Le Cageot, Francis Ponge
Dissertation : Le Cageot, Francis Ponge. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresou encore l'humanisation des réalités qui sont décrites. On retrouve également le patron syntaxique auquel obéissent la majorité des titres des poèmes qui est « Article défini plus nom »( par exemple le feu, ou le plaisir de la porte). Il rappelle en quelque sorte le modèle de l'herbier voire du « chosier ».
Chaque poème est ainsi avec les échos des autres un tout homogène, il forme une unité, tout comme « le cageot »
LECTURE
CARACTERISATION DU TEXTE
Ce texte nous parle de l'objet « cageot » et de son devenir, sous la forme d'un poème en prose relativement court comme pour être à l’image de la durée de vie d’un cageot. Dès les premières lignes le lecteur peut être stupéfait de la démarche très structurée de l’auteur. A l’image d’une encyclopédie ou d’un dictionnaire il en donne toutes les caractéristiques physiques et pratiques.
Le poème est donc descriptif et narratif aux allures de définition.
La tonalité est définitionnelle, parodique et humoristique et didactique.
On retrouve 3 paragraphes réguliers commençant tous les 3 par la lettre « A » et qui offre une régularité syntaxique qui repose sur l'inversion du modèle canonique de la phrase S+V+COMPLEMENT au profit de COMPLEMENT+SUJET+VERBE. Cette régularité syntaxique n'est pas habituel: L'objet évoqué par cet effet semble donc chercher sa place ou s'en donner une extraordinaire, et le poète semble vouloir créer ses propres codes, sa propre langue.
La disposition du texte repose sur 3étapes qui correspondent à ces 3 paragraphes:
Nous avons donc la 1ere phase l1et2 qui amène une définition lexicale basée sur une étymologie fantaisiste. La 2ème phase est basée sur l'insistance du caractère éphémère et l'utilité poétique de l'objet (l3et4) et enfin la 3ème étape concerne le devenir de l'objet.
AXES DE LECTURE
On appréciera dans ce texte la création d'un langage nouveau ainsi que la présence brut de l'objet qui devient un objet littéraire humanisé.
ETUDE DU DETAIL
Si on observe en premier lieu le titre, " Le cageot " :il semble annoncer un texte utilitaire ou une définition plutôt qu'un poème. A la limite, il pourrait annoncer un article de dictionnaire. Mais le déterminant " Le " exclut cette hypothèse et actualise le substantif, à l'inverse des mot qui se trouvent dans le dictionnaire. Ponge écarte donc d'emblée le sens dénoté (simple définition) et embraye sur un sens connoté.
Dans le premier Mouvement L1et2 intitulée « une définition lexicale basée sur une étymologie fantaisiste », Ponge invente un « mot-valise » pris au croisement de la cage et du cachot : Le mot est donc d'abord pris en son signifiant : F de Saussure parle du caractère arbitraire du signe linguistique. Ainsi le poète s'amuse en jouant sur une linguistique fictive puisque le mot n'est dans les faits pas placé entre cage et cachot. Il joue également sur le sens des mots puisque la cage et le cachot renvoie tous les 2 à l'enfermement : la cage à celui de l'animal, le cachot à celui de l'homme, mais le cachot tout comme la cage, demeure après le départ du prisonnier tandis que lui, le cageot, ne subsiste pas aux fruits et légumes qu’il n’enferme qu’un temps. Signe d’une injustice car son destin était tout récent. On remarque d’ailleurs que le poète semble s'attendrir de la destiné tragique et injuste du cageot qui serait entre les 2, selon l'adverbe « A mi chemin » au début du poème. Cette indication de lieu « A mi chemin » souligne également le caractère peu fiable de la définition, d'emblée alors le poète pose l'attention sur le mot « cageot » en lui même. Dès le début nous voyons que le travail poétique commence puisque la paronomase joue également sur les sonorités et avec le langage. : Ponge conteste donc d'emblée l'ordre établi de la langue en donnant sa propre définition poétique.
Ensuite dans cette première phase Ponge continue sa définition utilitaire cette fois ci et commence l'humanisation de l'objet d'abord grâce à un nom hypocoristique du cageot qui devient « caissette » l1, ce terme semble affectueux , Ponge semble touché par l'objet, et cette sensation est renforcé par l'adjectif « simple ». En effet on peut voir ici un synonyme de naïve, comme on qualifierait quelqu'un de « simple ou « simplet » pour souligner son caractère ingénu. D'autre part il y a un glissement du masculin « cageot » vers le féminin « caissette », et les termes qui suivent comme « vouée », « transport », « fruit », « suffocation » ou « maladie » l2 ( on note d'ailleurs que l'expression familière et figurée de « faire une maladie » est ici à comprendre au pied de la lettre) rappellent le langage amoureux du 17eme et 18eme siècle. Aussi, « à claire-voix » l1 également joue sur les mots et donne le langage à l'objet même. Ici donc par un langage nouveau à propos d'un objet trivial comme « le cageot » le poète fait d'un rebut quelque chose, ou donc « quelqu'un » digne d'être aimé.
Pour finir sur ce mouvement notons que l'auteur malgré cette parodie du dictionnaire (dont d'ailleurs il est un grand lecteur) reprend malgré tout des termes qui définissent le véritable mot cageot : On retrouve dans le petit Robert les mots « claire voie » et « transport ».
La 2eme phase quant à elle, qui commence à la ligne 3 insiste sur le caractère éphémère de l'objet et marque son utilité poétique. Ainsi en jouant sur la polysémie du mot " terme " (= mot + fin) Ponge passe de l'usage du terme " cageot " (1er §) au " terme de son usage ", c'est à dire à la fin de son usage. On a également « brisé sans effort » l3 où la préposition « sans », privative, souligne son caractère fragile et périssable. La voix passive, avec « agencé » « brisé » l3, que l'on trouvait également l2 avec « vouée » marque également le caractère purement utilitaire et fugitif de l'objet qui est destiné à la destruction. Ainsi l'objet humanisé devient le symbole même de l'Homme soumis aux aléas de la vie. Ponge semble ici parodier la poésie traditionnelle : en effet pour montrer le caractère éphémère de la vie, les poètes, « classiques », utilisent des objets nobles ou beaux (évocation du caractère éphémère de la rose chez Ronsard, ou encore du papillon chez Lamartine). Ici, l'objet éphémère n'est qu'un simple cageot ! Mais Ponge à la phrase suivante fait un écart entre la chose qui englobe et l'objet précieux qu'il contient : En effet avec la périphrase poétique qui désigne certainement les fruits et les légumes, « denrées fondantes et nuageuses », il nous montre probablement qu'il tient à honorer les choses qui sont ignorées, par le langage. Ainsi le cageot est un « sapate », c'est à dire un objet trivial qui contient un objet symbolique précieux, tout comme le poème en lui même est un sapate puisqu'au delà de ses allures de définition il contient la poésie. Ponge avait d'ailleurs initialement intitulé à la conception son premier recueil en 1937 « sapates », ( qui est au final très différent du parti pris des choses ).
L'objet dans ce deuxième mouvement, derrière la banalité de son apparence révèle alors, grâce au langage pongien, la préciosité de son emprunte littéraire et poétique.
Enfin dans la 3ème phase, « le devenir de l'objet
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