Analyse de la pratique professionnelle : La barrière de la langue
Mémoire : Analyse de la pratique professionnelle : La barrière de la langue. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Océane Grenier • 8 Décembre 2021 • Mémoire • 5 559 Mots (23 Pages) • 9 826 Vues
Analyse de la pratique professionnelle
En quoi la Barrière de la langue a-t-elle un impact sur la prise en charge d’un patient et sur la qualité des soins ?
Stage S3 P1 en EHPAD
GRENIER Océane
Promotion 2020-2023
Groupe 4/6
INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS
CHU DE BORDEAUX
Situation :
Actuellement étudiante en soins infirmiers 2ème année, j’effectue mon premier stage de l’année dans une unité de soins de longue durée, plus précisément, dans un EHPAD accueillant des personnes âgées dont certains non francophones.
L’équipe travaille en 7h, (35h par semaine) avec un roulement le matin et l’après midi. Au cours de la première semaine de stage, je suis de matin, j’arrive dans le service à 7h. Je vais à la rencontre d’une IDE (ma référente) avec qui j’ai déjà travaillé afin de voir avec elle, les patients que je pouvais prendre en charge.
Nous sommes le matin, il est 7:50, juste avant la distribution des médicaments nous effectuons un petit tour de glycémie capillaire et d’insuline pour ceux qui en ont de prescrit. Lors de ma situation nous devons faire la glycémie a un couple d’origine marocaine qui parle uniquement arabe. Ils vivaient en France avec leur fille. Ils ne parlent pas le français et le comprennent peu. M.L est entré le 16 aout 2021 en médecine gériatrique à Xavier Arnozan pour régression psychomotrice. Mme L est entrée le 25 aout 2021 en post urgence à St André pour décompensation cardiaque sur pneumopathie inférieur droite avec une suspicion d’infection urinaire. Ces deux personnes ont un diabète non insulinodépendant : ainsi nous devons leur faire une glycémie capillaire le matin et une injection d’insuline selon la prescription.
Ainsi lors du tour avec l’infirmière, j’effectue leurs soins. Je frappe à la porte de la chambre, et avec l’IDE nous entrons dans la chambre. Je me présente à Mme et M. L leur disant que je suis étudiante infirmière et que je vais m’occuper d’eux avec l’IDE ce matin. A ce moment là, ils m’ont regardée fixement et aucun son n’est sorti de leur bouche. Je pensais donc qu’ils ne m’avaient pas bien entendue donc je parle plus fort et je me représente mais rien ne change. Lorsque je me suis approchée de Mme J, je lui ai expliqué que j’allais lui faire la glycémie capillaire comme tous les matins : qu’il fallait qu’elle me tende son doigt et que j’allais la piquer. Celle-ci m’a alors regardée d’un air interrogatif. A cet instant, je me suis sentie frustrée car j’ai compris qu’il allait être difficile d’entrer en contact avec ce couple. Je me suis dit qu’il serait judicieux d’utiliser les mimes car c’est un geste que les IDE lui font tous les matins et qu’elle allait surement comprendre. J’ai donc réussi à lui faire sa glycémie capillaire, je lui ai donc fait un sourire (avec les yeux) qu’elle m’a renvoyé.
Ensuite j’ai dû effectuer l’injection d’insuline, je lui ai donc expliqué ce que j’allais faire, mais hélas la réaction a été la même : elle m’a regardée avec un air interrogatif. Elle a commencé à me parler en Arabe mais malheureusement je ne comprenais rien, elle avait l’air de râler et de m’expliquer quelque chose. Je me suis alors demandée si elle refusait le soin car elle me poussait la main. Finalement son mari, à coté, a crié un mot en arabe puis elle s’est arrêtée de parler et s’est laissée faire.
Je me suis sentie impuissante face à cette situation et un sentiment d’insatisfaction m’a envahie car elle essayait surement de m’expliquer quelque chose et je n’ai pu répondre à sa demande ou à sa contestation.
Questionnement :
L’article R.4312-25 du Code de la santé publique concernant les règles professionnelles stipule que « l’infirmier ou l’infirmière doit dispenser ses soins à toute personne avec la même conscience, quels que soient les sentiments qu’il peut éprouver à son égard et quels que soient l’origine de cette personne, son sexe, son âge, son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, à une nation ou à une religion déterminée, ses mœurs, sa situation de famille, sa maladie ou son handicap et sa réputation »[1] Comme nous le savons, au sein des différents services, on peut être confronté à différentes cultures et différentes langues avec les immigrés, les réfugiés, ceux qui sont en séjour ou en Erasmus de pays voisins ou non. Ainsi, des barrières comme la langue peut intervenir dans notre prise en charge. Par exemple dans l’Ehpad où je suis, j’ai pris la situation de ce couple qui parle Arabe et qui a une culture différente. Mais dans cet Ehpad, il y a aussi une espagnole qui parle très peu le français ainsi cette barrière peut être confrontée dans plusieurs situations. Ici j’ai décrit celle du couple car elle m’a le plus touchée, je me suis sentie impuissante, frustrée et je me suis remise en question sur ma prise en charge. Ainsi on peut alors se demander : En quoi la Barrière de la langue a-t-elle un impact sur la prise en charge et la qualité des soins ? Et Comment peut on y remédier ?
Analyse :
Communication :
Tout d’abord, je vais définir la communication car c’est le fondement de la relation soignant soignée sans communication comment pouvons nous entrer en relation avec autrui. Selon le Larousse[2] : « c’est l’action de communiquer avec quelqu'un, d'être en rapport avec autrui, en général par le langage ; échange verbal entre un locuteur et un interlocuteur dont il sollicite une réponse ». Cependant Selon Claude Elwood Shannon et Warren Weaver[3], « la communication est une notion de transmission d’un message entre un émetteur et un récepteur par le biais d’un système de codage et de décodage du message. » Ainsi il faut minimum être deux personnes pour pouvoir entrer en communication. Ici dans ma situation nous sommes trois : le fameux couple et moi même. Nous étions chacun émetteur et récepteur d’une information.
L’école de Palo Alto[4] émet la théorie selon laquelle le message verbal ne peut être dissocié de son contexte. Le verbal et le non-verbal forment un ensemble intégré : « on ne peut pas ne pas communiquer » car tout comportement prend valeur de message. Il existe donc deux type de communication : la communication verbale qui utilise les mots et non verbale qui utilise la gestuel.
Communication verbale :
Ici dans ma situation, j’ai essayé d’utiliser la communication verbale, en lui expliquant ce que j’allais faire et en lui demandant son consentement. La communication verbale peut donc se définir par le fait d’entrer en relation avec une personne en utilisant la parole, le langage verbal.Elle fait partie intégrante de notre quotidien, nous l’utilisons constamment pour interagir avec les autres, aussi bien dans notre vie professionnelle, que dans notre vie personnelle.
Je pense qu’un langage commun permet de favoriser la communication verbale. En effet, l’utilisation d’une même langue permet une meilleure compréhension des messages lors des échanges entre différentes personnes. «On s’entend généralement pour dire que la meilleure communication est obtenue lorsque les intervenants et les patients parlent la même langue »[5].
Barrière de la langue :
Dans notre situation les deux personnes ne parlent pas la même langue ce qui entrave à la communication et à la relation soignant soignée. Ainsi la barrière de la langue a eu un impact sur cette communication car ce que je disais n’étais pas compris par la personne en face de moi. Selon Christine Paillard, docteur en sciences du langage, précise que la barrière linguistique « désigne une compétence freinée par l’usage non approprié d’une langue différente d’une autre à un moment donné »[6]
L’Angoisse de la différence peut faire peur :
Selon[7] Sigmund Freud, « le concept de la différence se superpose à plusieurs reprises à celui de l’étranger, et ces deux notions sont alors associées aux valeurs du déplaisir et de l’hostilité » . En effet, d’après Djadaoudjee Lisa : « cette différence peut, au départ, faire peur, car elle se heurte à nos propres valeurs, nos propres croyances. C’est ainsi que peuvent naître les préjugés et les stéréotypes. Il est d’ailleurs intéressant de voir que face aux difficultés engendrées par la barrière de la langue, les soignants évoquent majoritairement des répercussions négatives sur leur propre vécu avant de parler de celui du patient. Ce n’est pas un exercice facile de laisser sa culture de côté au profit d’une meilleure connaissance de celle du patient, car il s’agit alors de s’oublier soi, de laisser son identité de côté. » Ici dans ma situation, Mme L et moi même étions dans l’incompréhension l’une de l’autre. C’est grâce à sa communication non verbale que j’ai compris qu’elle aussi, cette situation l'a dérangée.
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