Le Cabinet De Reflexionn

os, sombre, où règne le noir se passe la première réflexion à laquelle est soumis le profane. Dans ce lieu, ventre de la terre par analogie, le futur initié meurt et renaît. Le candidat à l'initiation est invité à se retourner sur lui-même et à faire abstraction de sa vie antérieure pour renaître à un nouveau futur.

L'objectif est d'isoler le récipiendaire de son entourage familier, de le séparer du monde profane, dépouillé des métaux pour se détacher des biens terrestres et de leurs effets . Sans nos métaux, nous sommes tous égaux. Durant cet isolement il est confronté à plusieurs facteurs ambiants : le silence, la solitude, l'immobilité, l'obscurité, et, parfois le froid.

Ces facteurs devraient favoriser sa confrontation avec lui-même car il se trouve brusquement dans un univers inconnu, qu'il peut percevoir comme hostile, le cabinet de réflexion anticipe et préfigure la mort physique et cette confrontation est généralement difficile pour le profane.

Ce lieu de méditation qui met en scène tout ce qui concerne la mort permet à chacun de faire une incursion dans sa tombe avant l'heure. Cette symbolique se retrouverait un peu partout dans l’histoire : bois sacré chez les africains, chapelle retirée pour les chevaliers, sarcophage chez les anciens égyptiens et cabinet de réflexion chez nous, les francs-maçons.

C'est pourquoi le cabinet de réflexion est censé être enfoui au sein de la terre, parfois ce cabinet est situé dans les caves, il symbolise une descente intérieure au centre de la terre. Le cabinet de réflexion, pour l'essentiel, est la forme moderne et adaptée à nos mœurs de la cabane antique.

Nous devons connaître les ténèbres avant de connaître la lumière, c’est un passage obligé et nécessaire qui sera complété par les trois autres épreuves, celle de l’air, de l’eau et du feu ce qui complétera le voyage initiatique.

Ce que le passage dans le cabinet de réflexion impose de vivre au postulant est le traitement de sa peur, par la stimulation de sa propre peur. La compagnie muette du crâne illustre le passé et son propre futur. C'était un homme, je serai ainsi.

Pour bien réfléchir, penser, il faut savoir s'abstraire du quotidien, savoir se retirer du monde, rentrer en soi-même sans se préoccuper de ce qui se passe à l'extérieur, c'est la rencontre du dedans qui ne doit pas se laisser distraire par le dehors. Aller dans le dedans ne veut pas dire quitter le monde, le monde vivant et turbulent. Aller librement dans le dedans, c'est aussi pouvoir revenir plus fort et plus sûr de soi dans le dehors. C'est parce que l'être se sent fort de ses bases, de sa solidité acquise par l'initiation, vécue et réitérée au fil des ans, qu'il vit le dehors dans une sérénité nouvelle.

Dans le cabinet de réflexion, le candidat doit répondre par écrit à des questions et rédiger son testament moral et philosophique. Le nombre et le libellé des questions ont varié selon les époques. Actuellement, ces questions concernent les devoirs de l'homme envers lui-même, envers l'univers et envers autrui.

On peut se poser la question : comment en effet prétendre sérieusement que les épreuves rituelles transforment réellement, immédiatement ou à terme, celui qui les subit ? Le cabinet de réflexion est un décor de théâtre. Il suggère ce qu'il ne peut être réellement. Ce petit cagibi, dans le meilleur des cas, ce coin de cave, décoré avec des figures symboliques est tout à fait dérisoire relativement aux prétentions affirmées par le rituel. Mais c'est justement là que réside sa signification essentielle. Fermer les yeux sur l'aspect dérisoire, procède d'une attitude "bigote" à l'égard du rituel. Ouvrir les yeux sur le "dérisoire" pour en pénétrer la signification, là est la voie de l'éveil. Ce n'est souvent pas simple. Cela implique une remise en question des réflexes mentaux acquis. Comment prendre au sérieux ce qui ne l'est pas en apparence. Et comment ne pas prendre au sérieux ce qui semble l'être ? Tant de gens ne parviennent pas à répondre à ces questions. Pourtant ces questions ne restent sans réponses que dans le contexte d'une sémantique déterminée. Changez le contexte, posez de nouveaux repères et elles ne se poseront même plus. Pour Platon, dans son allégorie de la caverne , il convient d’opposer les apparences à la réalité, ou encore, le monde sensible au monde des idées.

Près de 20 siècles après Platon, la même analyse est faite par Descartes dans les Méditations métaphysiques dans lesquelles il dit :

Il y a déjà quelques temps que je me suis aperçu que, dès mes premières