Les Relations Inter

trêmement important car cela crédibilise la voix des urnes, condition indispensable d’un processus de transition démocratique.

Le Printemps arabe a imposé une nouvelle donne dans la région.

« L’Égypte et Israel se servent de la tension actuelle à des fins de politiques internes ».

Les relations entre l’Égypte et Israël sont marquées par des tensions depuis la chute de l’ancien régime. L’État hébreu a-t-il perdu son allié de longue date dans la région ?

L’accord de paix entre les deux pays est un mariage blanc, donc un mariage d’intérêt. La paix froide est devenue aujourd’hui glaciale. Mais la politique étrangère de l’Égypte est dictée par des paramètres qui dépassent la tension actuelle. C’est une question de sécurité nationale. Le Caire ne se détournera pas de cet accord de paix dans la mesure où il est rentable pour le pays. Israël ne veut pas non plus sacrifier une relation, certes tendue, mais la seule qui existe avec un État arabe de cette importance. Cela dit, les gouvernements des deux pays se servent de la tension actuelle à des fins de politique interne.

Le Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan est actuellement en visite dans la région. Quel est l’enjeu stratégique de cette visite aux lendemains de la rupture des relations de coopération avec Israël ?

Recep Tayip Erdogan est un homme politique et il agit en tant que tel. La Turquie est, sans soute, une puissance régionale en devenir. Et trois raisons motivent l’activisme turc. Premièrement, Ankara a été déçue par l’arrogance de Bruxelles quant à son adhésion à l’UE; il veut donc montrer que ses intérêts sont ailleurs et que la porte fermée de l’Union européenne ne la dissuade pas de jouer un rôle important dans les pays arabes. C’est un calcul purement politique et électoral. Deuxièmement, la Turquie veut saisir l’avènement du Printemps arabe pour se positionner en tant qu’acteur politique d’avenir. Et enfin, Erdogan est conscient que son succès est le résultat de son excellent bilan économique, il entend positionner de ce fait son pays comme un acteur économique principal dans le marché arabe.

« Erdogan entend positionner son pays comme un acteur économique principal dans le marché arabe ».

Quel rôle doit désormais jouer la Turquie en tant que puissance régionale dans les affaires du monde arabe ?

La Turquie a réussi son envol économique et elle aspire à une politique étrangère volontariste. Dans la phase de transition, c’est son parti politique AKP, qui séduit dans la mesure où il a réussi avec brio sa mutation d’un parti religieux à un parti politique. Cette domestication lui a conféré une importance politique majeure. Désormais, le modèle turc servira sans doute d’exemple dans la région.

Par rapport à l’initiative d’adhésion de la Palestine à l’ONU, Mahmoud Abbas a-t-il toutes les cartes en main ?

Oui, et non. c’est un geste qui a le mérite de ramener la question palestinienne sur le devant de la scène et rappeler à l’Occident ses obligations à l’égard des Palestiniens. La suite est une question de rapport de force qui est loin d’être en faveur des Palestiniens.

Quelle analyse faites-vous de l’hostilité des États-Unis à cette initiative alors que Barack Obama avait annoncé au début de son mandat qu’il était favorable à une solution sur le conflit israélo-palestinien ?

Le président Obama n’a plus la marge de manœuvre nécessaire.