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Analyse des sketches

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e intime, un jugement personnel. Les différents types de représentation iconiques seraient ainsi à confronter au modèle de la catharsis théâtrale.

Conseils de méthode

Certains éléments visuels sont imprécis, d’autres peuvent avoir le statut d’indices, renvoyant à de l’implicite :

- Que font les enfants ? Jeu ou activité utile ?

- Les impacts de balles sur le mur, à gauche, connotent un affrontement armé en milieu urbain.

- L’habillement plus que modeste des enfants indique un contexte de pauvreté, voire de misère.

En l’absence d’une argumentation étayée sur des indices vérifiables, il est nécessaire d’adopter une démarche d’investigation dont le but n’est pas fondamentalement de décrire ou de raconter, mais de reconstituer la scène, qui déborde évidemment du cadre spatial et temporel du cliché qui la fige. Le principe de l’analyse sera de déceler les éléments importants choisis par le photographe, de porter un regard interrogateur sur des détails pouvant s’avérer révélateurs. On doit sensibiliser l’élève au fait que le véritable sens de l’image réside autant dans l’implicite que dans ce qui est perceptible.

Repérer des effets, des choix

Consigne

Repérer des effets, des choix.

Éléments de réponse

Les effets

- L’effet de mise en abyme, d’« oculaire », de cache (cadre dans le cadre), ou de frontière, créé par le mur.

- L’effet de contraste (destruction/gaieté, mort/jeunesse).

- L’effet de naturel (une scène prise sur le vif).

- L’effet de perfection formelle (un ordre visuel rigoureux contrastant avec le désordre ambiant).

Les choix

Cette photographie (Image B) appartient, parmi une dizaine d’autres, à un reportage réalisé par Henri Cartier-Bresson, commandé et publié en novembre 1933 par l’hebdomadaire d’actualité Vu. Cette activité était alors pour le jeune photographe très occasionnelle, sa carrière de photoreporter ayant débuté plus tardivement

L’image A figure également dans cette série. La confrontation des deux images permet d’identifier les choix opérés par le photographe et témoigne de ce qu’il a privilégié, concentrant son attention sur le cadre, la composition, la vie jaillissante, délaissant l’événementiel. La première photographie (Image A) nous place, à l’instar du photographe, à l’extérieur de la scène qui se déroule devant nous : nous assistons au jeu des enfants, vision d’une société aux codes mystérieux dont le spectateur est exclu. Dans le second cliché (Image B), le photographe participe à l’image, focalise les regards, apportant par sa présence l’insolite et l’étrange. Avec lui, le monde entre dans l’univers des enfants, accueilli par celui qui lui ouvre les bras et ignoré des plus éloignés encore tout à leur jeu. La force de ces images ne semble pas ici relever du domaine documentaire, mais d’une fiction énigmatique, transfiguration du réel, fruit de la rencontre de l’intuition du photographe et du surgissement du hasard. On peut y reconnaître le « hasard objectif » ainsi défini par André Breton dans L’Amour fou (Gallimard, 1937) : « forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l’inconscient humain ». L’image A sera choisie par André Breton pour être publiée dans cet ouvrage.

Remarques

On doit s’attacher lors de la lecture d’image à la mise en scène et à la construction du dispositif visuel, qui se repèrent, là encore, à des indices et à des effets plus ou moins avoués ou cachés.

La mise en scène résulte d’un certain nombre de choix opérés par le photographe au moment de la prise de vue (cadrage, point de vue, lumière...) et ultérieurement (lors de la sélection des clichés, du tirage, de la publication, de l’accrochage lors d’une exposition, de la mise en page pour un magazine). Ces choix correspondent à une mise en forme esthétique, à un travail stylistique dont le commentaire doit rendre compte. On attirera l’attention sur le fait qu’Henri Cartier-Bresson laisse apparaître, trace des bords de la fenêtre de prise de vue, le filet noir qui cerne le tirage de ses photographies lors de leur publication : ce filet noir signifie en effet que ses images ne sont jamais recadrées après la prise de vue. Cette fidélité d’Henri Cartier-Bresson au cadrage d’origine est liée au respect de l’intégrité et de la géométrie de la vision décidé au moment de l’enregistrement.

La dimension plastique renvoie au statut d’œuvre d’art du document. Elle suppose l’assimilation des codes de la représentation photographique, de ses problématiques (l’équilibre de la composition, des masses, des formes, des lignes, des ombres et des lumières, le choix d’un traitement de l’espace, de la profondeur, du mouvement...).

Beaucoup de ces codes sont communs à la représentation picturale. L’enseignant pourra faire référence à ce qui a déjà été abordé en classe de seconde.

Construire une interprétation argumentée

Consigne

À partir des éléments visuels et du repérage d’effets, construire une interprétation argumentée, étayée par des recherches personnelles concernant l’auteur, le contexte social, culturel, historique, etc.

Éléments de réponse

Quelques repères 1

En 1933, Henri Cartier-Bresson a 25 ans. Sa formation est celle d’un peintre, fréquentant artistes et écrivains de l’avant-garde, assistant aux réunions du groupe surréaliste, attiré par les conceptions d’André Breton sans toutefois appartenir au mouvement. En rupture avec son milieu de riches industriels, il a entrepris une vie de voyages, et, en 1932, commence à utiliser le Leica, appareil de petit format, très maniable qui le suivra toute sa vie, et à exposer ses photographies. Cameraman, documentariste, il sera assistant de Jean Renoir, mais ce n’est qu’à partir de 1937 qu’il entamera une carrière de photoreporter, lorsqu’il est engagé au quotidien communiste Ce soir. Il y rencontrera les photographes David Seymour et Robert Capa avec lesquels il fondera l’agence Magnum en 1947.

Il exposera sa conception de la photographie dans la préface de son livre Images à la sauvette (Verve, 1952), intitulée « L’instant décisif ». Pour lui, « la photographie est la reconnaissance simultanée, dans une fraction de seconde, d’une part de la signification d’un fait, de l’autre d’une organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment ce fait ... » et l’image doit être conçue par le photographe lorsque sont réunies « une concentration du regard, la reconnaissance d’un ordre plastique salvateur, contre la désagrégation par le banal, le chaos et l’oubli ».

Quelques pistes d’interrogation

- Cette photographie témoigne-t-elle des destructions consécutives au coup d’État militaire mené par le général monarchiste Sanjurjo en août 1932, ou des affrontements violents en Andalousie entre les partisans et adversaires de la jeune République à cette période ? (Dans cette lecture, la photographie est document plus qu’œuvre d’art.)

- Peut-on, à partir de cette photographie, dégager les caractéristiques de l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson : le concept d’instant décisif, la construction géométrique de l’image, les thèmes tendant à l’universalité, la référence aux principes surréalistes (l’art indissociable de la vie) ?

- Peut-on, à partir de cette photographie, dégager la conception du photoreportage qui deviendra celle d’Henri Cartier-Bresson et des photographes de l’agence Magnum ?

Une démarche d’enquête

L’étape de l’interprétation marque l’aboutissement de la démarche d’enquête sur le document.

Les deux premiers niveaux d’analyse visent à identifier des formes, un sujet, des effets et portent sur le « quoi » et le « comment ». La démarche de description et/ou de narration est l’équivalent d’une reformulation. Sa finalité est de recréer une image mentale de l’œuvre en son absence, ou de remplacer l’œuvre par une schématisation, une sélection d’éléments signifiants. Dans cet exercice d’« ekphrasis », tous les éléments nommés prennent virtuellement valeur d’indices pour une « réappropriation » qui reste à expliciter.

Le repérage d’effets ou de choix techniques et/ou esthétiques renvoie aussi à cette valeur d’indices et requiert la maîtrise des codes de représentation par le commentateur.

L’interprétation s’intéresse au « pourquoi », vise à faire émerger des valeurs ou des significations. On attend ici de l’élève qu’il formule des hypothèses qu’il s’efforcera de vérifier et, ce faisant, qu’il explique en quoi cette photographie

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