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Commentaire du texte de Camus : 'Envers et l'Endroit

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e évocation et commentaire que nous connaissons habituellement mais la réflexion paraît être plus générale.

2. Dissociation entre le narrateur et le personnage

L'emploi de l'article indéfini dans la désignation choisie, « un enfant », puis de la troisième personne du singulier permet de donner une véritable autonomie à cet enfant qui devient une sorte de personnage à part entière. De plus les deux présents d'énonciation qui débouchent sur le conditionnel présent renforcent l'autonomie du personnage qui semble pouvoir agir même dans le temps présent du narrateur. Cela renforce l'effet de mise à distance. Mais, après une relecture, le lecteur averti, qui connaît les origines d'Albert Camus, comprend que l'écrivain fait référence à son enfance « dans mn quartier pauvre » d'Algérie, pays méditerranéen où poussent les « grands ficus » (ligne 13). En effet les détails intimes sont nombreux : tout d'abord le narrateur a connaissance de la force et de la précision du souvenir de l'enfant qui « sait qu'il grimperait l'escalier sans trébucher une seule fois » aux lignes 4 et 5, il rapporte fidèlement ses impressions en détaillant les différentes parties du corps et en employant le vocabulaire des sensations visuelles, tactiles ou olfactives : « son corps même est imprégné de cette maison» (1. 5), il a une « horreur instinctive, jamais vaincue, de la rampe d'escalier », il fait allusion au « couloir puant » (1.18). Certes un narrateur omniscient dans un roman pourrait avoir cette sorte de relation étroite avec le personnage, mais nous sommes ici dans un essai. De plus la modalité exclamative employée dans la deuxième phrase traduit l'émotion du narrateur qui semble exprimer sa nostalgie à l'évocation de ce passé. Tous ces éléments permettent au lecteur d'identifier l'enfant comme étant la même personne que le narrateur.

3. La description des lieux de l'enfance

Remarquons que l'ensemble du passage correspond à une description des lieux de son enfance, mais les deux paragraphes offrent des descriptions contrastées : ainsi le premier porte sur l'intérieur de la maison de l'enfant, plus précisément sur l'escalier et présente un lieu clos et sombre, comme en témoigne la deuxième ligne, le deuxième au contraire décrit un espace ouvert, l'extérieur de la maison, dans la rue, « les soirs d'été » et insiste sur « la nuit pleine d'étoiles ». Nous observons d'autres oppositions entre ces deux paragraphes : le premier envisage un mouvement ascendant de l'enfant mais il est plutôt dysphorique ; dans le deuxième, l'enfant est plutôt immobile, cependant on sait à la ligne 19 qu'il a les « yeux levés » vers le ciel et la tonalité est euphorique. La répétition du présentatif « il y avait » (aux lignes 9, 11, 12, 17-18) scande cette évocation et exprime cette part d'émotion de l'adulte qui retrouve peu à peu le monde de son enfance, les impressions, les sentiments éprouvés. De plus les expressions positives sont employées majoritairement dans le deuxième paragraphe. On note ainsi un mouvement vers une impression générale positive qui est celle du sentiment de plaisir. Cette description est centrée sur l'enfant mais on note une relation étroite entre la réflexion du narrateur et la subjectivité de l'enfant. Tous les souvenirs sont vus à travers la vision subjective du narrateur qui va construire sa réflexion d'adulte à partir de cette expérience de l'enfant qu'il était.

II. Un essai, une réflexion plus générale

1. Les impressions et les images de l'enfant pauvre

Nous avons vu que la description fait ressortir des éléments négatifs et des éléments positifs. L'auteur insiste-sur dépeint sans concession la pauvreté matérielle par l'emploi du champ lexical de la misère: ainsi il se souvient des escaliers qui « n'étaient pas éclairés » (ligne 2), de sa peur des « cafards » (ligne 8), du « couloir puant », de « sa petite chaise, crevée » qui « s'enfonçait sous lui » (ligne 18). Les deux occurrences de l'adjectif « petit » ( « une toute petite fenêtre » à la ligne 10) renforcent cette insistance sur la pauvreté, de même que les tournures négatives ou restrictives de la ligne 2 soulignent le manque.

Mais nous remarquons un contraste entre ce réalisme (1. 10-13) (1. 18) et le lyrisme qui domine dans le deuxième paragraphe. Le narrateur insiste sur la richesse des expériences de l'enfant qui admire le ciel étoilé. Le registre lyrique de ce passage apparaît à travers les images poétiques, les métaphores, la modalité exclamative: « Nuits d'été où crépitaient les étoiles ! », phrase aux allures de décasyllabe enrichi d'une allitération en « t »et l'image de l'enfant qui « buvait à même la nuit pure » (presque un alexandrin). C'est, pour l'enfant, une fête et une rencontre avec l'absolu. La deuxième métaphore est chargée d'une dimension mystique que confirment les connotations religieuses des termes « mystères », et « grâce sans prix». A la ligne 17, l'exclamation traduit une sorte d'extase. Il se dégage l'impression que l'enfant peu à peu se détache de son monde sordide pour aller vers le ciel et qu'il entre en communion avec la nature.

2. La réflexion engagée par le narrateur

Le pronom « je » n'est pas forcément autobiographique. Ici nous rencontrons un « je » peu présent, plus général, qui analyse. La dissociation entre l'évocation du souvenir et le commentaire apparaît surtout nettement dans le deuxième paragraphe. Dans le premier, malgré la dissociation par les pronoms, le narrateur revit les impressions et les sensations de l'enfant qu'il était. Le temps est comme aboli par la force de l'évocation. (à la ligne 3). Quelle est la place de l'auteur dans le deuxième paragraphe ? L'évocation des soirs d'été, du bonheur éprouvé, de différents éléments comme « la rue », « le ciel » débouche sur une remarque plus générale, une sorte de commentaire philosophique. Ce commentaire

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