« Les caractères » Jean de la Bruyère Arrias - Analyse Linéaire
Fiche de lecture : « Les caractères » Jean de la Bruyère Arrias - Analyse Linéaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar カルマ • 26 Juin 2022 • Fiche de lecture • 1 179 Mots (5 Pages) • 1 575 Vues
L’œuvre « Les caractères », est une œuvre écrite par Jean de la Bruyère en 1688, cette œuvre fait partie du classicisme.
Bruyère dresse des portraits, d’une manière satirique, présentant des contre-modèles pour la société classique, qui est alors portée sur des valeurs de mesure et de civilité. Le XVIIe est donc marquée par ces valeurs de l’honnête homme.
Comment La Bruyère fait-il le contre-modèle de l’honnête homme avec Arias ?
Dès la première ligne, on comprend grâce au présent de vérité générale qu’Arrias est un personnage type qui représente un caractère.
En effet, La Bruyère place d’emblée son personnage dans le registre satirique avec l’hyperbole « Arrias a tout lu, a tout vu », ce qui l’inscrit dans la démesure et l’excès, qui sont à l’opposé des idées de cette société classique.
La première phrase se focalise sur le champ lexical du mensonge qui met en évidence l’identité que porte le personnage : « persuader », « se donne pour tel », « mentir », « paraître ».
Ce champ lexical permet à La Bruyère de dénoncer le caractère théâtral d’une société qui doit se créer une identité afin de représenter l’idéal classique.
À travers la phrase « c’est un homme universel », La Bruyère dénonce la démesure d’Arrias qui se confond avec une personne qui serait tout-puissant, étant capable de tout faire, et qui a tout vu dans sa vie, ce qui est disproportionné.
Cette démesure ne pouvait que déplaire au lecteur du XVIIème siècle influencé par les idéaux d'honnêteté qui y plannait.
La démesure d’Arrias se retrouve par exemple dans la phrase « Il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose » qui valorise la malhonnêteté (« mentir» ) au détriment de la qualité « se taire » ).
À partir de la deuxième phrase, Jean de La Bruyère met le portrait d’Arrias en action.
Le sujet de discussion est « une cour du Nord », ce qui est très éloigné des préoccupations des français au XVIIème siècle.
On remarquera là encore le fait qu’Arrias se veut supérieur au reste de la société « il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent »
L’irréel du passé « et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent » peut d’ailleurs montrer qu’Arrias n’est pas dans une conversation mais dans un monologue.
Le comportement que montre Arrias prouve qu’il est bien loin des standards de la société du XVIIe siècle, et de ses préceptes de bienséance et d’honnêteté
La Bruyère continue d’utiliser le registre satirique pour tourner Arrias en dérision.
Tout d’abord, l’anaphore du pronom personnel « il » sature la longue phrase, mettant en valeur l’égocentrisme d’Arrias qui veut être la principale vedette de ce moment : « il prend la parole (…) il s’oriente (…) il discourt (…) il récite (…) il les trouve et il en rit ».
Ces répétitions transforment Arrias en machine dont les actions sont presque mécaniques.
Le champ lexical de la parole (« parole », « dire », « discourt », « récite » « contredire ») souligne la monopolisation de la parole par Arrias et accentue l’idée d’un monologue.
Alors qu’Arrias n’est jamais allé à la « cour du Nord » évoquée à cette table, qui est une « région lointaine » , il en parle « comme s’il en était originaire » . La conjonction « comme si » révèle la dissimulation de la vérité que fait Arrias.
L’énumération « mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes » est ironique car elle reproduit la structure des récits de voyages qui partaient de l’observation pour décrire les coutumes des pays
Le lecteur a ainsi l’impression qu’Arrias fait un récit de voyage précis, où l’on pourrait supposer qu’Arrias aurait pleinement documenté ses observations (« cette cour », « ses lois » « ses coutumes » ) et le mot « historiettes » qui suggère qu’il connaît la moindre anecdote de ces peuples.
On remarque aussi qu’Arrias veut être l’acteur principal de ce théâtre de la société, mais il est lui-même son propre public comme le montre le champ lexical du divertissement : « il les trouve plaisantes », « il en rit le premier».
La société est donc présentée par La Bruyère comme un théâtre dont Arrias est à la fois acteur, metteur en scène et public.
A travers Arrias, La Bruyère dresse donc un anti-portrait de l’honnête homme, modèle du XVIIème siècle qui devait avoir le sens de la mesure, du naturel et du vrai.
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