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Culture et comportement organisationnel

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heure de l’économie de marché et de la libre entreprise, nombreux sont les pays, à l’instar de ceux post-communistes, qui vivent un événement historique dans lequel la culture et l'économie connaissent des changements radicaux. En Algérie, une rapide revue de l’histoire économique et politique depuis l’indépendance en 1962 nous rappelle un système politique basé sur un parti unique et un modèle économique centralement dirigé. L’Etat a été pendant plus de 30 ans le principal entrepreneur et employeur. Ce n’est qu’à la suite de multiples crises énergétiques - les hydrocarbures sont les principales sources de revenus - que l’Etat, en cessation de paiement en 1993, a autorisé l’émergence du secteur privé dans des conditions difficiles d’investissement. La mutation fût très rapide. La société algérienne est passée de la paysannerie traditionnelle au salariat socialiste de "l’industrie industrialisante", puis à l’économie de marché. C’est dans un contexte de transition économique inachevée que le secteur privé évolue aujourd’hui grâce principalement à la création d’entreprises par des jeunes. Cette transition bouleverse profondément la politique économique. L’entrepreneuriat, levier de la création de richesses et d’emplois, fait partie des stratégies de reconversion en Algérie. Celles-ci ne peuvent s’affranchir des dimensions culturelles affectant les comportements des entrepreneurs. Nombreux sont les chercheurs qui soulignent l’importance de l’influence culturelle sur les comportements économiques (Tsika, 1990 ; Kombou et Saporta, 2000). "Si nous devons retenir quelque chose de l’histoire du développement économique c'est que la culture fait toute la différence" écrit Landes (1998). Les entrepreneurs des pays émergents, avec leurs propres valeurs cultuelles, sont devenus aussi entreprenants que ceux des pays développés. Torrès (2000) montre que l’entrepreneuriat est un phénomène mondial qui revêt des formes différentes à travers les pays. Si l’on admet que la culture influence les entrepreneurs dans ce qu'ils sont, comment influence-t-elle ce qu’ils font ? Nombre de chercheurs pense que la culture, profondément ancrée, inconsciente et irrationnelle, conditionne les pensées et les actes des entrepreneurs tout au long du processus entrepreneurial. Depuis l’intention jusqu'au au développement des entreprises, la culture fait partie du système entrepreneurial et est au cœur de la dialogique individu/création. Ainsi, notre problématique s’interroge sur l’influence de la culture

5ème congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat - Sherbrooke - Canada - Octobre 2007

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Influences culturelles sur les comportements managériaux des entrepreneurs algériens Azzedine Tounés et Khalil Assala.

nationale, bâtie sur des valeurs différentes de celles encourageant l’esprit d’entreprise, sur des comportements managériaux des entrepreneurs. Pour tenter de répondre à cette interrogation, nous étudions 12 jeunes entrepreneurs algériens dans le secteur des services. Nous appuyons nos réflexions en nous référant au modèle de Hofstede (1980). Notre recherche se situe dans le prolongement des modèles des dimensions sociales et culturelles de l’entrepreneuriat. Nous nous focalisons sur l’étape postengagement du processus entrepreneurial. Nous organisons notre communication en trois parties. La première se consacre à la compréhension des composantes de la culture et ses influences sur les comportements managériaux. La deuxième partie présente le cadre empirique utilisé pour expliquer ces influences. Pour mettre en lumière ces dernières sur certains comportements managériaux dans le contexte algérien, la dernière partie décrit et analyse les résultats de l’étude exploratoire menée auprès de jeunes entrepreneurs activant dans le secteur des services.

1. Déclinaisons de la culture dans un contexte entrepreneurial Kroeber et Kluckhohn (1962) dénombrent plus de 150 définitions scientifiques du concept de culture. Historiens, anthropologues (Levi-Strauss, 1958), économistes et sociologues (Weber, 1934), psychologues (McClelland, 1961) l’étudient depuis longtemps. En sciences de gestion, de nombreux chercheurs se sont intéressés à ce concept (Hofstede, 1980 ; Bottger et al, 1985 ; Boyacigiller et Adler, 1991 ; Hampden-Turner et Trompenaars, 1997). La majorité d’entre eux s’accorde sur quatre caractéristiques principales de la culture : une construction historique, multidimensionnelle, durable et génératrice. Pour Kluckhohn et Strodtbeck (1961), la culture est constituée de "construits mentaux collectifs, partagées au sein d’un groupe ou d’une nation". Ces construits, qui influencent les organisations et les systèmes, se décomposent en cinq dimensions interagissant pour former le comportement1. S’inspirant des travaux d’Hofstede (1980, 1993), Hampton-Turner et

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Ces dimensions sont : orientation de la nature humaine (bon-bon et mauvais-mauvais), rapport à la nature (recherche de la maîtrise ou de l’harmonie), rapport au temps (passé-présent-futur), orientation de la nature humaine (être, faire ou devenir) , le type de relation aux autres (individualiste, égalitaire, hiérarchique). 5ème congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat - Sherbrooke - Canada - Octobre 2007 2

Influences culturelles sur les comportements managériaux des entrepreneurs algériens Azzedine Tounés et Khalil Assala.

Trompenaars (1994) proposent d’étudier la culture en utilisant différentes dimensions, similaires à celles précédemment citées2. La définition que nous adoptons dans le cadre de cette recherche est celle d’Hofstede (1980). Celui-ci désigne la culture comme un système de valeurs collectives. Ces dernières portées collectivement par les individus, en fonction de leur intensité (importance pour l’individu) et de leur direction (bonne ou mauvaise), vont déterminer les croyances et les comportements. Son étude peut s’appliquer à des collectivités humaines telles que l’entreprise, la profession ou la famille. L’auteur stipule que la culture est une "programmation collective de l’esprit humain qui permet de distinguer les membres d’une catégorie d’hommes par rapport à une autre". Le programme mental de Hofstede (1980) est très proche du concept d’habitus développé par Bourdieu (1963). Cette programmation mentale se décline à trois niveaux différents et non disjoints : universel, collectif et individuel. Le premier concerne toute l’humanité et renvoie au fonctionnement biologique de l’espèce. Le deuxième désigne un nombre réduit de personnes appartenant à des groupes plus ou moins homogènes les distinguant des autres groupes (régions, pays..). Le dernier niveau est propre à chaque individu. Sociologues et anthropologues débattent de la difficulté à déterminer l’indépendance de chacun des niveaux. S’agissant de notre problématique, nous considérons la culture à l’échelle nationale, le pays (culture nationale). Nous situons la culture au niveau collectif/national en intégrant de possibles interactions avec le niveau individuel (figure 1). Dans un contexte entrepreneurial, il est question donc d’étudier l’impact des différentes dimensions culturelles dominantes (niveau collectif/national) sur des comportements managériaux de jeunes créateurs d’entreprise (niveau individuel) algériens. Pour mieux appréhender cet impact, nous passons en revue les composantes de la culture, nous recherchons des influences culturelles sur l’entrepreneuriat et sur des comportements managériaux.

Niveau individuel Niveau collectif Niveau universel

Niveau d’analyse

Universalisme ou particularisme, esprit analytique ou intégrant, individualisme ou communautarisme/collectivisme, conservatisme ou ouverture, le rapport au temps (synchronisé ou linéaire), égalitarisme ou hiérarchie. 5ème congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat - Sherbrooke - Canada - Octobre 2007 3

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Influences culturelles sur les comportements managériaux des entrepreneurs algériens Azzedine Tounés et Khalil Assala.

Figure 1 - La programmation mentale des hommes (Bollinger et Hofstede, 1987) 1.1. Les composantes de la culture Smith (1992), Triandis (1994) et Sinha et al. (2002) considèrent la culture comme une construction historique. Ils identifient plusieurs groupes d’éléments la constituant. Liés principalement aux événements historiques se déroulant dans un espace géographique, ces groupes d’éléments produisent des espaces culturels particuliers. Dans une synthèse de la littérature, Singh et Parashar (2005) décrivent l’ensemble des composantes culturelles à travers cinq groupes d’antécédents (tableau 1). Les éléments les plus marquants de la culture sont représentés par les deux premières colonnes (l’histoire et la géographie) auxquels s’ajoutent des éléments contemporains tels que l’identité sociale, les paramètres économiques et les facteurs institutionnels.

Contexte historique Géographie Identité sociale Paramètres économiques Mythes. Mémoire collective. Territoire ou patrie historique. Colonisation. Ampleur des influences externes. Climat. Topographie. Langage. Religion. Instruction. Rapport de sexe.

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