A une dame créole analyse

Son teint est pâle et chaud » « enchanteresse » « noblement » ou encore « grande et svelte ». Le caractère érotique de la description n'est pas à négliger, les termes « enchanteresse » et « chasseresse » et « chaud » peuvent indiquer qu'en effet, cette femme a aussi une emprise sexuelle sur Baudelaire.

Le premier tercet se distingue des quatrains, mais n'est pas pour autant entièrement détaché de ces derniers. Après avoir fait l'éloge de cette île et de cette femme, Baudelaire nous ramène en France, « au vrai pays de gloire » et pose l'hypothèse où cette femme l'avait suivie jusque « Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire ». Il est intéressant de voir que Baudelaire tient à préciser « vrai pays de gloire », peut être ici pour montrer que cette île paradisiaque n'est qu'une illusion, et surtout, qu'il en est conscient. Depuis là, l'éloge de cette « dame créole » se poursuit, certe, mais dans une nouvelle dimension. La beauté de cette femme est directement rattachée au rôle de source d'inspiration, de « Muse ». Ainsi donc, Baudelaire affirme « Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites germer mille sonnets dans le coeur des poètes. » Cette capacité qu'à cette femme à inspirer les poètes est d'autant plus grande car Baudelaire ne la limite pas uniquement à sa personne, mais parle bien au nom de tous les poètes. Enfin, et pour renforcer encore cette image de femme inspiratrice, Charles Baudelaire compare l'ensemble des poètes, plus soumis devant les yeux de la belle que les esclaves de cette dernière le sont.

Au final, l'idée première qui ressort est le fait que cette femme est surement Jeanne Duval, pour qui Baudelaire avait une admiration passionnée. Le poème est peut être la confidence de Baudelaire qui ne cache pas le fait que les femmes peuvent être une source d'inspiration extrême, mais dangereuse. Le caractère dangereux se manifestant dans le fait que le poète perd tout ses moyens, et en arrive à un point où il est entièrement soumis, comme un esclave à son maître. Le processus utilisé est intéressant, Baudelaire est d'abord sous le charme de l'île, de la nature pour finir « soumis » à une femme.