Vente Directe

sager le brutal coup d'arrêt qui interviendra quelques mois plus tard, paralysant le secteur pendant plus d'un an : voir 2009, tous les coups sont permis.

Mais la vente directe ce n'est pas que le lait, c'est aussi les fruits et légumes. Avril 2008 voit l'installation du premier distributeur automatique de fruits et légumes Roesler de France. Installé à Schnersheim par Didier Filbing Distribution, il servira à vendre des asperges, des fraises et des pommes. Avec grand succès. Rapidement, d'autres producteurs se lanceront également, tous dans la périphérie de Strasbourg.

Là aussi, peut-être pouvait-on déjà trouver l'un ou l'autre distributeur de barres chocolatées servant à vendre des fraises. Mais avec l'arrivée de Roesler sur le marché français, ce mode de distribution prend une dimension réellement professionnelle : la machine est spécifiquement conçue pour cet usage et ses avantages sont nombreux :

-fabriquée par une société qui maîtrise l'installation de distributeurs en plein air depuis de nombreuses années

-tout en inox

-sans pièces en mouvement

-permettant de commercialiser de gros volumes (5 kg de pommes par exemple).

Fin 2008, on dénombrait une grosse dizaine de distributeurs automatiques de lait frais cru en France.

Les autres types de distributeurs gagnent progressivement du terrain depuis les frontières de l'Est. Les deux types de distributeur automatique de produits fermiers par exemple sont fabriqués en Allemagne et ce sont logiquement les Alsaciens qui leur ont fait confiance en premier : quatre appareils de ce type ont été installés en 2008 dans la communauté urbaine de Strasbourg.

En ce qui concerne les oeufs frais, le marché s'est développé quand les producteurs ont cherché des débouchés aux oeufs refusés par les centrales d'achat, parce que trop gros, ou trop petits ou avec une plume collée. Ce qui représentait parfois jusqu'à 25% de la production. Le succès étant au rendez-vous, ce genre d'installations s'est multiplié au point que les centrales ont été contraintes de revoir leur politique d'achat (en créant une gamme spécifique pour les gros calibres, par exemple).

Le contrat de vente apparaît en 3 étapes :

• l'échange : elle a précédé la vente (en éco, le troc). C'est l'échange d'un bien contre un autre bien. Gaius remarque que l'échange est un usage de la plupart des peuples primitifs (ex : les grecs). Il s'appuie sur un passage de l'Iliade (800 av JC) qui montre que les héros de la guerre de Troie échangèrent du vin contre de la fourrure. Mais l'échange est incommode car il suppose un concours exceptionnel de circonstances, un heureux hasard pour mettre en présence 2 personnes dont chacune justement besoin de la chose dont l'autre veut se défaire.

• Certains biens constituèrent des valeurs d'échange (ex : le bétail, le bronze, les monnaies en airain puis en argent). Cela facilitait l'opération de vente puisque avec ces valeurs d'échange, on pouvait tout acheter. On est alors passé de l'échange à la vente au comptant qui est la vente dans laquelle le transfert de la chose et le paiement du prix sont immédiats :

lorsqu'il s'agissait de la vente d'une chose précieuse (res mancipi), on procédait immédiatement à l'acte formaliste du transfert de propriété=la Mancipatio qui est nécessaire pour certains types de biens comme le bétail, les terres italiques, les esclaves. Cette cérémonie nécessite la présence des parties, 5 témoins citoyens, le porteur de la balance (libripens) qui accomplit la cérémonie. Lorsque cela porte sur un meuble, l'objet doit être présent et s'il s'agit d'un immeuble, on apporte un symbole. L'acheteur affirme son droit sur la chose en posant sa main (manus) sur la chose et en affirmant que cette chose est à lui en vertu du droit des citoyens et qu'il l'a acheté par l'airain et la balance. Il frappe ensuite la balance avec un lingot d'airain et remet celui-ci au vendeur en guise de prix.

Lorsqu'il sagissait de choses non précieuses (res nec mancipi), on se contentait d'une simple traditio cà d une remise de la chose de la main à la main. Cette cérémonie est accomplit immédiatement.

Cette vente au comptant n'est pas un véritable contrat car elle ne fait pas naître d'obligations. C'est tout de même une vente très importante car c'est l'opération la plus courante.

• véritable contrat de vente dans lequel on peut différer l'une ou l'autre des prestations c à d livraison de la chose et paiement du prix. Ex : dans la vente à crédit, il sagit bien d'un contrat de vente dans lequel le paiement du px est remis à plus tard ; dans la vente à livrer, c'est le transfert de la chose qui est retardé ; dans la vente à terme, ce sont les deux prestations qui sont reportés à une date ulterieure.

On est passé d'une vente au comptant à une vente génératrice d'obligations. Ce contrat est connu au 1er siècle av JC. Le jurisconsulte Quintus Lucius scaevola le définit comme un contrat consensuel, de bonne foi, de jus gentium c à d que peuvent utiliser les étrangers et citoyens. Cela oblige le vendeur à livrer la possession paisible et durable de la chose.

Les différentes formes de vente directe

La distribution d'un produit met en oeuvre toutes les opérations très concrètes :

• d'information (information consommateur, présentation, produit, quantité, prix, lieu, horaire, service après vente)

• de stockage nécessaire

• de transport

• de facturation, encaissement, garanties,

jusqu'à l'appropriation complète et définitive du produit par le client.

Elle peut revêtir différentes formes qui peuvent se combiner entre elles; en voici un "petit" inventaire.

A - Ventes réalisées à la ferme

LIEU OBSERVATIONS AVANTAGES INCONVENIENTS

1-EN LIBRE SERVICE sur la parcelle - Cueillette, par les acheteurs, de fruits rouges, haricots, fleurs, pommes, cerises...

- Possible en zone péri-urbaine et d'accès facile - Pas de coût direct de récolte

- Diversification possible et très souhaitable, pour mieux fidéliser la clientèle - Bonne logistique à mettre en place, notamment lors des week-end

- Publicité, flèchage, pourcentage de pertes non négligeable

2-EN LIBRE RECOLTE : vergers, vignes, légumes - Jouissance réservée sur place à l'année pour fruitiers, pluriannuelle pour la vigne

- En zone péri-urbaine (pas nécessairement pour la vigne) - Pour la vigne: attachement des récoltants aux parcelles

- Trésorerie plus rapide, moins de frais financiers - Abandon du droit de jouissance sur les parcelles dont la récolte est cédée d'avance

- Exigence de soins irréprochables

3-DANS UN LOCAL à côté de l'habitation - Des produits frais ou transformés

- Tenir et imposer des horaires stricts à la vente

- Permanent ou saisonnier - Accueil possible par différentes personnes selon la disponibilité de chacun

- Pas d'absence extérieure ou de frais particuliers pour la vente - Risque d'interruptions du travail, vie privée perturbée

- Attention à la perte de temps (dialogue avec les clients)

- Difficulté de fidélisation de la clientèle si la gamme est trop étroite

4-RESTAURATION A LA FERME -De la terre à l'assiette : ferme auberge, pique-nique, casse-croûte, plats cuisinés à emporter - Valeur ajoutée importante

- Flexibilité du prix - Temps passé et savoir faire cuisine

B - Ventes réalisées à portée de l'exploitation

LIEU OBSERVATIONS AVANTAGES INCONVENIENTS

5-SUR LES MARCHES, manifestations, foires - Avec stand démontable ou mobile

- Attention à l'emplacement alloué vis-à-vis du passage de la clientèle visée - Pratique peu onéreuse, sauf pour la présence à des foires lointaines

- Aménagement fonctionnel simple sans trop d'investissements - Contraintes trajets et horaires

- Attention aux normes réglementaires d'étalage