Cours 1Ère L

où l’on vient chercher la luminosité de cieux toujours bleus, où l’on aspire à une vie libre, sans contrainte, où l’on se plonge dans les délices de l’art, où l’on admire le raffinement d’une civilisation et dont on se défend à peine de ressentir la cruauté avec une jouissance morbide, cette cruauté qui témoigne d’un accomplissement sans freins des désirs.

Alexandre de Médicis joue un rôle important dans la pièce puisqu’il est la cible que vise Lorenzo. Il est le symbole du pouvoir dictatorial : c’est un être tout de chair, pour lequel la force représente la valeur privilégiée. C’est un soldat qui ne se sépare pas de sa cotte de maille. Il est cruel : c’est un être impulsif qui est tourné vers le plaisir et le désir de vivre dans l’instant. Il est attiré par la débauche : à travers ses multiples aventures, il ne cherche qu’une seule chose : la satisfaction de ses sens. Il veut exercer son pouvoir sans partage y voyant un moyen de s’enrichir. Son goût du luxe est un goût de barbare uniquement attachés aux apparences, qui viennent un peu dissimiler son côté violent et cruel.

Philipe Strozzi est un idéaliste et le chef des républicains : il a passé sa vie à réfléchir sur les moyens de faire le bonheur de l’homme. Malgré, les désillusions qu’il a connues, il continue à croire en la vertu, à la pudeur et à la liberté. Sa longue existence, mise au service de la réflexion, ne l’a pas endurci : sa sensibilité s’est au contraire intensifiée au fils des ans ce qui fait qu’il ne peut dissimuler sa souffrance lorsque son fils Pierre est arrêté et que sa fille Louise meurt. Sa vie l’a progressivement coupé de la réalité et de l’action.

Pierre Strozzi est le partisan de l’engagement violent : il est prêt à tout pour parvenir à ses fins, il considère que la fin justifie les moyens. Contrairement à son père qui représente l’activisme improductif, il représente l’activisme irresponsable.

Louise Strozzi est une jeune fille pure, réservée et innocente ce qui ne fait qu’aggraver la tentative de Salviati de la déshonorer et rend plus odieux l’empoisonnement dont elle victime.

La marquise Cibo est l’image de la sensibilité : jusque-là fidèle à son mari, elle s’est éprise d’Alexandre. Elle éprouve, pour lui, un amour fait de tendre et à la fois de sensualité, elle va même jusqu’à ce donner un alibi politique pour justifier cette passion : elle est persuadée qu’elle pourra mettre son amant sur le chemin de la vertu.

Dans ce jeu d’amour et de politique, le beau-frère de la marquise (le cardinal Cibo) jouera un rôle important puisqu’il apparait comme celui qui dans l’ombre tire les ficelles.

C’est un personnage machiavélique, il est bien décidé à exploiter cette intrigue sentimentale pour soumettre d’avantage Alexandre au pouvoir du pape et de Charles Quint. Il ne vit que pour l’intrigue politique : il ressent une joie sombre à éprouver sa puissance cachée.

III) Lorenzo est un personnage complexe en quête de son identité ce qui nous donne une image brouillée et instable de celui-ci : il ne parvient pas à retrouver son équilibre psychique. Ses différents noms reflètent d’ailleurs le caractère trouble de son personnage puisqu’ils sont comme des masques :

* Lorenzo de Médicis est le nom prestigieux du descendant d’une famille noble puisque c’est le nom qui est utilisé par le Duc.

* Lorenzino est le nom tendre utilisé par Marie (sa mère) pour désigner l’enfant qu’il était autrefois.

* Renzino est le surnom trop familier donné au compagnon de débauche.

* Lorenzetta est un diminutif ambigu qui convient à un être efféminé.

* Lorenzaccio est un terme péjoratif utilisé pour l’individu dangereux maudit par les gens honnêtes car il a perdu son âme à force de jouer avec ses apparences.

L'ambiguïté de Lorenzo est celle du héros romantique : être un ange déchu qui garde la nostalgie de l'innocence perdue, déchiré entre la pureté et la vertu et l'attirance pour les plaisirs.

Tourné vers le beau et le bien, mais désespéré de ne pas les trouver, Lorenzo incarne ce mal proprement romantique, cette difficulté d'être de toute une génération consciente de l'absurdité du monde, de la perversion de l'homme. Utilisant la débauche pour atteindre son but politique, Lorenzo s'y enferme peu à peu, car cette débauche lui est devenue indispensable, pour lui permettre d'oublier sa déchéance.

Jeune homme pur et tranquille décidé à régénérer, une humanité impuissante et médiocre, il succombe sous l'ampleur de cette tâche surhumaine, conscient de l'inutilité de son geste et de l'impasse où il s'est engagé.

IV) Le drame romantique est né à la fin du XVIIIème siècle qui est le siècle du « drame bourgeois », le genre s'impose sur les boulevards et triomphe après la Révolution. Négligeant la psychologie, il accorde la première place à l'intrigue, souvent historique, aux jeux de scène et vise à procurer des émotions fortes.

Ce drame est pour le mélange des genres : il fera se côtoyer, le sublime et le grotesque.

Il est contre les unités classiques : les nouveaux dramaturges s'insurgent contre l'unité de temps et l'unité de lieu. Les drames pourront ainsi multiplier les lieux différents, dilater à leur gré une intrigue souvent politique qui doit désormais tenir compte de multiples enjeux et rebondissements. Seule l'unité d'action est reconnue, même si des intrigues secondaires peuvent apparaître et se mêler à l'action principale.

Le drame romantique consacre le type du héros solitaire marqué par une destinée orageuse.

Confronté à une société médiocre, celui-ci peut manifester une révolte désespérée, voire. Parallèlement, le drame exploite une veine nationaliste et révolutionnaire commune aux grands auteurs européens dont les nations luttent alors pour leur indépendance ou leur liberté (Byron, Manzoni, Schiller).

Lorenzaccio est considéré comme le prototype du drame romantique: la pièce de Musset manifeste une grande liberté. Cette liberté concerne d'abord la couleur locale. Musset ne veut pas montrer une Florence pittoresque, mais nous offre une Florence morale dominée par la tyrannie et son cortège de violence et de débauche, d'asservissement et de lâcheté.

Sur le plan du mélange des genres, Lorenzaccio offre une variété de nuances plus conforme à l'esthétique romantique. Drame aux accents philosophiques et politiques, et une comédie où les traits satiriques viennent sans cesse rappeler la médiocrité des êtres.

Le désordre règne au niveau des scènes : Certaines sont constituées de plusieurs épisodes successifs et ne sont pas délimitées par les entrées et les sorties des personnages, mais par des changements de décors incessants qui pourraient laisser croire à une écriture librement improvisée, en dehors de tout souci théâtral.

Musset a considérablement resserré la chronologie des faits. Sans prétendre satisfaire à l'unité de temps, il a néanmoins