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Compte Rendu : Commentaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoireséveloppées. Aussi spectaculaires soientelles, les « affaires» qui ont jalonné l'actualité de ces dernières années (sang contaminé, vache folle ... ) auront provoqué infiniment moins de victimes que les famines des siècles passés ou même les accidents de la route. L'accident intervenu en 1976 dans la centrale nucléaire de Three Miles Island, aux Etats-Unis, à l'origine des débats sur les risques technologiques majeurs, a entraîné le déplacement de plusieurs milliers de personnes mais aucun décès .... Comment expliquer alors cette hypersensibilité au risque qui caractérise les sociétés modernes, si ce n'est par la « surmédiatisation » des affaires et des catastrophes naturelles qui surviennent à travers le monde ? La couverture médiatique ne peut cependant pas tout expliquer. Quoique frappée au coin du bon sens, une autre explication mérite d'être rappelée: au cours de son existence, un individu est amené à rencontrer des risques que ses aïeux n'avaient aucune chance de connaître, faute de vivre assez longtemps ... Cependant, bien des risques actuels n'existaient pas il y a encore quelques décennies (irradiation nucléaire, pandémie du sida ... ). L'hypersensibilité à ces risques est d'autant plus forte qu'ils achèvent de remettre en cause l'idée même du progrès. Ils amènent de surcroît à s'interroger sur la science elle-même. Au XIXe siècle et jusqu'à la première partie du XXe, celle-ci était censée apporter des réponses aux problèmes existants. Désonnais, elle paraît démunie face à certains risques. Pis, elle est perçue comme l'une des sources de ces derniers. Ainsi aurions-nous basculé dans des « sociétés du risque ». C'est la thèse défendue par des sociologues contemporains: Anthony Giddens ou Ulrich Beck. De fait, des catastrophes écologiques ou technologiques (marées noires, accidents nucléaires ... ) n'auraient pas existé sans les « progrès de la science» ou le progrès tout court. Dans le même temps s'est imposé l'idée de toute vie humaine avait un prix. Jusqu'à la première moitié du x:xe siècle, les victimes d'accidents du travail étaient considérées comme le prix à payer dans la course à la productivité. Enfin, l'hypersensibilité au risque peut s'interpréter comme la contrepartie du développement du calcul des probabilités (à partir du XVIIe siècle) et, avec lui, des mécanismes d'assurance et de l'actuariat dans les sociétés modernes. En effet, pas de risque sans une appréciation probabiliste. En cela, la notion de risque diffère de celle de danger. Un danger est une menace réelle à laquelle on est physiquement exposé. Un risque exprime une probabilité.
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