La Justice Cours Pascal
Recherche de Documents : La Justice Cours Pascal. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirespas de l'ignorance de la morale au temps d'affliction, mais la science des mœurs me consolera toujours de l'ignorance des choses extérieures. »
La question du moi
Il faut commencer par se connaître soi-même ( fr.66). Pascal ne croit pas à une « nature » de l'homme, à une essence de l'homme : dans le fr.93, il déclare que la coutume, c'est l'habitude. Le « moi » est ainsi un agrégat d'habitudes sont la composition, accidentelle elle aussi, le met en état de différenciation par rapport aux autres.
Le moi coïncide également avec l'amour-propre : l'affirmation de soi devient le principe du mien et du tien, c'est-à-dire de l’usurpation de toute la terre.(fr 295)
Le moi est haïssable car les hommes préfèrent l'imagination à la raison( fr.82), car il se fait le centre de tout mais il est toutefois revêtu des oripeaux de la civilité.
Le moi, ne l'oublions pas appartient à la créature déchue(fr.441)
Mais l'homme est également plein de grandeur par la pensée qui est capable de jugement droit. Notre grandeur est de savoir. La conception de l' »honnête homme » chez Pascal exige la connaissance de soi, mais aussi une pensée qui nous ramènerait à une source antérieure ontologique, c'est-à-dire Dieu même. Dieu se dévoilera seulement à ceux qui sont purs. Dieu nous est caché car il est infini et inaccessible mais il n'est pas inconnaissable par le cœur qui est la faculté de l'infini.
Une justice, produit de l'imagination
* sens de la fable dans le premier discours : le pouvoir accordé au naufragé relève du hasard.
* Fragment 304 retraçant l'état pré-politique et la genèse du pouvoir : d'abord la loi du plus fort puis, pour maintenir la domination, l'imagination est convoquée. On transforme la nécessité, qui veut que le plus fort l'emporte, en discours juridique et on instaure un ordre imaginaire qui flatte les aspirations du peuple. La force est alors établie et la violence se déguise en droit(298). La loi n'est loi que du fait qu'elle a été décidée ( fr312).
* La justice politique permet l'instauration de la paix mais elle n'est en aucun cas légitime. Pascal remet ainsi en cause les fondements du droit naturel instaurant l'égalité chez les Anciens. De même, dans le Premier Discours, Pascal évoque les richesses de son élève. Il lui montre qu'il ne doit qu'au hasard sa naissance et ses richesses. Ces avantages sont légaux mais ne sont pas naturels.
Les puissances trompeuses de la justice humaine
* fr.82 : l'imagination est une « maîtresse d'erreur et de fausseté , et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours » Les grands utilisent des artifices, les manifestations extérieures de la richesse pour exploiter la naïveté et la crédulité du peuple. Il ne faut pas croire que les grands ont du mérite mais simplement ils donnent une image de respectabilité.
* Le peuple pensera également que la justice est juste et que les lois sont justes alors qu'elles ne renvoient que des signes de justice. Mais il faut les suivre (fr325 et 326)
* fr82 : la réputation, le préjugé, l'opinion sont eux aussi forgés . La coutume fait de nous des automates, seconde nature qui détruit la première (fr93), ; loi entretenue par la coutume qui devient une vérité naturelle. Or, « Qu'est-ce que nos principes naturels, sinon des principes accoutumés ? »(fr92)
* ce qui prouve que la coutume n'est pas naturelle est son absence d'universalité, sa variété.
Justice contingente et diverse
* la justice est fondée sur le hasard. Et sur l'intérêt du moment ( fr294,p.143) ! Pascal rappelle que l'interdiction de tuer ne vaut que pour son pays et qu'il faut au contraire tuer l'ennemi du pays voisin, niant ainsi la dignité universelle de la vie humaine (fr293). L'obéissance aux lois reste une manifestation de l'imagination ;nous n'avons pas de vrai droit, au sens d'un droit universel (fr297) mais parce que la loi est loi est rien davantage, il nous faut la suivre et suivre son caractère arbitraire ( fin du fragment 293 p.145), faire comme si elle était juste. « Quand ces lois sont une fois établies, il est injuste de les violer. « (premier Discours)
La justice, déguisement de la force
* la force est première dans l'état pré-politique. Les hommes laissent cours à leur instinct de domination, et ce qu'ils revendiquent tout d'abord est bien sûr, la propriété. ( fr295).Pascal réfute jainsi la notion de loi naturelle et la notion de contrat : le peuple ne consent pas à aliéner une partie de ses droits en échange d'une protection, c'est le fort devenu puissant qui cherche à tout prix à installer la paix pour conserver son pouvoir(fr.300). L'absolutisme est de fait et non de droit !!
* dans la société constituée seuls ceux qui ont la force peuvent se dispenser d'un déguisement, comme le roi (fr307). Le fragment 316 rappelle que la force demeure, qu'elle est incontestable et sans dispute, à la différence de la justice(fr298, 2ème paragraphe). Le pouvoir reste donc très matériel et efficace et il règne toujours. Cela explique la hiérarchisation et surtout l'inégalité au sein de la société, voire parfois la tyrannie(fr 298)
* La force est l'instrument de la concupiscence, de notre instinct corporel, de notre élan vital (fr458). Les trois concupiscences énoncées dans le fragment 458 animent les corps et les esprits des hommes. De ce fait, les hommes ne songent qu'aux biens matériels, biens matériels qu'ils doivent distribuer aux autres pour maintenir la paix. Les hommes continuent de se haïr mutuellement
grandeurs d'établissements et grandeurs naturelles
- les grandeurs d'établissement sont les grandeurs que la règle sociale impose et qu'il faut respecter malgré tout ; les grandeurs naturelles sont des qualités dépendant de la nature. Il faut alors distinguer les obligations matérielles et les devoirs moraux. C'est cette fameuse pensée de derrière qu'il ne faut pas confondre avec de l'hypocrisie, qui n'est là que pour éviter dans l'esprit toute confusion. Car le désordre règne, lorsque nous confondons ce qui relève du corps et ce qui relève de l'esprit. Indépendance de l'esprit que Louis XIV prendra très mal en faisant détruire Port-Royal, estimant que s'incliner physiquement et non moralement représentait un danger.
Règnes et tyrannies : séparation et confusion des ordres
* fr337 : le peuple pense la grandeur juste alors qu'elle n'est qu'une coutume ; les demi-habiles dénoncent la « piperie » et provoquent des troubles civils en révélant au peuple la supercherie et la tyrannie de la coutume ; les habiles distinguent l'ordre de la matière et l'ordre, savent qu'il n'y a pas de véritable justice et qu'il faut se contenter de « la raison des effets » soit en physique expérimentale la recherche immédiate des effets obtenus, usent de la pensée de derrière et ne révèlent pas au peuple la supercherie pour éviter toute guerre civile. La conduite des habiles est comme celle du peuple, mais la différence réside dans le fait que les premiers distinguent les deux ordres. Le peuple lui a raison d'obéir dans les faits, mais il le fait pour une mauvaise raison. Les demi-habiles méconnaissent la nécessité matérielle de l'obéissance aux règles au nom de l'injustice de la justice. A ces trois degrés, Pascal en ajoute deux pour ceux qui ont accédé à la foi chrétienne : les dévots sont des demi-habiles et raisonnent ordre par ordre, laissant ainsi à leur place chacun des trois ordres, à savoir le corps, l'esprit et la charité. Le fragment 328 récapitule les étapes du raisonnement : vanité de l'opinion courante du peuple en combattant la matière au nom de l'esprit ; puis prenant le parti de la matière en jugeant les opinions du peuple saines. Cette contradiction ne peut être résolue que dans l'ordre du divin.
* L'injustice consiste à exiger des respects dus à un ordre dans un autre ordre. Ainsi, quand la coutume, de l'ordre des faits, est prise pour la justice, elle devient tyrannique ; quand la loi est seulement considérée comme telle, elle règne. Pascal préconise le respect de l'hétérogénéité comme véritable justice. Soumise à la force, la justice civile n'est plus qu'une parodie de la vraie justice et se contente de « fixer des bornes aux choses ».
* Même si la force domine notre monde terrestre, même déguisée par l'imagination, les effets de ce déguisement lui permettent d'établir la paix et la stabilité, qui sont justes. Fragment 311 : l'opinion est même adoucie par l'imagination.
La justice, figure de la charité
Les erreurs de notre imagination sont liées au désir que nous recherchons, à savoir celui du bonheur. Ce désir de bonheur est lié à la notion de justice : « L’imagination dispose de tout ; elle fait la beauté, la justice,
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