école qui se prend très au sérieux.

De plus, l’expression « à contretemps s’avise » accentue la volonté de l’auteur de se moquer du personnage qui n’agit pas en temps utile. Le fabuliste ironise ainsi sur le temps de réflexion pris par le personnage par le verbe « s’avise » et par le rejet « tancer » du vers 11 au vers 12 ; Ce rejet met en valeur la volonté du personnage de gronder l’enfant au lieu de la sauver et confirme donc l’ironie sur son sens des priorités.

  1. Aussi, la fable condamne le discours du personnage.

Le maître d’école préfère ainsi parler avant d’agir comme l’indique le fait que sa tirade des vers 12 à 17 soit très longue par rapport au discourt de l’enfant.

La longueur de son discours permet d’insister sur sa colère d’enseignant et son indignation. L’interjection exclamative « Ah ! » au vers 12 met en valeur sa rage, son « ton » fâché et son intenter de « tancer » l’enfant.

Ainsi, le Magister va critiquer l’enfant grâce à l’utilisation de nombreux mots péjoratifs. Il va donc le périphraser afin de l’animaliser e le dévaloriser comme le suggère les noms « babouin » au vers 12 et « canaille » au vers 16. Mais il va également le traiter de bête en qualifiant sa maladresse de « sottise » au vers 13. Par le terme « sottise », le maître d’école pense que l’enfant est le Sot alors que c’est lui.

Ce procédé témoigne de la volonté de l’auteur de se moquer du personnage. En utilisant tous ces termes, le maître d’école transforme l’enfant en un délinquant. Pour lui, tous les enfants sont insupportables comme l’indique le procédé de généralisation par les expressions « de tels fripons » au vers 14 et « semblable canaille » au vers 16. Il « plaint » le « sort » des parents de l’enfant par le recours à ces termes généralisant qui sont beaucoup trop accusateurs et disproportionnés par rapport à la simple maladresse de l’enfant.

Ainsi, toute sa tirade s’organise en gradation de plus en plus péjorative : « babouin », « fripons », « canaille ». Ce procédé met en évidence l’inutilité du discours du maître d’école puisqu’il préfère faire des reproches à l’enfant au lieu de le sauver.

Le vers 18 « Ayant tout dit, il mit l’Enfant à bord » sert de conclusion à l’histoire et permet d’ouvrir sur la morale. Ce vers met en valeur l’aspect ironique de ce passage grâce au déterminant « tout » qui indique l’inutilité de son discours et laisse imaginer le sort de l’enfant. Si le Maître d’école avait continué sa très longue tirade mais également grâce à l’expression « il mit l’Enfant à bord » qui ironise sur le sens des priorités du Sot.

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