L’analyse de situation :deuxième stage / formation en soins infirmiers / unité de soins psychiatriques prolongés (USPP) dans un CHSI de l’Allier

ASAR

L’analyse de situation qui va être décrite a été réalisée lors de mon deuxième stage au cours de ma première année de formation en soins infirmiers. J’ai effectué ce stage en unité de soins psychiatriques prolongés (USPP) dans un CHSI de l’Allier. Il s’agit d’un service à un étage comportant 30 lits.

Présentation de la situation vécue ou de l’activité réalisée :

Au cours de ma première semaine de stage, j’ai été amenée à suivre les professionnels et commencer par analyser leurs manières de fonctionner et m’adapter ensuite à leur fonctionnement pour effectuer mon stage dans de bonnes conditions.

J’ai alors pu remarquer que suivant les professionnels, certains patients été tutoyés ou appelés par leur prénom et d’autres vouvoyés et appelés par leur nom de famille. Il était alors difficile pour moi de me positionner et savoir si je devais les tutoyer ou les vouvoyer.

J’ai alors décidé pour ce travail de ne pas me centrer sur une situation particulière mais plutôt sur une interrogation générale rencontrée tout au long de ce stage : le tutoiement en psychiatrie.

J’ai pu remarquer que les soignants pouvaient tutoyer certains patients. J’ai pu également remarquer que cet emploi du « tu » ou du « vous » pouvait varier selon les situations.

Remarques et questionnements :

Plusieurs questions me sont alors venues à l’esprit :

• Qu’est-ce qui distingue le tutoiement du vouvoiement ?
• Pourquoi spécifiquement en psychiatrie ?
• Y-a-t-il une réelle différence en terme de distance dans la relation soignant-soigné ?
• Qu’en est-il éthiquement parlant ?  

Analyse : recherche de connaissances appropriées et proposition d’hypothèse

Le tutoiement est un concept grammatical et linguistique défini par le CNRTL comme le fait de « s ‘adresser à quelqu’un en lui disant tu ».

De nos jours, de manière générale, le tutoiement est notamment employé envers les personnes auxquelles nous sommes unis de manière « proche » : lors des liens de parenté, d’amitié.

Cependant, cela n’a pas toujours été le cas et cela peut aussi dépendre des régions ou des milieux. Selon le Robert dans l’emploi du tutoiement, il est effectivement notifié que « le tutoiement est variable selon les variantes régionales et nationales du français et selon les milieux ; cette pratique est beaucoup plus courante, surtout dans les milieux jeunes et professionnels, depuis les années 1980 qu’elle ne l’était vers les années 1950. Le tutoiement semble plus normal et plus étendu en français du Canada qu’en français d’Europe (France, Belgique, Suisse). »

Il faut également savoir que dans certaines langues, le « tu » et le « vous » ne sont pas distingués.

Concernant le vouvoiement, son origine vient d’une période de l’Empire Romain appelée Tétrarchie. A cette époque, l’Empire était censé être dirigé par deux Empereurs, dits Augustes, assistés de deux Césars, soit quatre « empereurs ». Lorsqu’on s’adressait à l’un, il était a priori d’usage de s’adresser symboliquement aux quatre, donc d’utiliser la deuxième personne du pluriel.

Cet usage serait ensuite resté pour marquer le respect dans les échanges.

Justement, en France, le « vous » est le mode d’expression privilégié dans les rapports sociaux et répond aux règles communes de politesse. Il installe une distance entre deux interlocuteurs qui ne se connaissent pas et permet l’échange, fondement de la notion d’altérité.

De plus, si l’on revient à l’enfance, l’apprentissage de ces deux notions ne se font pas en même temps. Il va d’abord expérimenter le « tu » puis c’est plus tard qu’il sera initié et comprendra mieux le « vous ».

Et dans les soins :

Après plusieurs recherches, aucun texte législatif ne donne d’éléments sur le tutoiement et le vouvoiement dans les relations soignantes.

En revanche, on sait que la relation soignant/soigné doit se baser sur la confiance ainsi que le respect.

La relation thérapeutique implique également la réciprocité. Cette réciprocité permet de maintenir une distance nécessaire et suffisante au patient alors qu’il est souvent difficile pour lui de l’apprécier. Il importe de trouver la bonne distance celle ou l’on est à l’aise avec l’autre; l’autre que nous avons mission de soigner, qui n’attend pas toujours un soin.
Ainsi, l’utilisation du tutoiement pourrait influencer une mise en position d’infériorité.

Le vouvoiement garantirait donc l’égalité dans la relation. Le tutoiement irait finalement à l’encontre de ce que nous connaissons et employons dans notre société. Cependant, pourquoi le tutoiement serait-il nécessairement signe d’un manque de respect ?

Il n’y a pas seulement le langage qui rentre en compte dans la relation mais aussi le comportement, l’engagement du soignant envers le soigné, ainsi c’est tout cela qui forme le respect et l’attention à l’autre.

Chez le soignant, le vouvoiement strict peut aussi être le témoin d’une trop grande mise à distance, d’une fuite du patient et de sa souffrance, un refus de l’écouter et de le prendre en compte, et donc de le soigner.