Huawei et les États-Unis : Un problème infiniment politique ?

Huawei et les États-Unis : Un problème infiniment politique ?

Comme peu de fois dans son histoire, les États-Unis sont confrontés à un puissant rival, la Chine, qui ne partage que peu de ressemblance avec les États-Unis notamment au niveau du régime politique. En effet, les États-Unis qui « aiment » être le porte-étendard de la démocratie voient en un pays comme la Chine une ressemblance avec un ancien ennemi : l’URSS.

Au-delà de cette question, la Chine et les États-Unis sont en concurrence directe pour la place de Superpuissance n° 1. Une guerre commerciale et financière a déjà donné lieu à de fortes luttes comme l’importante amende reçue par HSBC (765 millions de dollars) pour régler le litige entre les États-Unis et la Hong Kong & Shanghai Banking Corporation. Derrière la banque, les États-Unis attaquent directement la Chine.

Les réseaux de communication ont été de tout temps considérés comme d’une importance capitale. Que ce soit des réseaux routiers, des réseaux logistiques, des réseaux de télécommunication, ou bien des réseaux sociaux. Dans chacun d’entre eux, les États ont toujours souhaité avoir un contrôle total sans aucun partage, ni avec les alliés, et encore moins avec les non-alliés, mais parfois ce contrôle peut être bouleversé par un contexte instable. Les États-Unis ont bien compris que l’instabilité est un vecteur qui permet d’asseoir leur position hégémonique. De la seconde guerre mondiale au retrait des États-Unis du Plan d’action global commun rétablissant les sanctions américaines contre l’Iran en passant par la guerre en Irak, toutes ces situations n’ont qu’un seul point commun, l’influence des États-Unis en devient encore plus grande.

C’est justement une guerre d’influence et de pouvoir qui est en jeu à l’heure de parler de Huawei. En surface, nous pouvons penser qu’il s’agit uniquement d’une guerre commerciale avec des retombées financières considérables. Or bien que cet enjeu existe, il est subsidiaire. Des objectifs autrement plus profonds sont à mettre en évidence comme le pouvoir de l’information. Huawei qui est le géant chinois des télécommunications est affublé depuis plusieurs années de critique de la part du gouvernement américain que cela soit démocrate ou républicains. La dernière attaque en date est celle qui concerne la 5G. En effet, les États unis reprochent à Huawei de vouloir pénétrer les systèmes de télécommunication afin de détourner l’information et de s’en servir à des fins malveillantes comme l’espionnage. C’est ainsi que des pressions sont mises sur le pays allié des États-Unis afin d’aller en ce sens avec peu de résultats, car la Grande-Bretagne et l’Allemagne ne soutiennent que très peu les critiques américaines. Cela est dû, notamment, aux révélations d’Edward Snowden qui a fortement fragilisé la parole américaine et qui décrédibilise les critiques d’espionnage sur les autorités chinoises. De plus, les mensonges mis en avant par Colin Powell en 2003 a également mis au grand jour la facilité que peuvent avoir les americains pour duper leurs alliés.

De plus, les États unis ont du mal à mettre en avant des critiques constructives, car les arguments forts que pourraient mettre en avant les Américains mettraient un coup de projecteur sur les propres agissements américain.

La puissance des États-Unis est considérable, mais n’est plus incontestée, surtout sur la mise en place des technologies réseau de nouvelle génération et c’est bien cela qui est problématique. Historiquement et grâce au service de renseignement allemand, les États-Unis ont accès au système d’information de plusieurs pays qu’ils espionnent allégrement depuis tout ce temps. C’est un procédé qui est utilisé depuis 1970 et les Américains en ont tiré de grands bénéfices et souhaitent que cela dure malgré le changement de technologie.

Avec les nouveaux réseaux de communication, les cartes sont redistribuées et c’est la Chine qui prend les devants. Le contrôle de ces réseaux est d’une importance stratégique, car ils permettront d’avoir accès à tout un pan essentiel de « l’internet des objets » qui sera omniprésent dans les prochaines années. Ce contrôle représente des millions de pétaoctets d’information qui peuvent être utilisés pour des actions diplomatique ou militaire. Le fer de lance pour la Chine est bien Huawei, car c’est l’entreprise chinoise qui a pu s’exporter à un tel point qu’elle est devenue le plus gros constructeur de smartphone devant Apple et les Américains. Huawei est devenu un mastodonte de la télécommunication surtout quand on voit les sommes faramineuses que dépense Huawei avec l’aide des banques (ils appartiennent au parti communiste chinois) dans la R&D (15 milliards de dollars).

Cette stratégie vise à rester leader dans la 5G et à s’imposer dans la plupart des pays du monde. Actuellement, Huawei est présent dans 170 pays ce qui est considérable.

La technologie 5G est configurée de telle sorte qu’une antenne 5G de chez Huawei ne peut pas switcher sur une antenne 5G d’un concurrent ce qui accentue encore plus la place de leader de Huawei.

La Chine défend ardemment ses positions, elle nie en bloc toute attaque de la part des Occidentaux et elle essaye de pallier à toute embûche que peuvent lui poser les Américains. Elle se positionne comme victime de l’impérialisme américain et c’est ainsi qu’elle décrit toutes les attaques à son encontre « d’attaque sans fondement ».