Le Premier Septennat De Mitterrand
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Comme prévu, les communistes font leur entrée dans le gouvernement, une première depuis 34 ans. Ils sont quatre mais, hormis Charles Fiterman, ministre d'État chargé des transports, ils ont un rôle très secondaire. Le reste du gouvernement est composé de 37 socialistes, deux radicaux de gauche et un gaulliste de gauche, Michel Jobert. Par ce choix, Mitterrand manifeste sa volonté de constituer une gauche unie.
II) Les grandes réformes
a- La relance économique : hausse du SMIC, des allocations...
Dès son arrivée au pouvoir, Mitterrand applique ses promesses les plus populaires. Il commence par augmenter de 10% le SMIC au 1er juin 1981. Le salaire minimum s'élève à 2 900 francs (environ 446 euros) et concerne près d'un million de personnes. Le minimum vieillesse est également revu à la hausse, de 20%. Il est désormais à 1 700 francs (261 euros). Quatre millions de familles voient leurs allocations familiales et logement augmenter toutes deux de 25% au 1er décembre 1981. Ces différentes mesures coûtent la somme de 9 milliards de francs (1,9 million d'euros) à l'État pour l'année 1981.
Concernant l'emploi de nombreuses promesses sont faites : il est prévu de créer 55 000 emplois dans le domaine public et social, d'accorder des aides aux entreprises qui embauchent. Le gouvernement espère ainsi que 600 000 jeunes trouveront un emploi. Pour couvrir ces mesures estimées à 6,8 milliards de francs, taxes et impôts doivent être pris sur les salaires les plus élevés, les banques, compagnies pétrolières et frais généraux des sociétés.
b- La réduction du temps de travail
Au 12 juin 1981, le gouvernement entre en négociation avec le patronat pour réfléchir à la réduction du temps de travail. Mais les discussions deviennent plus âpres en 1982 au moment du vote des « lois Auroux ». Le ministre du Travail, Jean Auroux, envisage des « droits nouveaux des travailleurs ». Ses principaux collaborateurs sont Jacques Dupeyroux et Martine Aubry, la fille de Jacques Delors. En 1982, sont votées les « quatre lois Auroux » :
- « loi relative aux libertés des travailleurs dans l'entreprise » (du 27 juillet) permet aux salariés de se réunir, pendant les heures de travail, pour discuter des conditions de travail.
- « loi relative à la négociation collective et aux règlements des conflits du travail » (du 15 octobre).
- « loi relative au développement des institutions représentatives du personnel » (du 28 octobre).
- « loi relative aux comités d'hygiène, de sécurité er des conditions de travail » (du 18 décembre).
Les négociations sur la durée du temps de travail sont de retour avec l'ordonnance du 18 janvier 1982. Il est alors question de payer cinq semaines de congé par an et de réduire progressivement le travail de 40 heures hebdomadaires à 35 heures. Pourtant syndicats comme patronat se montrent méfiants voire hostiles. Les premiers souhaitent que cette réduction du temps de travail donne lieu à de nouvelles embauches. Pour cela, les heures faites en plus ne devaient pas être payées. Finalement, contre l'avis du Premier ministre, Mitterrand décide de baisser la durée du temps de travail à 39 heures hebdomadaire ce qui n'a aucune incidence sur le partage du temps de travail et donc de la lutte contre le chômage.
c- La retraite à 60 ans
Le 4 février 1983, l'âge du départ de la retraite est abaissé à 60 ans. Dès les années 1970, la réforme de la retraite est amorcée avec une volonté d'élargir le régime général et les régimes complémentaires de retraite. On relève les pensions les plus basses et on modifie le calcul de la pension. L’année1981 marque donc l'apogée de cette évolution sociale. Non seulement le départ de la retraite est désormais à 60 ans mais un minimum de pension est instauré.
d- La nationalisation de 9 groupes industriels et 36 banques
Alors qu'en Europe, la privatisation des entreprises est de rigueur depuis la fin des années 1970, Mitterrand souhaite au contraire nationaliser un maximum d'entreprises pour en avoir le contrôle et créer de nouveaux emplois. Certains comme Michel Rocard ou Robert Badinter ne veulent pas d'une nationalisation totale, préférant que celle-ci se fasse à hauteur de 51%. Toutefois, leur point de vue demeure minoritaire au sein du PS. La nationalisation concerne neuf groupes industriels dont deux à hauteur de 51% seulement (Matra et Dassault) : la Compagnie générale d'électricité, Thomson-Brandt, Pechiney-Ugine-Kuhlmann, Rhône-Poulenc, Saint-Gobain, Usinor et Sacilor. Trente-six banques et deux compagnies financières sont également nationalisées. Ces nationalisations permettent à l'État de contrôler ces groupes et sociétés. Pour mieux y parvenir encore, il change les dirigeants qu'il nomme lui-même. Ces licenciements ont tout de même un coût pour les contribuables : 43 milliards de francs (environ 6,6 milliards d'euros).
e- L'abolition de la peine de mort
Alors que 60% des Français sont opposés à l'abolition de la peine de mort, le ministre de la Justice, Robert Badinter (ministre de la justice), fait voter sans difficulté au Parlement la loi du 18 janvier 1981. Cette loi est un véritable tournant dans l'histoire de France. En effet, depuis le début du 20ème siècle, certains députés ont eu à cœur d'abolir la peine de mort. 32 propositions de loi ont été déposées en vain, même si les exécutions ont cessé d'être publiques depuis le 29 juin 1939. C'est à travers une discussion lancée par le député RPR, Pierre Bas, que les esprits ont commencé à changer à propos de l'intérêt d'une telle peine. La dernière exécution a lieu le 10 septembre 1977 à Marseille faisant de la France le dernier des douze pays de la Communauté européenne à appliquer la peine de mort. François Mitterrand en avait fait une priorité lors de sa campagne présidentielle. Robert Badinter parvient à convaincre Sénat et Assemblée nationale de voter sa loi abolissant la peine de mort. La Chambre haute l'approuve à 160 voix contre 126 et la Chambre basse à 363 voix contre 117. Le 28 avril 1983, le gouvernement signe le protocole additionnel n°6 à la Convention européenne des droits de l'homme qui interdit le rétablissement de la peine capitale.
Même si le Parlement a voté cette loi, la majorité des Français à cette époque ne l'approuve pas. Dès lors et jusqu'en 1993, débats et projets de loi se sont multipliés remettant en cause l'abolition de la peine de mort. Si aujourd'hui, les esprits ont quelque peu évolué, le sujet demeure d'actualité tout en se déplaçant vers une peine de substitution : la perpétuité réelle.
f- Les grands chantiers du Président
François Mitterrand veut laisser des traces concrètes de son passage à l'Elysée. Il lance différents travaux à Paris : l'Opéra Bastille, le Grand Louvre et sa pyramide, l'arche de la Défense, la Bibliothèque nationale de France, l'Institut du monde arabe, la Géode et le parc de La Villette, la Cité de la musique et le ministère de Bercy. Le Président suit les travaux et se rend en personne sur les chantiers. Il veut moderniser Paris, lui donner une plus-value culturelle, transformer le quartier de Bercy et celui de la Villette.
En deux ans à peine, François Mitterrand parvient à mettre en œuvre de nouvelles réformes qui bouleversent complètement la société française (réduction du temps de travail, abaissement de l'âge à la retraite, décentralisation, nationalisations...). Mais après l'euphorie générale, la situation va vite changer, et cet état de grâce laisse la place à la disgrâce.
III) La cohabitation
a- De la démission de Pierre Mauroy en 1984 à la défaite de 1986
Avec la construction de l'Europe et ses exigences économiques, la France doit subir des restructurations industrielles. Dans le Nord comme un peu partout sur le territoire, de nombreuses entreprises ferment. La rigueur impose plus de compétitivité et de rentabilité. En contrepartie, le chômage ne cesse d'augmenter. A ce moment, en 1984, les Français sont moins de 30% à soutenir François Mitterrand et son Premier ministre.
En mars 1984, les mouvements des enseignants ne font qu'attiser la crise : une des grandes promesses du candidat est la création d'un grand service public unifié de l'éducation qui englobe l'école privée. Depuis trois ans, le ministre Alain Savary négocie avec tous les partenaires afin de trouver un compromis mais le débat s'envenime. Par centaine de milliers, les défenseurs du privé descendent dans la rue pour défendre leurs droits. Pour ne pas mettre en péril le septennat, l'Etat recule devant cette grande réforme. Alain Savary, désavoué, démissionne aussitôt. Pierre Mauroy le suit.
C'est Laurent Fabius qui est alors nommé Premier ministre. Son rôle est donc de ramener l'ordre dans le pays et redresser la situation afin d'assurer la victoire de la gauche
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