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Ethique a Nicomaque

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nérale, qui prend le texte dans son ensemble, pour en comprendre le thème, et surtout la stratégie globale du texte.

Une lecture plus attentive, qui découpe le texte en repérant les grandes articulations (le plan), et en repérant les difficultés.

Une lecture lente et détaillée, qui repère les concepts, et les enjeux du texte.

C’est à ce prix que vous réussirez à maîtriser le texte ; Bien entendu chaque lecture se fait crayon à la main et feuille de brouillon à côté de vous. Vous devez noter chaque étape, pour pouvoir vous y référer régulièrement. Ne soyez pas avare en papier, et n’hésitez pas à les garder pour pouvoir les relire à chaque instant de votre rédaction finale.

Je vous donne une organisation temporelle pour s’organiser en quatre heures :

8h-8h15 : découverte et choix du sujet

8h15-9h15 : première lecture, et analyse du plan (qui structurera votre commentaire)

9h15-10h : analyse précise des concepts et des articulations argumentatives.

10h-10h30 : rédaction de l’introduction et de la conclusion.

10h30 -11h45 : rédaction du commentaire

11h45-12h : relecture obligatoire.

Vous voyez qu’il faut consacrer moins de temps à la rédaction que pour la dissertation. Car dans le cas du commentaire, le travail de lecture et d’analyse du texte représente 75% de votre investissement. Autrement dit tout se passe au brouillon. Après la rédaction doit être simple et claire. Ce qui suit va donc être naturellement ce que vous auriez dû réaliser au brouillon.

Explication du texte d’Aristote :

[Ce corrigé n’est pas rédigé. Il essaie simplement de dégager les étapes que vous devez suivre pour cerner l’intérêt philosophique du texte, après avoir correctement lu le texte bien entendu Toutes les remarques écrites en italiques et encadrées par des crochets sont des conseils, qu’il ne faut donc pas intégrer à votre propre travail.]

Problématique :

Il s’agit de la connaissance de soi. Effectivement toute la tradition grecque mit en avant le « gnosé séauton », « connais-toi toi-même » en grec, comme porte ouverte sur la sagesse. Comme si l’être n’était pas transparent à lui-même, et qu’il avait besoin d’une recherche introspective, afin de comprendre quelle voie il devait emprunter pour être sage. [lorsque vous faîtes référence à un tel pilier de la philosophie, le « connais-toi toi-même » socratique, même si c’est dans l’introduction, vous devez l’expliquer, et notamment montrer la pertinence de la liaison entre l’introspection et la recherche de la sagesse. Cela d’ailleurs peut vous permettre d’ouvrir la voie vers une interprétation plus riche du texte, car Aristote -certes indirectement- a été en quelque sorte le petit-fils philosophique de Socrate, grâce à l’enseignement de Platon.]

Il ne s’agit pas, bien que cela aurait pu être possible, d’introduire la problématique de l’inconscient, car la philosophie grecque ne pense pas la dualité de l’être, et donc le concept freudien ne peut pas apparaître dans un texte d’Aristote.

Mais sur le plan comportemental, il y a une part de subjectivité qui fait que nous ne jugeons pas correctement. Il ne s’agit pas de l’essence de l’être, mais de la dimension morale de l’être : que valent mes actes ? Suis-je digne de respect ? [Le titre de livre d’où était extrait ce texte aurait pu vous mettre sur la piste d’une éthique]

Nous ne nous voyons pas, car d’une part nous ne pouvons pas nous contempler (dualité moderne du sujet-objet), mais d’autre part parce que nous sommes indulgents envers nous-mêmes. Nous ressentons même de la passion pour nous. Aristote développe le thème de l’amour de soi, voire de l’amour-propre, de la vanité, de l’orgueil, de la fierté, qui sont autant de déclinaisons de la philosophie morale, du moins de la philosophie qui traite des rapports que nous entretenons avec les autres, c'est-à-dire la politique.

Il n’est absolument pas évident que les seuls thèmes de ce texte soit l’introspection et la recherche de notre moi intérieur. [Il faut vraiment avoir une lecture attentive du texte, et ne pas se laisser déborder par un thème qui paraît évident, et qui est si gros qu’il cache le reste. Rigoureusement tous les élèves de la classe ont commis le contresens majeur de ne déceler que le problème de l’introspection. Heureusement votre bon professeur, magnanime, ne vous a pas sanctionné à ce niveau…] Jamais Aristote ne développe la question « Qui suis-je » prenant le verbe être dans son acception abstraite. Il utilise plutôt un usage pratique, concret, presque trivial, du moins ancré dans nos préoccupations quotidiennes : Il s’agit « des mêmes erreurs que nous commettons [tout comme les autres, nos voisins, nos proches, nos frères.] » Nous rejoignons la problématique socratique du « gnosé séauton » à valeur éthique.

[Vous devez donc ne pas vous soucier de la forme de la démonstration. Votre question ne doit pas être « Comment Aristote réussit à nous convaincre ? », mais quelle question fondamentale pose-t-il, et quelle est la portée d’une telle problématique ? Toutes les remarques qui se demandent quel est l’effet rhétorique qu’utilise Aristote, ne sont utiles que si elles permettent de mettre en valeur les idées philosophiques d’Aristote. C’est là, peut-être, la différence entre le commentaire de français et celui de philosophie.]

Quelle est la thèse ?

Beaucoup plus lisible, il s’agit bien entendu de l’intervention de l’ami, qui fait office de miroir. Cependant nous pouvons mettre en lumière plusieurs difficultés :

a) Tout d’abord face au miroir, nous adoptons une certaine posture, celle de se regarder dans le miroir. Il est certain que ce n’est pas naturel, spontané, car notre attitude est celle de quelqu’un qui se regarde.

b) L’ami est-il objectif ? N’a-t-il pas une forme de passion pour son alter ego, qui fait qu’il va chercher à nous faire plaisir en minimisant nos défauts ? Certes il peut être sincère, honnête. Mais pour vraiment se connaître, un ennemi, dans sa sincérité cruelle ou son indifférence à mon orgueil, ne peut-il pas être un juge plus implacable, et plus pertinent de mes actes ? Notre ami met en avant nos qualités, cependant fait-il le travail nécessaire pour que je puisse prendre conscience de mes défauts, de l’origine de mes erreurs ? C’est possible, mais ce n’est pas systématique.

c) Le 3ème problème est que notre ami est un autre soi-même, c'est-à-dire qu’au-delà de l’altérité, cet ami nous ressemble. Puisque nous ne nous connaissons pas ( c’est la problématique de ce texte), nous ne recherchons pas naturellement des personnes que nous trouvons proches de nous. Aristote met plutôt en avant une théorie des affinités : nous nous sentons bien qu’auprès de quelqu’un qui a les mêmes valeurs, les mêmes goûts, le même caractère que nous. Cela change la perspective, car est-ce que cela veut dire que nous regardons notre ami agir, et qu’ainsi nous contemplons (de l’extérieur, comme nous contemplons un objet) une forme de double miroir en trois dimensions ? Cela donne à la théorie d’Aristote une dimension bancale, car l’objectivité recherchée n’est alors en aucun cas assurée. Lorsque nous notons qu’il s’agit de se juger, c’est trop insuffisant.

En réalité ce que prône Aristote, c’est une forme d’homogénéité sociale. L’ami est un autre soi-même [il faut dans votre commentaire expliquer d telles expressions. Je l’ai lue souvent, mais je l’ai très peu vue expliquée.]. L’ami est celui qui est comme moi, semblable à moi. Le différent ne peut pas être comme moi, puisqu’il est l’autre différent. L’ami, qui ne peut pas être un rival, un jaloux ou un tyran, doit développer une forme d’égalité. Toute idée de dialectique du maître & de l’esclave doit être écartée. Le rapport que j’entretiens avec mon ami est platonique et pacifié.

d) La dernière difficulté est le problème du regard tel qu’il est posé par Sartre. [ à ce propos lorsque vous mettez en place une citation, il faut l’expliquer et l’exploiter, surtout s’il s’agit d’une citation phare comme celle de Sartre.] Le philosophe français expliquait que la communication était plutôt rare entre les individus. C’est le regard de l’autre qui me parle. Mais je le vis sur le mode du conflit, car le regard de l’autre me réduit à l’état d’objet. Ma liberté de sujet est contredite par le regard de l’autre qui me juge. De plus il précise que la conscience est solitaire. Si l’autre me jugeait ouvertement, je pourrais refuser cet acte comme un mauvais portrait fait de moi-même. Mais le silence du regard de l’autre agit comme un catalyseur, déclenchant un processus de reconnaissance de ce que je suis moi-même. Certes la citation issue de L’Être et le Néant pouvait être pertinente, car l’autre est un médiateur, mais il fallait ne pas oublier que la conscience solitaire utilise ce regard pour se construire toujours sur le mode du conflit : Je n’accepte pas ce que l’autre peut dire de moi, mais j’essaie de coller au mieux à l’image que

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