Stage en court séjour en service de médecine gériatrique
Étude de cas : Stage en court séjour en service de médecine gériatrique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar lairderien • 3 Octobre 2015 • Étude de cas • 1 702 Mots (7 Pages) • 1 374 Vues
Semestre 3
ANALYSE
DE PRATIQUE
Stage en court séjour en service de médecine gériatrique
Description de la situation :
Aujourd'hui, mardi 8 septembre à 10h, nous entrons avec l'infirmière dans la chambre de Mme M. C'est une patiente de 96 ans, veuve qui a deux enfants. Elle vit à domicile et bénéficie de l'aide d'une infirmière 2x/semaine et d'une auxiliaire 2x/jour. Elle est arrivée dans le service pour une épistaxis sous AVK[1]1. Elle présente un diabète de type 1, fait de l'hypertension artérielle et a pour antécédents une ACFA[2]2 , une cardiopathie hypertensive et une cholecystectomie. Elle a également souffert de thromboses veineuses profondes à répétition qui ont entraînées des ulcères variqueux au niveaux des jambes. Mme M. présente aussi un glaucome qui l'a rend partiellement aveugle et une impotence fonctionnelle au niveau des membres inférieurs. Elle tient donc difficilement sur ses jambes. Ses pansements d'ulcères doivent être refaits tous les jours. C'est un soin douloureux pour la patiente qui prend environ 20 minutes. Mme M. a, de plus, une peau extrêmement fragile et le moindre petit choc ou frottement provoque des dermabrasions qui saignent beaucoup à cause de ses traitements anticoagulants.
Ce matin Mme M. est dans son fauteuil comme souvent et fond en sanglot dès qu'elle nous entend arriver. Cette dame avait pour habitudes de chanter des chansons en la présence des soignants, toujours d'humeur joyeuse et souriante. Mais ces derniers jour, Mme M. est silencieuse et pleure dès que nous entrons dans la chambre. Elle nous dit ne plus supporter les prises de sang à répétition et les soins douloureux. Elle nous demande sans cesse de lui donner un médicament pour l'endormir car elle répète qu'elle veut mourir. Ses demandes sont devenues incessantes. L'infirmière et moi essayons toujours de lui faire penser à autre chose évoquant sa famille qui selon elle est nombreuse, ses petits enfants qui viennent lui rendre visite. Mais les moments agréables ou elle se remémore des souvenirs heureux sont de plus en plus brefs et son obsession de mourir reprend toujours le dessus. Elle refuse d'abord les soins quand nous lui expliquons de quoi il s'agit, car elle dit ne pas vouloir « qu'on l'a maintienne en vie », puis se laisse faire en nous disant « si ça vous fait plaisir ». Un soir vers 19h, je suis allée voir Mme M. sans l'infirmière pour effectuer un soin et elle m'a alors demandé de « l'aider à mourir en secret ». Je lui ai expliqué que je n'étais pas là pour l'euthanasier mais pour la soigner et que si je faisais ça, je pouvais aller en prison.
Elle m'a alors demandé en pleurant si j'aurais laissé ma grand mère souffrir si elle avait été à sa place. Je n'ai pas su quoi lui répondre. L'infirmière n'a pas non plus su quoi me dire quand je lui ai demandé comment j'aurais dû réagir. J'ai voulu parler du cas de Mme M. en relève car j'avais pensé que l'aide d'un psychologue serait la bienvenue mais on m'a dit que c'était inutile parce qu'elle partait bientôt. Deux jours plus tard, cette dame quittait le service pour aller dans une structure de soin de suite et de réadaptation.
- Questionnement
Que faire de la décision de refus de soin d'un patient ?
Quelle attitude adopter face à un patient qui exprime l'envie de mourir ?
Que traduisent les réactions des soignants face à la question de la mort ?
- Pourquoi ces questions
Dans cette situation j’ai eu affaire à une patiente qui avait toutes ses facultés mentales, cela m'a d'abord choqué car pour moi la volonté du patient de ne plus avoir de soin n’était en aucun cas respectée. Puis, au fil de mon stage cette colère a fait place à de la curiosité ainsi qu’à des recherches personnelles sur le sujet, à savoir le respect de la volonté du patient de ne pas recevoir des soins et au cadre légal entourant le sujet.La question de la mort m'est apparu évidente lorsque j'ai été confrontée aux demandes de Mme M. sans savoir comment réagir. La réaction des professionnelles m'a également interpellée. Enfin, j'ai choisie cette situation car cette personne m'a particulièrement touchée car j'apparentais cette dame à un membre de ma famille. En effet, elle me rappelais ma grand mère, dans son attitude, sa voix, son apparence bienveillante. Aussi, j'aborderais donc l'identification projective dans une partie sur les mécanismes de défenses.
Patient[3]3 signifie, « qui a ou qui manifeste de la patience, personne qui reçoit des soins médicaux, une opération chirurgicale » . Cette définition du patient et à associer à la patience et à l’attente. C'est-à-dire qu’au lieu d’en faire des acteurs du soin, les soignants ont trop souvent tendance à considérer les patients comme des objets de soin, des personnes sur lesquelles on travaille et non pas avec qui on travaille. Or, l’OMS[4]4 dit dans sa définition des soins infirmiers : « Les infirmiers permettent la participation active de l'individu ». Cela souligne la nécessité de ne pas oublier que les soins infirmiers sont une discipline qui mettent en relation plusieurs personnes.[5]5 Il faut donc nouer un lien avec le patient, autour de ce qu’il est, et pas seulement autour de ce qui l’affecte. Sa maladie et ses symptômes ne sont que le point de départ. Le patient qui doit être « soigné » a d’autres besoins au niveau relationnel.
Le cadre législatif :
Selon la charte du patient hospitalisé,[6]6 « Un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient. Celui-ci a le droit de refuser tout traitement. Toute personne majeure peut exprimer ses souhaits quant à sa fin de vie dans des directives anticipées. »
Le soignant, et ici plus particulièrement l’infirmier, est un être humain comme les autres qui travaille avec ses propres valeurs et ses propres représentations et concepts du soin, de la maladie et également de la mort. Tout comme le patient dans des situations délicates comme celle de la confrontation à la mort, il va mettre en place des mécanismes de défense, dans ma situation j'ai pu en observer certains chez moi ou les infirmières.
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