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Analyse de rhinocéros d'eugène ionesco

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e en la réalité de la "rhinocérite" (comme certains ont pu nier la montée des extrêmes). Mais pourtant lui aussi va se transformer en rhinocéros malgré ses préjugés, montrant ainsi que même les plus résistants peuvent être dupés par les beaux discours de la dictature. Les personnes commencent à se transformer en rhinocéros : c'est le cas de Monsieur Bœuf, rejoint ensuite par sa femme, « je ne peux pas le laisser comme ça » dit-elle pour se justifier. Les pompiers sont débordés, le nombre de rhinocéros augmente dans la ville. Ensuite, Jean, personnage si soucieux de l'ordre au départ et si choqué par la présence de rhinocéros en ville, se transforme lui-même en rhinocéros, sous les yeux désespérés de son ami Bérenger. On assiste ainsi à la métamorphose d'un être humain en rhinocéros. Jean est tout d'abord malade et pâle, il a une bosse sur le front, respire bruyamment et a tendance à grogner. Puis il verdit de plus en plus et commence à durcir, ses veines sont saillantes, sa voix devient rauque, sa bosse grossit de plus en plus pour former une corne. Jean refuse que son ami appelle un médecin, il parcourt sa chambre comme une bête en cage, sa voix devient de plus en plus rauque et Jean émet des barrissements. Selon lui, il n'y a rien d'extraordinaire au fait que Bœuf soit devenu rhinocéros, « Après tout, les rhinocéros sont des créatures comme nous, qui ont le droit à la vie au même titre que nous ! », lui qui était pourtant si cultivé, si féru de littérature.

Acte III

Au dernier acte, tout le monde devient rhinocéros, même Daisy et Dudard. Bérenger est le seul à réagir humainement et à ne pas trouver cela normal. Il s'affole et se révolte contre la "rhinocérite". Dudard minimise la chose puis devient rhinocéros car son devoir est « de suivre ses chefs et ses camarades, pour le meilleur et pour le pire ». Et Daisy refuse de sauver le monde pour finalement suivre les rhinocéros qu'elle trouve soudainement beaux, dont elle admire l'ardeur et l'énergie. Néanmoins, après beaucoup d'hésitations, Bérenger décide de ne pas capituler : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas ! ». La pièce se termine ainsi.

Interprétation :

Il s'agit d'une fable dont l'interprétation reste ouverte. Beaucoup y voient la dénonciation des régimes totalitaires (nazisme, stalinisme et autres) et celle du comportement grégaire de la foule qui suit sans résister. Ionesco dénoncerait ainsi plus particulièrement l'attitude des Français aux premières heures de l'Occupation, mais aussi le fait que tous les totalitarismes se confondent pour "attenter" à la condition humaine et transformer en monstre le meilleur des hommes, l'intellectuel (comme « le Logicien ») ou celui qui est épris d'ordre, comme Jean. Bérenger, dont le spectateur découvre la mutation tout au long de la pièce est le seul à résister face à l'épidémie de « rhinocérite ». C'est le seul à avoir des réactions "normales" face à cette épidémie : « Un homme qui devient rhinocéros, c'est indiscutablement anormal ». Il est censé représenter la résistance à l'occupant qui, petit à petit, s'est formée au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ionesco utilise, dans son œuvre, l'absurde et le comique, pour accentuer son propos.

Analyse de rhinocéros :

- Acte II, tableau 2, pp. 158-163 (Jean/Bérenger)

- Acte II, pp. 183-187+194-195 (Béranger/Dudard)

- Acte III, pp. 243-246 ( le monologue final de Bérenger)

1) La métamorphose de Jean

Nous sommes ici au second acte de la pièce. Jusqu'alors l'action opposait Jean, sûr de lui, solide dans ses convictions stéréotypées à Bérenger, égaré, mal à l'aise. Or, peu à peu, nous assisterons à un renversement de rôles qui marque la progression de ces personnages : les certitudes, la revendication d'une pseudo-perfection mènent Jean à la dérive, oublieux des valeurs humaines, de plus en plus monstrueux. Bérenger, au contraire, lui résiste et s'affermit alors pour défendre instinctivement l'humanité. Les rhinocéros qui avaient fait leur apparition sur scène au premier acte, en provoquant la surprise effrayée de l'assistance, ont proliféré dans la ville ; on apprend au second acte que ce sont des hommes qui se sont ainsi métamorphosés, victimes d'une mystérieuse épidémie. Dans le passage précédant notre extrait, Bérenger venu annoncer à Jean la contamination d'un de leurs collègues, M. Boeuf, constate que son ami devient " de plus en plus vert "...

INTRODUCTION

Cet extrait met en scène la métamorphose progressive de Jean en rhinocéros. Cette transformation apparaît tout à la fois ridicule et étrangement fantastique. Elle s'opère lors d'un dialogue serré, véhément et rapide qui oppose deux protagonistes : tandis que Jean, péremptoire et agité, défend la légitimité de la " rhinocérité ", Bérenger, plus réfléchi et pondéré, s'insurge au nom des valeurs humaines, veut le ramener à la raison. Mais en vain: la " contamination " intellectuelle de Jean va se concrétiser dans sa métamorphose qui le transforme en animal déchaîné. Le commentaire composé pourra s'attacher à étudier ce moment critique à travers l'animation de la scène, les contrastes entre les personnages. Il analysera ensuite plus précisément la métamorphose, motif comique et monstrueux qui sert cependant une réflexion plus abstraite sur l'humanité. La scène apparaît particulièrement tendue comme en témoignent différents éléments tels que la vivacité du dialogue, la gestuelle des personnages, les différences qui les opposent et aboutiront à une incompréhension mutuelle.

Le rythme de la conversation frappe par sa rapidité : elle comporte de nombreuses phrases brèves, juxtaposées (l. 9, 20, 46, etc.). Certaines, inachevées, ébauchent des raisonnements incomplets que mettent en évidence les points de suspension. Ainsi Bérenger tente-t-il d'argumenter (" Mais dans le fond, personne... ", l. 23 ; " Car, vous le savez aussi bien que moi, l'homme... ", l. 35 ; ou encore les lignes 37 et 39), aussitôt interrompu par son interlocuteur. D'autres répliques se réduisent à peu de mots (" Et pourquoi donc ? ", l. 8 ; " - La nature ! " - " La nature ? ", l. 18, 19 ; " Des bêtises ! ", l. 41, etc.). En outre, elles s'enchaînent vite, comme le prouvent les rebondissements, lorsque l'un des personnages attaque sa réponse par la reprise d'un terme précédemment utilisé par son interlocuteur (" Tout de même, nous avons notre morale [...] " - " La morale! [...] ", l. 14-15 ; " Car, vous le savez aussi bien que moi, l'homme... " - " L'homme, ne prononcez plus ce mot ! ", l. 34 à 36).
• Les différentes modalités utilisées traduisent la vivacité du dialogue : on rencontre des assertions fortes, contenant une interdiction (" Je vous l'interdis absolument ", l. 2), une formule d'insistance (" Je vous dis que ce n'est pas si mal que ça ! ", l. 10), des formules tranchantes et définitives (" La nature a ses lois. La morale est antinaturelle ", l. 20, etc.). Les exclamations abondent, exprimant la véhémence (" L'humanisme est périmé ! ", l. 38 ; " Des clichés ! ", l. 40 ; " Des bêtises ! " , l. 41, etc.). Enfin, les interrogations reflètent elles aussi la tension du dialogue (" Que dites-vous là, cher ami ? ", l. 4 ; " Et pourquoi donc ? ", l. 8 ; " Perdez-vous la tête ? ", l. 43 ; " Comment ? ", l. 48, etc.). Elles reflètent l'étonnement, le besoin d'explication et finalement l'incompréhension qui s'installe entre les deux personnages.
• L'agitation physique de Jean, perceptible dans les didascalies, représente concrètement sa nervosité " Jean entre dans la chambre ", " allant et venant dans la pièce, entrant dans la salle de bains, et sortant ", " l'interrompant, et allant et venant ", etc. Ici, l'emploi fréquent du participe présent marque la concomitance entre les déplacements réitérés et la conversation. Ces allées et venues signalent en effet son irritation face au discours de Bérenger ; elles constituent des réponses concrètes. À partir de la ligne 38, " il entre dans la salle de bains ", où il demeure avant de " faire une apparition effrayante ", ligne 50, enfin métamorphosé. Cela traduit nettement son isolement par rapport à Bérenger, le refus des arguments qu'il avance, leur séparation.


a. Le contraste entre les personnages

Bérenger. Il apparaît d'emblée plus conciliant, pondéré que Jean, comme en témoignent son souci de le guérir (l. 1) et son apostrophe fraternelle (l. 4 " Cher ami "). Ses précautions oratoires tempèrent la contradiction apportée à son interlocuteur très virulent (" évidemment... pourtant ", " tout de même ", " Cela se dit. Mais dans le fond... "). 
Le recours aux hypothèses

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